Trumpisme à la française : le gouvernement organise des rafles racistes



La France de Macron pourrait-elle doubler les USA trumpistes sur leur droite ? De toute évidence, c’est déjà le cas. Article publié sur Contre Attaque.

Image : 2500 personnes empêchent une rafle dans le Parc Maximilien à Bruxelles

Aux États-Unis, une grande vague de révolte contre la police anti-immigration a lieu depuis deux semaines. Partie de Los Angeles, cette mobilisation appelant à abolir l’ICE – « Immigration and Customs Enforcement » – l’unité spécialisée dans l’arrestation et l’expulsion de migrants, s’est propagée dans tout le pays : émeutes, attaques de commissariats, manifestations de masse, graffitis, banderoles dans les stades, actions directes… Vue de France, tout le monde s’accorde à dire que la traque des sans-papiers organisée par Trump est inadmissible, et même certains médias mainstream n’hésitent pas à parler de « rafles » et de « dérive dictatoriale ».

Pourtant, il suffirait qu’ils regardent dans nos rues pour constater la même situation. Mais ces médias qui critiquent Trump font preuve d’une étonnante pudeur quand il s’agit du trumpisme des autorités françaises. L’extrême droite est bien au pouvoir en France : nous avons un ministre de l’Intérieur issu de la droite radicale vendéenne, imposé en dépit du résultat des élections qui ont vu la gauche arriver en tête, qui multiplie les annonces racistes telles que : « L’immigration n’est pas une chance », « À bas le voile » ou encore « L’État de droit n’est pas intangible ». Un ministre qui vient de décréter la dissolution du collectif antifasciste La Jeune Garde. Si Trump en faisait autant, le monde entier hurlerait au fascisme, à juste titre.

Désormais, Retailleau lance de grandes rafles, s’inspirant ouvertement de celle organisées ailleurs dans le monde. Depuis hier 18 juin, il a déployé plus de 4.000 membres des forces de l’ordre pour organiser des contrôles massifs dans les gares et les bus à la recherche de « clandestins » selon ses mots, empruntés au lexique de l’extrême droite, et prononcés à l’antenne d’Europe 1 et Cnews, médias de Bolloré.

À titre de comparaison, aux USA, l’ICE compte 20.000 agents. La France est 5 fois moins peuplée que les USA, le dispositif mis en place ce mercredi et ce jeudi est donc comparable en terme de volume. Pire, Retailleau a aussi déployé la force Sentinelle « pour interpeller des clandestins ». Donc des militaires avec des armes de guerre chargés d’une traque raciste. C’est encore plus grave que chez Trump.

Bruno Retailleau, en bon trumpiste, se vante : « Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47.000 », déshumanisant totalement les personnes sans-papiers, et ajoute : « Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France, de la façon la plus ferme et la plus définitive ».

Cette annonce raciste est faite le 18 juin, date symbolique de la résistance française contre le nazisme. C’est ce jour là que le ministre a choisi pour organiser une chasse aux étrangers dans les trains. Funèbre choix symbolique et sémantique. Plusieurs syndicats, notamment la CGT, Solidaires et FSU, dénoncent des opérations qui « s’apparentent à des rafles ». C’en est, littéralement.

Et elles s’accompagne d’une mise en scène abjecte. À Nantes par exemple, des contrôles au faciès industriels ont eu lieu dans le centre-ville. Et ces procédés racistes – et illégaux, en principe – sont revendiqués fièrement sur le compte Twitter officiel de la préfecture qui publie, photos à l’appui : « Opération nationale de lutte contre l’immigration irrégulière et clandestine dans les gares de #Nantes et Saint-Nazaire et en centre-ville de Nantes. Bilan : 55 effectifs engagés 9 étrangers en situation irrégulière interpellés ».

À Lyon, c’est dans le quartier de la Guillotière qu’une descente massive de police est en cours ce jeudi, comme dans de nombreux quartiers populaires et lieux de passage.

Pour fignoler son opération de com’, Bruno Retailleau est allé se faire filmer Gare du Nord à Paris, entouré d’un nombre colossal de policiers. Dans cette gare, des témoins parlent de contrôles systématiques des personnes racisées, certaines emmenées hors de la gare par la police, à l’écart des caméras. Pour dénoncer la venue du ministre, une manifestation y a été organisée, scandant « Ni rafle, ni centre de rétention ! Régularisation de tous les sans papiers ! » et perturbant les contrôles.

Un bon début, même si la mobilisation balbutiante reste timide comparée à la flambée contre le trumpisme outre-Atlantique, pour des motifs identiques.



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