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Castagne-air, vols low coast pour la Géorgie !



Gvantsa finit ses vacances à Metz en centre de rétention car elle est géorgienne et que la France a décidé de mettre un terme aux flux migratoires en provenance de Géorgie. Le préfet de Côte d’Or fait du zèle comme d’habitude.

En l’espace de deux jours Gvantsa jeune géorgienne de 19 ans scolarisée au lycée Hippolyte Fontaine aura découvert Metz et Roissy Charles de Gaulle. Et ce grâce aux services de la préfecture de Dijon qui ont une vision très particulière du tourisme.
Qu’on en juge un peu.
Samedi matin comme chaque jour de cet été, Gvantsa se rend place Suquet pour signer son assignation à résidence. Depuis que Christophe Castaner a décrété que l’immigration géorgienne était une « anomalie » qu’il fallait « corriger », Gvantsa vit un enfer. Que son père, son frère aient des papiers, que sa mère ait disparu ou que la jeune femme ait sa vie à Dijon avec Clovis son compagnon, de cela la préfecture n’a que faire. En bon chien truffier, elle cherche le géorgien, le débusque, construit des argumentaires spécieux, dignes de ceux de la Loubianka et fait du chiffre. Quand elle reçoit des délégations, c’est pour les assommer à coup de propos lénifiants sur la nécessaire régulation des flux migratoires. Le directeur de cabinet ou le secrétaire général ou le sous-préfet a les dents blanches, présente bien et connaît l’accord du subjonctif imparfait. Pour le reste, il ne semble animé d’aucun sentiment humain et a la grâce d’un métronome.
Donc, samedi, Gvantsa franchit le seuil du commissariat et on lui signifie alors qu’elle est envoyée au centre de rétention de Metz. Elle n’a aucune valise (évidemment, elle n’avait pas prévu de rester), juste son sac à main et dedans un exemplaire d’Hernani de Hugo, oeuvre au programme de la terminale L.
En l’espace de quelques heures, elle change de statut. De jeune dijonnaise qui prépare sa rentrée, la voilà devenue « géorgienne nuisible » qu’il convient d’éradiquer. Au lieu de participer au redressement économique de son « pays d’origine » elle préfère se la couler douce dans sa famille et auprès de son mec. Heureusement Castaner veille et dit-il préfère protéger le syrien ou l’érythréen. Si, si, je vous assure, il l’a dit sans qu’un muscle de son visage ne trahisse le mensonge. On se croirait dans un sketch de Fernand Raynaud : ces géorgiens qui viennent bouffer le pain de nos syriens.
Le pire est à venir puisque dimanche, jour du saigneur, Gvantsa a fait un tour à Roissy et a même aperçu son avion par la vitre de l’aérogare Las, un coup pour rien. La gourgandine, sûrement conseillée par des associations scélérates, refuse de monter dans l’engin. Retour à Metz où un argousin pour la punir lui confisque son exemplaire d’Hernani. Un policier averti sait reconnaître le danger quand il se présente. Pensez donc, Hugo a fini en exil à Guenesey pour avoir trop chatouillé la moustache gominée de Napoléon le Petit, 3e du nom.
Gvantsa est revenue à Metz et elle attend. Si j’utilise l’ironie ou si j’use d’un ton badin, c’est pour mieux dissimuler mon incommensurable embarras, ma tristesse, ma rage. J’ose à peine imaginer ce que ressent Gvantsa, perdue dans un centre de rétention ( de détention ?), au milieu de toutes sortes de gens qu’elle ne connaît pas et qui parfois lui font peur. Elle ne dit pas « flic », elle dit « policier ». Elle ajoute, à voix basse, comme prise en faute « certains sont méchants, pas tous ». Une de ses enseignantes lui a conseillé de prendre des notes. On lui a confisqué son téléphone, celui qui prenait des photos. On n’est jamais trop prudent. L’entre-soi permet de grandes choses, stimule l’imagination. Pas de photo ici car on ne recherche ni la publicité ni la célébrité.
Inutile de conclure par une enfilade de phrases qui se mordent la queue, sur la France pays des droits de l’homme ou des Lumières ou que sais-je encore. Cela n’est plus cas depuis longtemps. La France, depuis trois mandatures, mène une politique abjecte en matière d’immigration. Oui bien sûr, Macron décroche le pompon mais ses prédécesseurs avait déjà graissé les engrenages du manège.
J’ai le sentiment que si la préfecture de Dijon parvient à ses fins, renvoyer une jeune femme de 19 ans dans un pays qu’elle ne connaît plus vraiment, nous, français, dijonnais, de nulle part et de partout, nous aurons perdu une bataille. Gvantsa dans un avion, c’est l’impossibilité pour nous de croire encore que nous pouvons négocier avec un pouvoir qui cache de moins en moins son vrai visage, celui de Dorian Gray à la fin du roman de Wilde. Un masque de pourriture. Plus moyen de se payer de mots.
Gvantsa doit rester. Si elle part menottée vers un ailleurs qu’elle refuse, qui n’a aucun sens, criminalisée par un pouvoir de notables néo libéraux extrémistes, nous perdrons à coup sûr, un morceau d’âme. Oui, d’âme...

Rendez-vous devant la préfecture de Dijon jeudi à 17h. Exigeons que le préfet descende parmi nous et ne baisse pas les yeux quand il claironnera « mais la loi est faite pour être respectée, nul n’est censé l’ignorer ».
#free Gvantsa !



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