Le silence face à la violence sexiste à l’Institut Agro Dijon



Nous, étudiantes de Institut Agro Dijon, souhaitons, par cet article, dénoncer l’impunité face au viol dans notre école, la protection des accusés par l’administration et la mise en danger des victimes au sein même des sites de l’école.
Cet article fait suite à différents évènements dont ceux de la remise des diplômes et du gala des diplômé·es.

L’association Les Robes Orange et Noir dément être à l’origine de cet article et souligne qu’aucune personne engagée dans l’association n’a pris part à sa rédaction.

Il y a deux ans a été créé aux sein de l’école d’ingénieur·es Institut Agro Dijon, une association féministe, Les Robes Orange et Noir. Elle est née de la volonté de certaines étudiantes de se défendre contre les violences misogynes qu’elles subissent de la part des étudiants ou du personnel.

Avant sa création, des rumeurs circulaient déjà dans l’école sur les comportements de certains hommes mais aucune parole ne s’est levée. Une sorte de loi du silence règne et protège les étudiants de toutes accusations. Dans cette soi-disant famille, aucune violence n’est imaginable, et si elle survient on la dissimule pour la préservation des membres et de l’unité. Mais, hasard ou non, depuis la création de l’association, le nombre de témoignages a explosé. Après chaque soirée étudiante, de nouveaux cas de VSS (violences sexistes et sexuelles) sont recueillis. En deux ans donc, au moins quatre viols et du harcèlement ont été déclarés à la police. Il faudra aussi prendre en compte les violences témoignées dont aucune plainte n’a fait suite.

Face à ces évènements, l’école a eu le bon réflexe d’éviter le scandale en utilisant les mesures conservatoires [1] qui permettent à le·a directeur·rice de protéger rapidement les victimes en prenant des mesures d’éloignement des accusés. A cela s’ajoute un article publié dans le Bien Public [2] en septembre 2022, dans lequel le directeur s’engage à financer des formations pour les membres de l’association afin de les intégrer à la cellule d’écoute. Cette promesse de façade n’a pas été tenue, le financement est à présent refusé aux étudiant·es et jugé inutile par l’administration qui se satisfait de la composition actuelle de la cellule d’écoute, constituée de membres de l’administration, formé·es ou non. Les membres des Robes Orange et Noir doivent désormais trouver les financements et les formations pour se former en toute autonomie. La sécurité des étudiant·es est visiblement loin des préoccupations de l’école.
La goutte d’eau qui nous pousse à publier cet article, sont les évènements du week-end du 11 février. Ce samedi-là s’est tenu au Palais des congrès le gala des diplomé·es. En entrant dans la salle, nous découvrons la présence d’un ancien étudiant accusé de viol par l’une des étudiantes (invitée en tant que diplômée). Toute l’équipe d’organisation du gala, constituée d’étudiants et étudiantes, ainsi que l’administration étaient au courant de la situation ; « nous allons le surveiller » disent-iels. Pourtant l’accusé a pu rester en toute impunité.

Parmi les multiples discours sur la « transition écologique » relevant davantage du greenwashing que d’un réel engagement, pas un mot sur les femmes, les ingénieures, les violences qu’elles subissent ni sur la place des agresseurs dans nos métiers. Pas un mot sur cet homme qui se tient debout au milieu de la salle, encensé par ses ami·es et innocenté par l’apathie de l’administration. L’association les Robes Orange et Noire n’a pas non plus été sollicitée pour un éventuel discours qui aurait pu éclairer les participant·es quant à la gestion des questions de VSS lors de l’évènement.
Quelle fut donc notre colère à l’arrivée dans la salle de gala de se retrouver face à face avec un homme poursuivi pour viol prêt à danser en toute impunité à nos côtés. Devant la surprise de la situation nous avons voulu prendre la parole et avons été censuré. Les étudiant·es responsables du gala ont jugé inutile la prise de parole sur le sujet et ont préféré prendre le parti d’assurer la tranquillité de la fête.

Comment se fait-il qu’on laisse dans la même pièce un potentiel agresseur et sa victime ? Quelle image donne-t-on aux femmes de la salle ? Le viol ne suffit pas, il faut ensuite censurer les victimes et leurs défenseur.euses et leur faire comprendre que leur souffrance n’est rien face à la belle image d’une école unie et d’une société solidaire des violeurs. Le gala était un évènement de l’école qui avait la responsabilité d’en faire un lieu où tous et toutes sont en sécurité.

Par cet article nous demandons à notre école d’honorer ses promesses faites à la presse et de donner l’accès aux membres des Robes Orange et Noire à des formations leur permettant de lutter et de réagir face aux VSS. Nous attendons de l’administration qu’elle fasse de notre école un espace sûr pour toustes.



Notes

[1Article R. 421-10-1 du Code de l’éducation

[2article du 15 septembre 2022 : Université de Bourgogne à Dijon, Burgundy School of Business : comment les écoles s’organisent face aux violences sexistes et sexuelles ?

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