Récit des 3 jours de marche à la frontière franco italienne



La rage ne s’arrête pas – Sur les trois jours du camping itinérant Passamontagna

Avec le Camping Itinérant Passamontagna, nous avons marché pendant trois jours sur les routes et les sentiers de ces montagnes frontalières. Nous les avons traversées en cortège, en fredonnant, en musique et en choeur. Nous nous sommes parlé·es et avons tenu des assemblées, des débats sur le dispositif frontières, sur le système d’accueil, la marchandisation et l’exploitation des flux migratoires par les États.

Nous avons traversé cette ligne imaginaire appelée frontière, pour réaffirmer que nous ne la reconnaissons pas. Nous n’avons demandé les papiers de personne. Contre tout système de division, de catégorisation et de sélection, contre le dispositif répressif qui commence dans les pays d’origine, que les États occidentaux colonisent et exploitent encore et toujours, dans les centres d’accueil, dans les centres de rétention, des rafles en ville jusqu’à arriver à ces frontières, faites d’uniformes, de gendarmes et de militaires. En passant par les villages de la Vallée de la Clarée, des interventions au micro, de la musique, des chœurs, quelques tags à terre, des affiches antifascistes collées.
Nous n’avons pas oublié les responsables des trois morts à la frontière du mois dernier, ni les délateurs de Génération Identitaire, qui s’amusent à dénoncer les migrant·es de passage. Nous n’avons pas non plus oublié le bras armé de cette frontière, les femmes et les hommes en uniforme qui poursuivent chaque jour les sans-papiers, consideré·es moins dignes qu’une quelconque marchandise qui circule chaque jour d’un côté à l’autre de la frontière.

Pendant ce temps là le gouvernement italien, avec son Ministre de l’Interieur tout de vert vêtu, s’amuse à politiquer sur le dos des éxilé·es, en fermant tous les ports et en bloquant les bateaux de celles et ceux qui fuient en cherchant une autre vie. Ce jeu politique nous dégoûte.
Au terme de ces trois jours, nous sommes TOUTES arrivé·es à Briançon. Les gouvernements et les puissants ferment les frontières. Nous, avec nos pratiques, nous les avons ouvertes et nous continuerons à le faire.

Ces trois jours sont passés. Et le dispositif aux frontières continue son opération-sélection, devenue meurtrière depuis longtemps. Une personne a été tabassée par la PAF (Police aux Frontières) l’autre nuit, après avoir été attrapée par la Police pendant qu’elle essayait d’arriver en France. Elle a été tabassée parce qu’elle ne voulait pas etre refoulée en Italie, ni signer les papiers de « refus d’entrée ». Ces dernières semaines, celles et ceux qui tentent de passer la frontière se retrouvent de plus en plus souvent menacé·es par les armes des gendarmes et des militaires, qui menacent de faire feu sur celles et ceux qui n’acceptent pas les intimidations. Dans les derniers jours, de nombreuses personnes mineures ont eté repoussées, malgré le fait que leurs lois préconisent le contraire. Hier, un jeune homme de 17 ans, gravement malade, a tenté deux fois d’arriver à la PAF pour se faire emmener à l’hôpital. Il voulait être pris en charge par le système français, après des mois de maladie non soignée dans les centres d’accueil italiens. Il avait du mal à tenir debout. Ils lui ont dit qu’ils l’emmèneraient tout de suite à l’hôpital. Au lieu de ça ils l’ont trompé, et lui on fait signer un papier dont il ne connaît pas le contenu, avant de le ramener en Italie.

Notre colère ne s’apaise pas, au contraire, elle augmente. La militarisation continue à tuer. Les néofascistes ne s’en sont pas encore allés. Nous ne laisserons pas ces vallées aux mains de la militarisation, qui continue à tuer, aux groupes fascistes qui continuent à tenter de s’insinuer dans ces territoires. Nous resterons sur ces montagnes, nous les traverserons et nous continuerons à lutter, afin que des frontières, ne restent que les débris.

Ici vous touverez le récit complet de la marche.
et pour plus d’infos sur ce qu’il se passe dans ces vallées



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