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[Besançon] Manifestation des travailleur.es du sexe


Doubs

Pour la première fois en Franche-Comté, les travailleuses et travailleurs du sexe ont manifesté le 17 décembre dernier.

Samedi dernier à Besançon, un rassemblement était organisé contre les violences et les stigmatisations visant les travailleuses et travailleurs du sexe. Si cette journée internationale du 17 décembre existe depuis près de vingt ans, c’était une première en Franche-Comté. Une soixantaine de TDS et allié.e.s ont répondu à l’appel sous l’égide de PDA et du STRASS, venant avec parapluies rouges, pancartes, banderoles, bougies, textes… Devoir de mémoire pour les collègues tué.e.s, témoignages de concerné.e.s exposant leurs vécus, échanges avec les citoyen.ne.s, en furent quelques moments forts.

Les dispositions légales décriées.
Ivana – 2021, Xiao Hong – 2019, Inconnu.e. – 2017… sous un modeste petit arbre de la place Louis Pasteur en plein centre historique, plusieurs dizaines d’affichettes commémoratives sont disposées. Toutes listent des noms de disparu.e.s récentes en France, illustrant la gravité et les impératifs en matière de considération et de protection de cette population. Un hommage qui donne le ton de l’événement, où le solennel se mêle rapidement au revendicatif. Lors des premières prises de parole, le constat funèbre se double de réclamations auprès des pouvoirs publics.

« En France, le fait de se prostituer n’est pas illégal, mais plusieurs lois, à l’échelle nationale et locale, entravent notre activité et rendent nos conditions de travail pénibles, injustes et dangereuses. Dans l’esprit de la loi du 13 avril 2016, les TDS prostitué.e.s sont des victimes qu’il convient de protéger de la prostitution, considérée comme une violence en soi. Ces politiques abolitionnistes et même prohibitionnistes conduisent à la relégation de l’activité dans des zones isolées, à une baisse de revenus, à une exposition aux violences et aux contaminations » lance une oratrice.

Laquelle poursuit : « Il faut aussi évoquer le délit de proxénétisme, qui entend protéger les personnes qui se retrouvent dans des situations d’exploitation. Mais en réalité, la définition en vigueur recouvre aussi la simple aide ou assistance : distribuer des capotes hors du cadre associatif ou travailler à plusieurs par exemple pour assurer les arrières d’une collègue, peut être poursuivit et lourdement condamné. La notion de proxénétisme hôtelier, lui, nous empêche de travailler dans des lieux adaptés, et même de nous loger, en étant locataire ou d’accéder à la propriété. »

Une autre reprend, afin de conclure. « Nous exigeons la décriminalisation du travail du sexe, par l’abrogation de ces dispositions. Nous voulons également une lutte effective contre l’exploitation et le trafic d’êtres humains, sur tous les plans et pas uniquement l’exploitation sexuelle. Ainsi que la mise en place d’un accompagnement inconditionnel et ambitieux pour les personnes le désirant, incluant de réelles alternatives par rapport à l’actuel parcours de sortie : un vrai titre de séjour, un accès aux minimas sociaux, une allocation mensuelle moins ridicule que 343 euros. »

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Mépris, agressions, viols…
Les prises de parole s’enchaînent, afin d’évoquer les atteintes du quotidien « favorisées par les lois discriminantes et répressives, par l’invisibilisation, le stigmate, la silenciation, et toutes les violences systémiques qui s’entremêlent, tels que le racisme, la xénophobie, la misogynie, le classisme, les LGBT+phobies, etc. » Les exemples fusent : « Quand je travaille dehors, parfois les gens passent en voiture et me jettent des bouteilles en verre » ; « mon ex est allé dire à ma mère et à beaucoup de monde que je suis TDS, j’aurai préféré annoncer ça toute seule »

« Lorsque j’ai dit que j’étais TDS à la responsable d’une asso. où je débutais le bénévolat, j’ai reçu cette réponse : « Merci d’avoir eu l’honnêteté et le courage de parler de votre situation et de comprendre qu’elle n’est pas compatible avec la fonction d’écoutante [dans notre association]. J’ai averti la responsable du recrutement de votre désistement. » Je ne m’étais pas désistée. » « Un client violent la veille est venu revenu casser les rétro. de ma camionnette le lendemain ; mais je n’ose pas aller voir la police, car je n’ai pas de papiers et j’ai peur d’être expulsée. »

« Je vivais dans un appartement meublé, dont les propriétaires ont découvert que je me prostituais. Ils m’ont menacée pour que je signe une édit et quitte le logement au plus tard dans les deux semaines. Comme je refusais, le propriétaire est devenu agressif et m’a menacée de venir avec une dizaine d’hommes pour m’expulser par la force. J’ai fini par céder. Le jour de la remise des clés m’a été particulièrement violente, j’étais accompagnée de deux collègues. Le proprio. a dit, entre autres, qu’il devrait changer le lit parce « qu’une prostituée était passée là ». »

« Quand mon petit-ami de l’époque a appris que je me prostituais, il a commencé à me rabaisser, à me demander comment j’avais pu tomber aussi bien bas. Un soir, j’ai refusé ses avances. Il a alors mis de l’argent sur la table, tout en me disant : « ben voilà, t’es une pute maintenant, donc tu dois accepter ». Mais refusant ses demandes, il n’a pas hésité à m’empoigner et m’allonger sur le sol de tout son poids. Il m’a étranglée et m’a violée. J’étais sidérée. Il m’a fait comprendre à ce moment là que, parce que j’étais une pute, j’étais donc violable. »



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