Après plusieures semaines à annoncer - comme pour le provoquer - un essoufflement du mouvement de grève des cheminots, la direction de la SNCF aura du mal à jouer sur ce registre en cette 18e journée de grève.
Les syndicats de cheminots (CGT-cheminots, Unsa-ferroviaire, SUD-rail et CFDT-cheminots) ont appelé ce lundi à une journée « sans trains et sans cheminots » et à voter pour ou contre la réforme ferroviaire. Leur pari de donner un nouveau souffle à la mobilisation semble réussit, puisque la participation à la grève est ce lundi de 27,58% selon la direction, contre 14,46% mercredi dernier. En Bourgogne-Franche-Comté la direction régionale annoncait dimanche que seul 1 TGV sur 3 et 1 Intercités sur 2 seraient en circulation. Pour les TER, seulement 1 train sur 7 sera assuré !
Quant à la consultation, baptisée « vot’action », elle s’ouvre ce lundi à 10H00 et prendra fin le 21 mai à 10H00, quelques jours avant l’examen de la réforme au Sénat. Chacun des 147 000 salariés en activité est invité à dire s’il est « pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement » qui reste inflexible sur trois points : l’ouverture à la concurrence, la fin de l’embauche au statut et la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics. Cette consultation n’aura évidemment aucune valeur juridique, mais les syndicats y voient une nouvelle modalité d’action pour entrer en contact avec les cheminots.
« Grèves, blocages, sabotages »
Les cheminots ont par ailleurs élargi leur répertoire d’action à des actions de sabotage depuis ce dimanche. Après les actions coups de poing dans les gares parisiennes la semaine dernière, notamment à l’initiative de SUD Rail, la direction de la SNCF a évoqué dimanche « des menaces d’exactions et blocages de gares ». Ce lundi elle annonce avoir porté plainte plainte après une cinquantaine « d’exactions » et « d’actes de malveillance ».
« Il y a eu une cinquantaine d’exactions de niveau variable ce matin (lundi). Ça va du passage à niveau en dérangement aux clefs du local perdu, et bien sûr la coupure d’alimentation électrique à Marseille et le sectionnement d’une caténaire en Normandie » expliquait un porte-parole à l’AFP.
« A chaque fois qu’il y a une exaction, il y a systématiquement un dépôt de plainte », a-t-il ajouté. « A chaque incident, on fait faire un constat d’huissier. On a d’ailleurs des huissiers pré-alertés, au cas où. »
Les deux principaux coups d’éclat nocturnes sont le sectionnement « très propre » d’un câble de soutien d’une caténaire à Gaillon (Eure) sur la ligne Paris-Rouen, et à Marseille la rupture d’une caténaire avant le départ du premier TER de la journée, qui a entraîné la coupure du courant dans toute la gare Saint-Charles. Dans la cité phocéenne, la reprise du traffic a ensuite été perturbée par l’envahissement des voies par la manifestation des cheminots et de leurs soutiens.
À Dijon, les cheminots ont effectué ce dimanche après-midi une opération péage gratuit à hauteur de la barrière de péage Dijon-Sud, à la sortie de l’A311. Les automobilistes, pour la plupart agréablement surpris par l’action, ont été nombreux à apporter leur soutien aux grévistes en participant à leur caisse de grève.
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