Les syndicats dénoncent les discours stigmatisants des épreuves de MEEF à l’Inspe de Dijon



Les épreuves du parcours MEEF véhiculent "une vision tronquée des missions de l’enseignant-e, érigé-e en gardien-ne du temple des « valeurs » républicaines, à l’affût du danger islamiste que représenterait potentiellement chaque élève prétendu-e musulmane ou étiqueté musulman."

  • Communiqué FO sur les sujets du Master 2 MEEF à l’INSPE de DIJON, et l’épreuve d’entretien

    Le Master 2 MEEF 2d degré de l’INSPE comporte une épreuve intitulée "Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques", censée préparer enseignants et CPE à leur métier aussi bien qu’à l’épreuve de l’entretien. Ajoutée en 2022 à l’oral des concours, cette épreuve est commune à toutes les disciplines du CAPES / CAPET, au concours CPE, et au CRPE. L’entretien prétend mesurer la motivation des candidats à enseigner, leur connaissance du système éducatif et leur adhésion aux « valeurs de la République ».
    L’un des sujets de l’INSPE a provoqué une vive émotion : il présentait une situation de conflit entre un enseignant et une élève au comportement frondeur. On devinait qu’elle était musulmane et présentait un risque de radicalisation. La situation fictive, brossée à gros traits stéréotypés, était donc de nature à renforcer l’amalgame trop fréquent entre une origine, une religion et un risque terroriste.
    La FNEC-FP-FO comprend cette émotion, et n’est hélas pas étonnée de cette situation : c’est une dérive inévitable de la politique de notre gouvernement et de ce qu’il prétend être la laïcité.
    D’abord, la conception de sujets en quelques lignes, sur d’éventuelles « situations délicates » dans l’Education nationale, ne peut pas conduire à autre chose qu’à utiliser des raccourcis, dont la simplification et l’accumulation renforcent l’artifice des cas étudiés et des solutions attendues.
    Ensuite, ce qui choque, c’est l’existence même d’une épreuve telle que l’entretien, qui réduit le poids de la maîtrise d’une discipline dans le recrutement des enseignants. La réforme du CAPES montre qu’on ne cherche plus la valeur d’émancipation critique des savoirs, mais qu’on s’assure de la conformité idéologique du futur enseignant, exécutant docile d’une politique ministérielle. Cela fait pièce avec d’autres aspects :

    • Les formations formatage, que le ministre multiplie, comportent, comme le sujet de l’INSPE, des mises en situation souvent artificielles et orientées, dans lesquelles la notion même de laïcité se trouve dévoyée à des fins politiques, dans la continuité de la loi sur le séparatisme.
    • la baisse des enseignements disciplinaires, au profit d’un saupoudrage d’heures consacrées à des objets d’étude qui ne s’enseignent pas en tant que tels (EMC, valeurs de la République). Comment en parler sans avoir l’air de porter des messages simplificateurs, vite déformables, perçus comme un discours imposé ? Cela ne peut qu’exposer ceux qui les professent à toutes sortes de crispations avec les élèves et leurs familles.

    La FNEC-FP-FO revendique : l’abandon de l’épreuve d’entretien, le maintien de concours disciplinaires et un allégement du service des stagiaires : un mi-temps maximum, du temps pour se former.
    La FNEC-FP-FO rappelle que pour garantir l’application du principe de Laïcité et de neutralité, il faut donner les fonds publics à la seule École publique. Il faut aussi renforcer l’école en rétablissant les heures d’instruction disciplinaire perdues, en allégeant les effectifs, et en créant les postes nécessaires pour cela.
    La FNEC-FP-FO reprend à son compte les propos du manifeste des instituteurs syndicalistes de 1905 : « Notre enseignement n’est pas un enseignement d’autorité. Ce n’est pas au nom du gouvernement, même républicain, ni même au nom du Peuple français que l’instituteur confère son enseignement : c’est au nom de la vérité. » C’est pourquoi la FNEC FP-FO rappelle l’attachement de tous les personnels à leurs garanties statutaires et aux libertés pédagogiques et universitaires sans lesquelles il est impossible de remplir les missions d’instruction de l’école publique.

  • Communiqué d’enseignants et personnels de l’éducation nationale réunis en collectif depuis les réformes du ministre Blanquer ainsi que les sections FSU, SUD et CGT du lycée Le Castel et le syndicat FERC-SUP

    Le mercredi 11 mai 2022, l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) de Dijon a proposé dans le cadre du master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation 2d degré (MEEF) une épreuve extrêmement préoccupante.

    En effet, l’épreuve écrite de deux heures et intitulée « Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques » du mercredi 11 mai de la session 2021/2022 présente une étude de cas dans laquelle les difficultés et le comportement violent d’une élève de 5e ,Leïla, sont liés à son appartenance culturelle et religieuse.
    Le sujet associe l’attitude problématique de la jeune fille à la criminalisation de l’usage d’une langue étrangère puis à son appartenance à une confession, et, enfin, présente des éléments relatifs à une radicalisation qui usent de confusion et d’amalgames violents.

    Alors que le référentiel du 1er juillet 2013 énumère les compétences professionnelles requises et maîtrisées par les futurs enseignants, au sujet de cet enseignement du MEEF, comme « se mobiliser et mobiliser les élèves contre les stéréotypes et les discriminations de tout ordre », « éviter toute forme de dévalorisation », l’épreuve, soumis aux étudiants-professeurs, véhicule des stéréotypes qui contreviennent aux fondements et à la nature même des métiers de l’enseignement.

    Nous enseignantes et enseignants et personnels d’éducation du primaire, secondaire et supérieur, réunies en collectif "Luttes dans l’Education Nationale à Dijon", et dans les sections syndicales FSU, Sud Education et CGT Educ’action du lycée Le Castel, alertées sur cette épreuve écrite qui devra sanctionner les compétences des futurs enseignants, interpellons l’Inspé pour suspendre l’évaluation de cette UE et nous éclairer sur le sens et la portée d’un tel examen.

Communiqué de la CGT Educ’action 21 et la Ferc Sup UB Bourgogne, soutenues par l’Union départementale CGT 21

Les étudiantes et étudiants inscrit-es dans les parcours MEEF [1] de l’Inspe de l’Académie de Dijon ont passé, ce mercredi, une épreuve portant sur « agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques ».
Dans cette étude de cas, une élève nommée Leïla a un comportement violent avec ses camarades de classe et pose de nombreux problèmes. S’il est compréhensible que ces études de cas tendent à une certaine généralisation des situations afin de faciliter leur étude par les étudiantes et étudiants, l’étude semble ne véhiculer qu’une somme de stéréotypes :
Parce que Leïla est une jeune avec de nombreuses difficultés de comportement et de culture arabo-musulmane, elle est issue d’une famille nombreuse, sa mère entretient une relation conflictuelle avec l’institution scolaire, son père est absent, son frère est absentéiste et la jeune en question est suspectée de radicalisation.
Rédiger un sujet comme celui-ci et de cette manière, avec autant d’amalgames, est au mieux une maladresse, au pire de l’ignorance. Le caractère sensible du sujet, le climat politique de notre pays ces dernières années, les discours de stigmatisation sont autant d’éléments que, justement, on ne peut ignorer lorsque l’on est concepteur-trice de sujets universitaires.
À partir de cette situation, les étudiantes et les étudiantes ont une vision tronquée des missions de l’enseignant-e, érigé-e en gardien-ne du temple des « valeurs » républicaines, à l’affût du danger islamiste que représenterait potentiellement chaque élève prétendu-e musulmane ou étiqueté musulman.
La CGT Educ’action 21 et la Ferc Sup UB Bourgogne soutiennent toutes les étudiantes, tous les étudiants qui auraient manifesté d’une quelconque façon leur opposition à ce sujet, elles les invitent à prendre contact avec elles dans les plus brefs délais.
La CGT Educ’action 21 et la Ferc Sup UB Bourgogne condamnent tous les discours stigmatisant et discriminants.

La CGT Educ’action 21 et la Ferc Sup UB Bourgogne,
soutenues par l’Union départementale 21


Notes

[1Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation

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