Les médiateurs de l’AGDM sont-ils des poucaves ?



Ces derniers jours l’Association Grand Dijon Médiateurs est au coeur d’une polémique depuis que ses employés ont réalisé que les fiches qu’ils rédigent atterissent dans les bureaux de la Préfecture.

Ces derniers jours l’Association Grand Dijon Médiateurs est au coeur d’une polémique depuis que ses employés ont réalisé que les fiches qu’ils rédigent atterissent dans les bureaux de la Préfecture.

Pour comprendre, remontons au 7 juin 2017, quand deux médiateurs de l’AGDM sont pris à partie au quartier de la Fontaine d’Ouche. Des personnes vers qui ils se dirigaient dans le cadre d’une de leurs veilles territoriales (des maraudes) leurs disent de partir au motif qu’ils seraient des « poucaves » (des balances). Les médiateurs veulent discuter mais on ne négocie pas avec des poucaves. Bilan : deux médiateurs à finissent à l’hopital, dont un dans le coma.
Le lendemain leurs collègues font jouer leur droit de retrait. Ils estiment qu’ils ne peuvent plus faire leur travail dans des conditions sûres. Ils décident de s’organiser : certains d’entre eux se syndiquent et des délégués du personnel (DP) sont élus.

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Ces délégués demandent des comptes à leurs responsables et cherchent notamment à savoir à quoi servent les renseignements qu’on leur demande de prendre via une application sur leur smartphone.
Leurs responsables noient le poisson en affirmant que ces « fiches » ne sortent pas de l’association, sauf bien sur dans des cas comme les femmes ou enfants battus, qui sont signalés à d’autres associations plus compétentes. Soit, mais alors à quoi servent les autres fiches se demandent les médiateurs.
Mystère et silence jusqu’à récemment.
Dans ces fiches, dont plusieurs exemplaires sont visibles sur le site dijon-actu, il est demandé aux médiateurs de détailler tous leurs faits et gestes, toutes les situations auxquelles ils se trouvent confrontés, ainsi que les noms des personnes concernées. Un exemple, particulièrement édifiant :
« On rencontre Mr X dans la rue, il vient discuter avec nous, nous dit qu’il habite maintenant chez sa soeur au numéro X de la rue X. Il nous dit qu’il ne respecte plus son controle judiciaire car il le juge trop lourd »
Ce n’est qu’un exemple, mais quoi qu’il en soit, les responsables de l’AGDM, Patrick Tite et Daniel Ferrari, auraient des rendez-vous tous les mois avec la mairie et la Préfecture. Ils se sont même vantés récemment d’avoir participé à faire tomber un réseau de traffic de stupéfiants.

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Les médiateurs sont pour la plupart des gens des quartiers. Ils sont éducateurs spécialisés, et quand ce n’est pas leur premier emploi ils n’ont travaillé que dans des associations de quartier dans un rôle de « grand frère ». Les DP (un homme et une femme) craignent donc que ce travail de fichage les mette en danger sur leurs lieux de travail, mais aussi là où ils vivent. Depuis quelques temps ils ne peuvent déjà plus se rendre aux Grésilles, et ce même quartier a vu fleurir des tags « médiateur=poucave ». Les DP lancent donc un appel à la grève. Les mots d’ordres choisis avec les autres salariés sont :

  • augmentation des salaires
  • plus de travail après 23h
  • retour aux fondamentaux de leur travail de médiateurs (plus de fichage)
  • changement rapide de la ligne de conduite du directeur, ou sa démission

Le lundi 19 février, une conférence de presse est organisée par les DP pour exposer le malaise de leurs collègues et lancer leur mouvement. Durant cette réunion, les fiches de la discorde ne sont pas évoquées : officiellement elles n’existent pas, et les DP craignent une plainte pour diffamation s’ils les mentionnent.

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Mercredi 21, en réaction à la mobilisation de leurs employés, les deux responsables de l’association organisent une réunion d’urgence où sont convoqués tous les médiateurs ...à l’exception des deux DP. Flairant le coup fourré, un des employés amène de quoi enregistrer secrètement la réunion (les enregistrements sont disponibles sur dijon-actu.com)
Première surprise : la vice-présidente de Dijon Métropole chargée du logement et de la politique de la ville, Colette Popard est présente aux côtés des responsables de l’AGDM. Se croyant à l’abri des oreilles trop curieuses, celle-ci et les deux responsables de l’AGDM vont chercher à savoir si les employés souhaitent suivre la grève. « François Rebsamen (maire de Dijon) veut savoir » précisent-ils. Ils demandent une réponse au plus vite, et mettent les employés au pied du mur en leur expliquant que c’est leur emploi qui est en jeu. Ils les accusent au passage de se laisser manipuler par « ce sauvage », « ce fils de pute de Fabien Bauduin », un des secrétaires de l’Union Départementale Solidaires 21. Enfin, lorsque les employés finissent par céder, ils les incitent très clairement à se dissocier de leurs DP et à prendre publiquement la parole dans le Bien Public.
En ce qui concerne le travail après 23h, la vice-présidente socialiste de Dijon Métropole leur expliquera qu’ils n’avaient qu’à mieux lire leur contrat de travail avant de la signer... Sans commentaires.

Un rassemblement pour dénoncer le comportement de la direction et soutenir les employés est appelé vendredi 2 à 15H30 devant l’AGDM (14 rue Jean Renoir)



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