« Personne ne nous fera taire » - Récit de manifestation pour la PMA pour tou·te·s !



Le dimanche 31 janvier, à l’appel du Collectif 25 Novembre, une manifestation féministe pour la PMA pour tou·te·s s’est organisée à Dijon. D’abord attaqué·e·s par des militants identitaires en tout début de manif, les manifestant·e·s ont ensuite été suivi·e·s et gazé·e·s.

Le dimanche 31 janvier, à l’appel du Collectif 25 Novembre, une manifestation féministe s’est organisée à Dijon, en réaction à la présence de La Manif pour Tous, venue marcher contre le passage de la loi bioéthique au Sénat le 2 février.

La parole des meufs, des trans, des non-binaires est plus que légitime sur le sujet de la loi bioéthique et de l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules. Elles sont les premier·e·s concerné·e·s !

Ce dimanche, tout a pourtant concouru à les empêcher de parler et de prendre une place politique dans l’espace public.

Dès leur arrivée sur la place de la République, alors qu’iels commençaient à peine à se regrouper, une quinzaine de militants fascistes ont attaqué les militant·e·s féministes.

Leur objectif ? Récupérer le drap de tête, peint la veille, qui affichait fièrement le slogan « Mon corps, Mes choix, Nos luttes ».

Leurs yeux ont manifestement brûlé à la lecture de ce cri de vie pour la réappropriation de nos corps, illustrant nos solidarités d’opprimé·e·s. Ils ont sorti les poings et les pieds, tapant oeil / nez / joue sans distinction, crachant des insultes et repartant en une petite meute de virilo-fachos heurtés dans leur identité.

L’autonomie des victimes du patriarcat les hérisse, et leurs revendications les offensent. Épris d’un besoin ulcérant de domination et de contrôle sur nos corps, nos vies et nos familles, ils ont essayé de nous faire taire, de nous faire peur avec leurs poings et leurs insultes.

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Quelques minutes après l’attaque, on ne peut qu’admettre que leur stratégie ne fonctionne pas. Loin d’envisager une retraite, les manifestant·e·s rassemblent leurs troupes éparpillées, racontent à celleux qui viennent d’arriver, et se préparent déjà à accueillir la réponse policière à l’agression des fascistes. Plus d’une dizaine de camions de CRS encercle la place, et en descendent des dizaines de condés armés casqués, alors que les sirènes assourdissent l’espace sonore.

Nous n’avons pas l’intention de nous arrêter. Nous ne pouvons pas. Il s’agit de notre vie, de notre liberté, et de l’égalité avec les cis-hétéros. Jamais nous n’arrêterons, mais ça, il ne semble pas l’avoir compris. Après les fascistes, qui ont tenté de faire taire les manifestant·e·s en les agressant et en volant leur matériel, la police a aussi eu le beau rôle ce dimanche.

Arrivés en courant après que les identitaires aient attaqué le cortège féministe en formation, les flics étaient là en nombre pour, dix minutes seulement après l’attaque, pousser les victimes de l’agression et leurs soutiens de l’autre côté de la Place de la République. C’était très clair. République serait pour les fafs et la Manif pour Tous, pas pour les premier·e·s concerné·e·s !

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Prenant acte de la situation, le cortège féministe s’est regroupé pour décider de la suite de l’après-midi. Après avoir glissé aux oreilles de tou·te·s que le rendez-vous en cas de dispersion de la manifestation était donné à 15h sur la place François Rude, un cortège joyeusement furieux s’est lancé dans des rues inoccupées, pour crier les revendications que les fachos avaient tenté d’étouffer, et pour afficher les couleurs féministes et LBGTQIA+ sur tous les poteaux et gouttières sur notre route. Les colleur·euse·s de Dijon sont là, s’occupent de quelques murs. Pour un temps, ça en est fini des rues mornes et froides, dépolitisées et sans couleurs !

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Mais ça ne suffisait pas que les manifestant·e·s partent loin des flics et des fachos, dans des rues où il n’y a pas un chat, pas un commerce que les slogans puissent déranger. La police a suivi le cortège, l’a encerclé et gazé copieusement une, deux, trois fois. Plus besoin du moindre prétexte pour gazer militant·e·s, jeunes et moins jeunes, enfants, parents, sans scrupule. Un médic est là pour aider les personnes qui souffrent du gaz. Un conducteur crache ses poumons après que les flics aient balancé des lacrymos pile-poil sous son véhicule, rendant l’air dans l’habitacle irrespirable.

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Qu’à cela ne tienne. le mot de la dispersion est donné, rendez-vous en centre-ville, là où ils ne veulent justement pas qu’on aille. On retrouve les potes, on se demande si ça va, et si on est sur·e·s de vouloir poursuivre.

Beaucoup sont encore là au rendez-vous sur la place François Rude au milieu des touristes. N’en déplaise aux fachos et aux flics. Un texte a été lu, des slogans et revendications ont fusé, notre rage a été hurlée aux yeux et aux nez de tou-te-s. La rue était à nous.

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Il était évident que nous, féministes révolutionnaires, ne pouvions pas laisser la rue aux couleurs de ces discours fascistes. La rue est à nous !

Nous n’en restons pas moins très critiques vis-à-vis du projet de loi en passe d’être voté - n’en déplaise aux fachos - au Sénat.

Oui, parce que même après tant d’années de lutte et la belle communication d’un gouvernement qui s’affiche féministe et pour les droits LGBTQIA+, et bien le compte n’y est pas !

Aujourd’hui, 2021, le contenu de la loi « bioéthique » illustre de nouveau la transphobie de l’État français, qui a délibérément choisi d’exclure les personnes trans de l’accès à la PMA.

Si avec la loi les lesbiennes n’auront plus à adopter leur propre enfant, elles auront cependant une procédure d’établissement de la filiation différente de celle des couples cishétéros. L’Etat veut se garder le droit de savoir administrativement quel bébé est né d’une PMA avec deux mères !

La loi ne contient aucune mesure interdisant toute opération ou autre traitement médical sur les personnes intersexes. Les amendements ont été rejetés, au mépris de toutes les recommandations internationales.

Le compte n’y est pas.

Le vieux monde veut notre mort, nous tuant, nous violant, nous agressant chaque jour. Nous dénonçons ces inégalités et violences systémiques, amplifiées par la pandémie et les confinements, que les femmes, hommes trans et non-binaires subissent au quotidien et dans tous les domaines de leur vie. Nous exigeons un plan d’urgence pour notre santé pas pour les profits. Nous exigeons la démission de Darmanin, ministre du viol, dans ce gouvernement qui ne sait que compter ses sous, ayant même envisagé l’ouverture à la concurrence du numéro 3919, pendant que nous comptons nos victimes et nos mort·e·s.

Aujourd’hui nous prenons l’espace. La rue est à nos couleurs, elle vit de nos rages, de nos peines, de nos chants, de nos solidarités, DE NOTRE LUTTE. Nous continuerons à prendre tout l’espace qui nous est refusé et forcerons à la désolidarisation vis-à-vis de la Manif pour Tous, et du gouvernement néolibéral qui nous opprime.

La déferlante féministe continue.

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Crédit photo BLICKDELPUEBLO



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