En juin 2025 à la bibliothèque des Tanneries



Ce mois-ci une sélection de livres sur le sabotage, un don des éditions du commun et bien d’autres nouveautés.

Prochaine permanence

Mercredi 25 juin
16h - 20h

Arpentage

Mercredi 25 juin
18h30 Internet ou le retour à la bougie
Ce mois-ci on arpente Internet ou le retour à la bougie de Hervé Krief. Vous pouvez venir mercredi 25 juin à 18h30 pour assister à la restitution et participer à la discussion qui suivra, mais aussi pour vous inscrire au prochain arpentage, dont la date reste à déterminer.


Dans l’actualité

Fin mai, une série de sabotages perturbaient l’inauguration du festival de Cannes. Un nouveau coup d’éclat après les sabotages de l’été dernier à la veille de l’inauguration des Jeux Olympiques.
Communiqué du sabotage contre des installations électriques sur la Côte d’Azur


Le sabotage

Emile Pouget
Pour les ouvriers dont le travail est exploité, « saboter », c’est enrayer la machine de production. Syndicaliste militant et cofondateur de la Confédération générale du travail, Emile Pouget (1860-1931), publie vers 1911-1912 un véritable manuel de résistance. Subversif, méthodique, il expose avec humour la théorie et la pratique du sabotage, du « vas-y-mollo » à la grève du zèle, en passant par toutes les manières de ruiner l’image d’un patron... Car saboter n’implique pas forcément détruire. Étymologiquement, c’est « travailler comme à coup de sabot », faire du mauvais travail. Si, comme on nous le dit, le travail est une marchandise, alors pour avoir du travail de qualité, il faut que les patrons y mettent le prix : « A mauvaise paye, mauvais travail ! ».


A couteaux tirés avec l’Existant, ses défenseurs et ses faux critiques

Mutines séditions
Nous pouvons ne rien faire, voilà la plus belle des raisons d’agir. Recueillons en nous la puissance de tous les actes dont nous sommes capables, et aucun maître ne pourra jamais nous enlever la possibilité du refus. Ce que nous sommes et ce que nous voulons commencent par un non. De là naissent les seules raisons de se lever le matin. De là naissent les seules raisons de partir armés à l’assaut d’un ordre qui nous étouffe.
D’un côté il y a l’existant, avec ses habitudes et ses certitudes. Et de certitudes, ce poison social, on en meurt.
D’un autre côté, il y a l’insurrection, l’inconnu qui surgit dans la vie de tous. Le possible début d’une pratique exagérée de la liberté.


Avis de tempêtes

Compilations des 24 premiers numéros d’Avis de tempête, bulletin anarchiste pour la guerre sociale, à retrouver en ligne sur https://avisdetempetes.noblogs.org/
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Nouveautés

Les irresponsables

Qui a porté Hitler au pouvoir ?
Johann Chapoutot
Gallimard

Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d’affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d’élites traditionnelles, perd tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50 % à moins de 10 % des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu’elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l’extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l’installer au sommet.
Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et Mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d’un libéralisme autoritaire imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable.


Ethnographie des mondes à venir

Philippe Descola
Alessandro Pignocchi
Seuil Anthropocène

Au cours d’une conversation très libre, Alessandro Pignocchi, auteur de BD écologiste, invite Philippe Descola, professeur au Collège de France, à refaire le monde.
Si l’on veut enrayer la catastrophe écologique en cours, il va falloir, nous dit-on, changer de fond en comble nos relations à la nature, aux milieux de vie ou encore aux vivants non-humains. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Dans quels projets de société cette nécessaire transformation peut-elle s’inscrire ? Et quels sont les leviers d’action pour la faire advenir ?
En puisant son inspiration dans les données anthropologiques, les luttes territoriales et les combats autochtones, ce livre esquisse la perspective d’une société hybride qui verrait s’articuler des structures étatiques et des territoires autonomes dans un foisonnement hétérogène de modes d’organisation sociale, de manières d’habiter et de cohabiter.
Des planches de BD, en contrepoint de ce dialogue vif, nous tendent un miroir drôlissime de notre société malade en convoquant un anthropologue jivaro, des mésanges punks ou des hommes politiques nomades et anthropophages en quête de métamorphoses.


Les mondes de l’esclavage

Une histoire comparée
Paulin Ismard (dir.)
Seuil

Cet ouvrage d’une ambition exceptionnelle présente sous une forme accessible à un large public une histoire inédite de l’esclavage depuis la Préhistoire jusqu’au présent. Il paraît vingt ans après le vote de la loi Taubira, alors que la prise de conscience du passé esclavagiste est chaque jour plus aiguisée au sein de la société française. L’histoire de l’esclavage, trop longtemps tenue pour une forme de passé subalterne, est ici replacée au coeur de l’histoire mondiale. Le livre renouvelle une approche comparée dans l’étude du phénomène esclavagiste, qui conduit le lecteur de l’Inde ancienne aux Antilles du xviiie siècle, de la Chine des Han jusqu’au Brésil colonial, de l’Egypte médiévale à l’Ouganda contemporain. Loin de banaliser la singularité monstrueuse de l’esclavage colonial issu de la traite transatlantique, la comparaison contribue à l’éclairer.
Ce livre fait donc le pari de la connaissance et de la réflexion, convaincu que le savoir historique offre des ressources critiques qui ont le pouvoir d’émanciper. Le parti pris du monde et la perspective comparatiste qui sont la sienne souhaitent enrichir les scènes et les figures depuis lesquelles relire notre histoire, mais aussi, espérons-le, tracer des chemins vers d’autres futurs possibles.


Après l’abolition

Les fantômes noirs de l’esclavage
Kris Nanjapra
Autrement

Suivant cette intuition forte, l’historien Kris Manjapra examine dans un essai important comment les esclaves africains ont été dépossédés par les mouvements mêmes qui étaient censés les libérer. Selon lui, en se préoccupant seulement de la question des abolitions et non de leur mise en oeuvre, les historiens ne racontent que la moitié de l’histoire.
Grâce à un travail de première main, l’auteur analyse les politiques établies en Europe et aux Amériques, qui dédommagent les planteurs plutôt que les affranchis ou, comme en Haïti, qui imposent le fardeau de la dette pour prix de la liberté.
L’historien insiste sur la façon dont les esclaves, loin de rester passifs, ont pris en main leur destinée et travaillé à leur propre libération. La question si sensible des réparations est au coeur de ce livre en quête de justice.


L’empire qui ne veut pas mourir

Une histoire de la Françafrique
T. Borrel, A. Boukari-Yabara, B. Collombat, T. Deltombe (dir)
Seuil

À Paris, on entend de toute part le même refrain : « La Françafrique est morte et enterrée ! » Pourtant, de Ouagadougou à Libreville, de Dakar à Yaoundé, de Bamako à Abidjan, la jeunesse se révolte contre ce qu’elle perçoit comme une mainmise française sur son destin.
Quinze ans après la Seconde Guerre mondiale, la France a officiellement octroyé l’indépendance à ses anciennes colonies africaines. Une liberté en trompe l’œil. En réalité, Paris a perpétué l’Empire français sous une autre forme : la Françafrique. Un système où se mêlent des mécanismes officiels, assumés, revendiqués (militaires, monétaires, diplomatiques, culturels...), et des logiques de l’ombre, officieuses, souvent criminelles. Un système érigé contre les intérêts des peuples, avec l’assentiment d’une partie des élites africaines et qui profite toujours aux autocrates africains « amis de la France ». Un système que tous les présidents français ont laissé prospérer, en dépit des promesses de « rupture ».
Exceptionnel par son ampleur, inédit par son contenu, cet ouvrage retrace cette histoire méconnue, depuis les origines coloniales de la Françafrique jusqu’à ses évolutions les plus récentes. Rédigées par des spécialistes reconnus – chercheurs, journalistes ou militants associatifs –, les contributions rassemblées dans ce livre montrent que le système françafricain, loin de se déliter, ne cesse de s’adapter pour perdurer.


Rwanda, assassins sans frontières

Enquête sur le régime Kagame
Michela Wrong

Michela Wrong détaille l’histoire de Patrick Karegeya, autrefois chef du renseignement extérieur du Rwanda, pour dresser le portrait d’une dictature africaine moderne créée à l’image effrayante de son président, Paul Kagame. Ce récit audacieux, plébiscité par les médias anglosaxons, tiré des témoignages directs de participants-clés, déchire le script officiel, selon lequel un groupe idéaliste de jeunes rebelles aurait renversé le régime génocidaire de Kigali, inaugurant une ère de paix, de prospérité et de stabilité, pour faire du Rwanda le pays chéri des bailleurs occidentaux.
Comme le révèle l’auteur dans les moindres détails, l’histoire du Rwanda a déraillé. Le groupe de rebelles a peut-être déclenché le génocide auquel il prétend avoir mis fin. Il a par ailleurs été repris par le plus impitoyable et le plus froid de tous, Paul Kagame, qui a érigé la vengeance en signature de son règne. Le nouveau maître du Rwanda poursuit ainsi ses anciens compagnons d’armes jusqu’au bout du monde pour les réduire au silence.
Michela Wrong examine les questions qui hantent le passé : pourquoi tant d’ex-rebelles contestent la version officielle relative à LA question essentielle – qui a tiré le missile tuant les présidents du Rwanda et du Burundi ? Pourquoi les massacres n’ont-ils pas pris fin lorsque les rebelles ont pris le contrôle du pays ? Pourquoi ces mêmes rebelles, même après que la victoire a été assurée, se sont-ils retournés si impitoyablement contre les Rwandais ?


OQTF, Les condamnés

Michel Touchestone
Publishroom

Quand Mamadou et Djibril arrivèrent chez Eva et Némo, leur sac poubelle à la main remplit de quelques affaires récupérées de ça et de là qui en disait long sur leur parcours, le couple était loin d’imaginer les murs qui allaient se dresser face à eux pour obtenir une régularisation de ces deux jeunes maliens. Dans un monde de fiction, ou pas, avec un style jouant entre le récit romancé et le témoignage, Michel Touchestone, nous fait plonger dans une France où être étranger, musulman en plus, fait de vous un paria qu’il faut au mieux réduire à la clandestinité au pire renvoyer à des lieux qu’il a cherché à fuir. C’est l’histoire d’une lutte pour deux jeunes Maliens et au-delà pour la régularisation des sans-papiers. Bien au delà de cette lutte, c’est une histoire qui nous amène sur les chemins de la colonisation, du traitement des migrant-es en France, du racisme, de la fascisation de nos sociétés, de la répression des militants et militantes des droits humains, des injustices. Michel Touchestone nous ouvre un ensemble de portes pour comprendre ces dérives dans ce pays qui se veut le phare des Droits Humains. Mais, c’est aussi une histoire de fraternité avec ceux et celles qui croient toujours en la simplicité de valeurs comme la solidarité et la fraternité. C’est enfin, dans cette lutte une histoire d’amour qui cimenta la force d’une famille d’accueil.


Pierre Kropotkine & l’économie par l’entraide

Renaud Garcia
Le passager clandestin

Tandis que le credo de la concurrence comme principe organisateur des sociétés humaines se cherchait des bases « scientifiques » dans la lecture de Darwin, le premier mérite de Pierre Kropotkine (1842-1921) fut, comme biologiste, de mettre en lumière le rôle fondamental de l’entraide dans la survie des espèces. Sur cette base, l’oeuvre politique du « prince des anarchistes » propose une véritable « écologie urbaine » à travers l’image d’un habitat décentralisé, fondé sur la coopération et sur un balancement harmonieux des activités humaines. En revenant aux analyses de Kropotkine, explique Renaud Garcia, on trouvera des arguments pour lier la réflexion sur nos besoins, sur ce qui compte dans nos rapports aux autres et à notre milieu de vie à des perspectives d’organisation économique et politique concrètes. Les précurseurs de la décroissance Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de Pierre Kropotkine à cette pensée est présenté ici par Renaud Garcia ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d extraits qui offrent un accès direct à son oeuvre.


Sortir de notre impuissance politique

Fayard
Geoffroy de Lagasnerie

Parce que, depuis plusieurs décennies maintenant, la gauche ne cesse de stagner, de régresser, voire de perdre l’ensemble des batailles, il est nécessaire de nous interroger sur nos stratégies, nos réflexes, nos manières de penser et de lutter : A quelles conditions la gauche pourrait-elle redevenir puissante politiquement ?


Force de vente

Dans la peau d’un conseiller financier
Damien Lelièvre
Le monde à l’envers

Comme tout le monde, Damien Lelièvre déteste les banques. Mais il est conseiller financier. Il nous offre une visite dans les coulisses des banques, entre techniques de vente manipulatrices, pression hiérarchique et ravages du numérique.


Les cours en visio me donnent envie de mourir

Marion Honnoré
Le monde à l’envers

« Les cours en visio me donnent envie de mourir, seulement personne ne veut me croire. Mon exagération supposée est perçue comme le signe de ma bonne santé mentale. On te connaît, Marion. C’est bien toi. Tu en fais toujours des caisses. Tu en rajoutes. [... ] Allez, ça va passer, arrête un peu ton char, c’est bon, c’est pas la mer à boire de faire des cours en visio, y a des pays qui sont en guerre ».
S’adapter, innover, télé-enseigner : Marion Honnoré, professeure de philosophie, nous raconte la « continuité pédagogique » en temps de Covid, quand la pandémie accélère la volonté de l’Education nationale de dématérialiser l’école.


L’écologie, révolutionnaire par nature

Nicolas Bonnani
Le monde à l’envers

Aujourd’hui, chacun se réclame de l’écologie. On la prétend « au-delà des clivages politiques », « ni de droite ni de gauche », et cela ouvre la voie à toutes les récupérations. Le capitalisme fait la promotion de la croissance verte : il est écologiste ! L’extrême droite défend un prétendu ordre naturel : elle est écologiste ! Prenant le contrepied de ces tartufferies, ce livre montre au contraire en quoi l’écologie politique, qui met au centre de ses valeurs l’autonomie et l’attention aux autres, est fondamentalement incompatible tant avec le capitalisme qu’avec l’autoritarisme. Nicolas Bonanni poursuit ici des réflexions entamées dans L’amour à trois et Que défaire ?, publiés aux mêmes éditions.


Éditions du commun

Ce mois-ci nous reçevons un don des éditions du commun, un grand merci à elles !

Les Éditions du commun est une maison d’édition coopérative rennaise. Nous publions des textes de critique sociale et politique diffusés en France, Belgique, Suisse et Québec. Nous sommes trois éditeur·ice·s coopérateur·ice·s et nous travaillons avec un réseau dense de personnes qui interviennent aux différentes étapes de la fabrication du livre : direction artistique, graphisme, communication, diffusion, etc.

Nous nous envisageons avant tout comme un collectif : notre ligne éditoriale, nos choix, notre fonctionnement est le fruit d’une élaboration collective continue. Nous pensons que le commun ne se décrète pas mais qu’il doit être constamment alimenté, renouvelé et, à ce titre, s’inscrire dans la défense du commun est autant un projet éditorial qu’une démarche.

Nous voulons que notre travail éditorial joue son rôle dans la transformation sociale en cours. Nous choisissons de publier des textes qui préfigurent en partie les mondes à venir, et de le faire avec une méthodologie qui se veut elle aussi préfiguration. Et nous ne sommes pas les seul·es : avec d’autres, nous avons choisi de ne plus vendre nos livres sur Amazon, autour de notre podcast ou lors de rencontres publiques, nous partageons nos expériences et mettons au pot commun les outils que nous développons pour nous extraire des logiques purement marchandes qui régissent aujourd’hui l’industrie du livre.

Nous sommes, à ce titre, parties prenante d’un plus vaste mouvement, qui cherche à mettre un terme au système de dominations imbriquées qui caractérise notre société. En d’autres termes, nous attendons de pied ferme la fin du capitalisme, et d’ici là, nous tâchons d’éditer les textes qui précipiteront sa chute, tout en soutenant les initiatives et structures éditoriales qui partagent ce projet.


Manifeste du tiers paysage

Gilles Clément
Éditions du commun

« Si l’on cesse de regarder le paysage comme l’objet d’une industrie on découvre subitement – est-ce un oubli du cartographe, une négligence du politique ? – une quantité d’espaces indécis, dépourvus de fonction sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n’appartient ni au territoire de l’ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges. »

Gilles Clément porte son regard sur les lisières, les marges de champs, les terrains en attente, les reliquats non exploités du paysage. En suivant point par point ce manifeste, le lecteur comprendra que le Tiers paysage relève d’une perception, d’une relation d’un certain type au vivant, à l’espace et aux institutions qui en prennent en charge l’aménagement. Ce texte invite à cultiver des espaces de « non-agir » à tous les niveaux de nos vies, à l’heure où les injonctions climatiques et économiques peuvent nous sembler contradictoires – urgence à agir d’un côté et visions effondristes de l’autre.

Paru il y a près de vingt ans, ce manifeste est aujourd’hui accompagné d’un état des lieux des mises en pratique de Tiers paysages donnant ainsi à voir le chemin parcouru depuis sa première édition. Il est introduit par Alexis Pernet, qui interroge le statut de ce texte hors norme et redessine le cheminement d’une pensée qui, assurément, a profondément marqué le paysage.


Joie militante

Construire des luttes en prise avec leurs mondes
Carla Bergman et Nick Montgomery
Éditions du commun

À quoi ressemble la joie dans les milieux de lutte ? Qu’est-ce qui nous rend collectivement et individuellement plus capables, plus puissant·e·s et pourquoi, parfois, les milieux radicaux produisent tout l’inverse et nous vident de tout désir ?

C’est à ces questions que Joie militante tente de répondre, combinant propositions théoriques, analyses de cas pratiques et entretiens avec des militant·e·s issu·e·s de luttes diverses : féminisme, libération Noire, résurgence Autochtone, squat, occupations, luttes queer, anti-carcérales, d’autonomie des jeunes, anarchisme, autonomisme, écologie radicale.

La joie, au sens spinoziste du terme, renvoie à notre capacité à affecter et être affecté·e·s, à prendre activement part à la transformation collective, à accepter d’en être bouleversé·e·s. La joie telle qu’elle nous est ici proposée est une façon d’habiter pleinement nos mondes, nos attachements, plutôt que de chercher à les diriger.

Ce livre, paru aux États-Unis en 2017, y est déjà devenu un incontournable pour penser différemment le militantisme et les luttes. Il s’agit maintenant d’ouvrir également ces discussions au contexte français.


Agir ici et maintenant

Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin
Floréal M. Romero
Éditions du commun

L’effondrement qui vient n’est pas seulement celui des humains et de leur milieu, mais bien celui du capitalisme par nature prédateur et sans limites. Historiquement désencastré du social et nourri par l’exploitation et la marchandisation des personnes, il étend désormais son emprise sur toute la planète et sur tous les domaines du vivant. C’est en se désengageant d’un constat fataliste et culpabilisant que nous retrouverons une puissance d’agir ici et maintenant. Quoi de mieux, pour cela, que de relire Murray Bookchin et d’appréhender toutes les expérimentations et pratiques qui se développent après lui, aujourd’hui, autour de nous ?

Floréal M. Romero dresse ici le portrait du fondateur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il retrace son histoire, son cheminement critique et politique. De l’Espagne au Rojava, en passant par le Chiapas, l’auteur propose, à partir d’exemples concrets, des manières d’élaborer la convergence des luttes et des alternatives pour faire germer un nouvel imaginaire comme puissance anonyme et collective.

Essai autant que manifeste, ce livre est une analyse personnelle et singulière de la pensée de Bookchin qui trouve une résonance bien au-delà de l’expérience de l’auteur. Il apporte des conseils pratiques pour sortir du capitalisme et ne pas se résigner face à l’effondrement qui vient.


Romans
Casse-Dalle

Jennifer Have
Les éditions du bout de la ville

La star déchue d’un show télé culinaire fait la tournée des supermarchés dans les Ardennes. Elle tombe sur une bande d’ouvriers et d’ouvrières au chômage qui occupent leur abattoir laissé à l’abandon. Le patron a disparu. Dans ce futur proche à peine dystopique, les aides sociales n’existent plus, manger de la viande est has been et les pauvres ont la grosse dalle. Une aventure collective hallucinée, un roman noir et jouissif : jusqu’où ira la vengeance sociale ?


Paisaje nacional

Millanes Rivas
Alianza editorial

En castillan
En El Álamo, un antiguo pueblo de colonización de los que el franquismo inventó para desarrollar su política agraria, se ha asentado un grupo de okupas. Allí se encuentra el narrador de esta novela cuando se le presenta una aparición. Esa aparición y su mensaje dan pie a un improbable road trip entre un joven y sus tres tías, La Mayor, La Mediana y La Lady Di, hacia el reencuentro de una familia fragmentada por la herencia, agitada por un nuevo testamento sentimental. Un viaje de vuelta al lugar del que se fueron sus antepasados para recuperar, como los arqueólogos en la tierra, la historia familiar.


Nouveautés pas récentes

Le parfum d’Irak, Feurat Alani, J’ai lu
Baudelaire, Jean-Paul Sartre, Gallimard
Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer, Le monde à l’envers
Terre de colère, Christos Chryssopoulos, La contre-allée
Lettre à un jeune poète, Virginia Woolf, Mille et une nuits
En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis, Seuil
Un hiver d’artifice, Anaïs Nin, Édition des femmes
Brouillard au pont de Tolbiac, Léo Malet, 10/18
L’argot des voleurs, E-F Vidocq, éditions Manucius
Parenté plurielle, anthropologie du placement familial, Anne Cadoret, L’Harmattan
Maltraitance, Contribution à une sociologie de l’intolérable, F. Schuiltheis, A. Frauenfelder, C. Delay, L’Harmattan
Les contructions de l’intolérable, Didier Fassin, Patrice Bourdelais (dir.), La Découverte
Comment naissent les techniques, La production sociale des techniques, Jacques Perrin, Publisud
Ennemis de l’État, Peter Brückner, Alfred Krozova, préface de Michel Foucault, La pensée sauvage
Boîte à outils d’éducation active, Collectif, Cemea Pays de la Loire, Éditions Cafard
Lesbiennes de l’immigration, Salima Amari, Éditions du Croquant
Le moment politique de l’homosexualité, Massimo Prearo, PUL


Un grand merci à tou·tes les donnateur·ices, et notamment aux Éditions du commun et à l’UCL.


P.-S.

Vous voulez faire de la place dans vos étagères ? Vous héritez de la bibliothèque de votre grand-tante anarchiste et vous avez déjà lu tous ses bouquins ? Vous avez une maison d’édition et le coeur sur la main ? N’hésitez pas à nous faire un don !
Nous contacter : bibliotheque-tanneries-request[arobase]lists.riseup[point]net


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