7000 logements vides à Dijon, près de 150 000 en Bourgogne Franche-Comté !



L’Insee vient de publier une étude qui montre que le nombre de logements vacants augmente considérablement en France, tout comme celui des maisons secondaires. C’est aussi le cas en Bourgogne Franche-Comté et à Dijon où 9,7% des logements sont vides : le plus grand taux de France ! Regards sur ces statistiques et leurs implications politiques.

La crise du logement, c’est pas pour tout le monde. Chaque année, 87 000 habitations en moyenne deviennent vacantes. Leur propriétaire n’y fait plus habiter personne. Au total, ce sont 2,8 millions d’appartements ou de maisons vides qui parsèment le territoire. C’est ce que montre l’étude de l’Insee parue mardi 26 juin.

Entre 2010 et 2015, le nombre de logements vacants a grimpé de 3,4 % chaque année. Le taux de vacance a atteint son plus haut niveau depuis 1982, et progresse à un rythme 6 fois plus rapide que dans les années 90. La part de logements inoccupés représente désormais environ 8% de la totalité du parc.

Le capitalisme contre le droit au logement

L’Insee explique cette augmentation des logements non habités par la hausse des prix de l’immobilier, l’importante part des logements en mauvais état mais aussi l’inadéquation de l’offre d’habitations, mal localisées ou trop chères, qui ne trouvent pas preneurs. Si le départ en maison de retraite des personnes âgées est aussi une cause avancée, on comprend bien que c’est avant tout le marché de l’immobilier qui est à l’origine de la situation. En bref, le capitalisme gagne contre le droit au logement.

Sur le sujet du logement comme dans bien des domaines, pour les riches tout va bien... Non seulement ils bénéficient de la hausse des prix de l’immobilier pour s’enrichir ou spéculer, mais ils contribuent aussi à créer des logement peu habités en investissant dans des maisons secondaires. En France, leur nombre a augmenté de 1,3% par an entre 2010 et 2015. L’Insee précise que « La France compte ainsi 3,3 millions de résidences secondaires ou occasionnelles, soit 9,5 % des logements en 2015. »

Les logements vides se multiplient dans toutes les zones géographiques

Si tous les territoires sont impactés, les grandes villes ne sont pas les plus touchées par la multiplication des logements inoccupés. Celle-ci est particulièrement forte dans les centres-villes des moyens et petits pôles urbains, dans les zones périurbaines et dans les communes isolées qui sont les plus touchées par cette vacance résidentielle. L’INSEE résume en expliquant que les territoires les plus touchés sont ceux qui « restent à l’écart de la croissance démographique, et cumulent vieillissement de la population et difficultés économiques. »

Néanmoins, en nombre absolu, c’est quand même dans le cœur des grands pôles urbains et dans leurs banlieues qu’on retrouve le plus de « nouveaux logements vacants » : ce sont chaque année respectivement 23 300 et 21 600 logements vides qui apparaissent dans ces zones géographiques. Comme le constate l’Insee, « entre 2010 et 2015, dans les villes-centres des grands pôles urbains, le parc de logements vacants augmente moins vite qu’ailleurs, mais le taux de vacance y est élevé (9,5 %) ».

À Dijon, 7,6% de logements inoccupés (2,5% de résidences secondaires), et près de 150 000 en région Bourgogne Franche-Comté !

À l’échelle régionale, les chiffres sont spectaculaires. Le taux de logements inoccupés est, ici aussi, en hausse et, surtout, bien plus élevé que la moyenne.

En 2015, la région comptait 1 545 795 logements. 7,6 % d’entre eux sont des résidences secondaires. 9,7 % sont inoccupés (contre 8 % à l’échelle nationale, le record de France !), soit pas moins de 149 000 habitations potentielles qui ne servent à personne !

6,7 % des logements de « Dijon Métropole » étaient vacants en 2015, taux largement diminué par la présence de Chevigny-Saint-Sauveur (2,4%), Ahuy (3,6%), Hauteville (3,5%), Daix (3,3%)... C’est dans la ville de Dijon que la proportion est l’une des plus fortes puisqu’elle atteint 7.6 %. Talant, Fontaine-lès-Dijon, Chenôve : aucune ne descend en dessous des 6%, atteignant jusqu’à 6,8% pour cette dernière. Et le très mauvais élève étant Flavignerot, qui culmine à 10,3% de vacance !

Nos édiles, toujours adeptes de bonnes places dans les classements, vont-ils se féliciter de la situation ?


Bien davantage de logements vides que de mal-logé·es

Comme vous pourrez certainement le lire régulièrement sur Dijoncter, des centaines de personnes dorment dans les rues de Dijon et de ses alentours.

D’autres sont forcées de cohabiter dans des squats surpeuplés ou naviguent de foyers en expulsions. La hausse des loyers en condamne aussi beaucoup à vivre dans des logements trop petits. Dans ce contexte, la quantité de maisons secondaires et le nombre croissant de logements vacants démontrent une fois de plus que la situation résulte non d’un déficit de place mais d’un choix politique indécent. Et la construction massive de quartiers qui n’ont d’écologiques que le nom n’y est pas étranger : quelle place ont les plus pauvres dans ces logements neufs aux prix faramineux (pour de piètres qualités qui se délabrent en peu de temps) ?

En 2015, la seule ville de Dijon était composée de 91 304 logements, parmi lesquels 2 280 résidences secondaires (2,5% des habitations). Si on y ajoute les 6 939 logements inoccupés que répertorie l’Insee, on peut donc estimer à 9 000 le nombre d’habitations où l’on pourrait vivre, en plein Dijon, sans nuire à personne (260 000 en Bourgogne Franche-Comté !)



Contre la loi du marché, la réquisition populaire des logements est plus que jamais légitime.


Squat partout !

P.-S.

Texte adapté de l’article « 2,8 millions de logements inoccupés en France : à Lyon, on choisit la réquisition ! » publié sur Rebellyon.info.

Pour les sources : INSEE, ici et


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