On en rêvait, le quartier l’a fait, la Soleam l’a tué
Déjà plus d’un mois. Plus d’un mois que les camions de la Soleam, protégés par des lignes de CRS, ont débarqué sur la plus grande place de Marseille, la Plaine. Plus d’un mois, le 11 octobre dernier, que Gérard Chenoz (adjoint au maire et président de la Soleam) et ses amis bétonneurs tentent d’en finir avec la contestation d’un quartier, opposé à leur projet dit « de requalification ». Sans concertation, ce projet indigne, démesuré et ne répondant en rien aux priorités des habitant-e-s maintes fois exprimées, n’a jamais eu d’autre objectif que d’accélérer la gentrification du quartier... C’est-à-dire effacer les plus pauvres et laisser place aux populations aisées en faisant exploser le prix du mètre carré, remplacer ses commerces à bas prix par de grandes enseignes, et son marché populaire par des étals à touristes. Une véritable « montée en gamme » pour anéantir le « vivant ».
Gentrification partout ! Soleam Dégage !
La mairie a tablé sur la lassitude des uns et la résignation des autres... une stratégie d’abandon de la place et de l’usure des habitants. Elle a tant vanté les charmes du quartier exotique auprès des investisseurs et des touristes friqués, que dans les maquettes des promoteurs, les quadras branchés du Marseille connecté et apaisé annonçaient déjà le monde radieux. Et puis, plus rien. La contestation a révélé dans toute son horreur le visage municipal : brutal, violent, autoritaire et méprisant.
Plus d’un mois donc. De matraquages, d’arrestations, de procès, d’intimidations, et une volonté unique : faire table rase. Créer la sidération par la violence, avec ses rangées de CRS mobilisés à chaque journée d’opération. Empêcher tout retour en arrière par la coupe mortifère de 40 des 115 arbres de la place, la destruction des grilles et des espaces de vie, les blocs de béton et la fermeture complète des accès à la place. Sans aucune information pour les des habitant-e-s et commerçant-e-s.
Depuis un mois, pourtant, l’arrogance de l’élite politique marseillaise bute sur le quartier, son inventivité. La colère s’est ancrée : les palissades ont volé, d’autres ont brûlé, le mistral s’est mis à déplacé les blocs de béton, entre-temps recouverts de messages et de peintures aux couleurs du quartier. La créativité a repris ses droits : libéré de ses grillages, le cœur de la place s’est converti en espace de discussion et d’assemblée permanente, avec toujours plus de nouveaux venus, comme lors de la grande manifestation populaire du samedi 20 octobre. Réunissant plusieurs milliers de personnes, elle s’est conclue par la construction du Gourbi n°8, structure offerte par la Zad de Notre Dame des Landes, et détruite sous haute protection policière quelques jours plus tard.
Lire la suite sur MIA, site d’infos du Réseau Mutu pour Marseille et alentours.
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