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Les poubelles portent plainte !



Elles souffrent et vivent dans la peur. Les vitrines et les murs, odieusement défigurés par des inscriptions subversives, comptent aussi se porter partie civile.

Personne ne songe au samedi 14 après le vendredi 13. De même, qui songe au jeudi 16 après le mercredi 15 ?
La question du jeudi 16 après le mercredi 15 est pourtant cruciale et les édiles locaux, maire et préfet, le découvrent à leurs dépens ce qui en dit long sur leurs capacités d’anticipation et leur compréhension du mouvement social.
Et les voilà donc qui publient à tour de rôle dans la Pravda dijonnaise des communiqués pour annoncer qu’ils vont « porter plainte ».
Contre qui exactement ?
Et pourquoi ?
Le préfet parce que des « syndicalistes » qui pourtant jusque là avaient été aussi gentils que des enfants de chœur dans une église, ont brûlé des mannequins à l’effigie de Macron, Borne et Dussopt.
Dormait-il pendant les cours d’histoire au lycée pour ignorer que depuis l’époque médiévale, en France, on pend, brûle et découpe en morceaux des représentations du pouvoir ? A-t-il jamais vu ces gravures de la Révolution française où le peuple fait la peau au roi ? Le préfet devrait, au contraire, éprouver de la reconnaissance pour les manifestant-e-s qui, par souci d’humanité, s’en prennent à des poupées de chiffon plutôt qu’aux corps vivants du président et de ses ministres. Son dépôt de plainte inquiète tant il révèle une volonté vindicative de censurer toute expression populaire et de jouer les chiens de garde à n’importe quel prix. Si le ridicule tuait, il serait mort sur le coup.
On peut, en outre, regretter que ce préfet qui pleurniche sur des marionnettes incendiées, n’hésite pas en revanche, à persécuter une famille albanaise composée de deux parents aveugles et d’un petit garçon terrorisé. Au moment du rassemblement place de la République contre l’usage du 49.3, s’en tenait un plus modeste, à la sortie d’un collège, pour défendre Rizart et sa famille, une fois de plus menacée par une OQTF, un an après avoir obtenu de haute lutte, un titre de séjour. Le préfet s’en tire bien. Il n’a de compte à rendre à personne y compris à sa conscience.
Le maire, quant à lui, a de la compassion pour les poubelles et pour la grille de son palais, odieusement attaquées par des séditieux de noir vêtu. Son adjointe et dauphine (la dame qui a doté la police municipale « d’armes létales » sic) déplore l’usage de la violence, contraire aux usages de la démocratie. Dans une démocratie responsable, on sait qu’un article de loi pue moins qu’une poubelle en plastique cramée. C’est pour cela que l’on porte plainte contre les poubelles mais pas contre les articles de loi. Une petite claque aux mauvaises odeurs et hop, la démocratie est sauvée. De même, un bon détergent fait disparaître toutes les phrases en rouge et noir dans les rues qui rappellent qu’un corps social vivant écrit sur les murs et ce, depuis très longtemps (Olympe de Gouges, pour ne citer qu’elle, était une adepte des affiches « Vous esclaves des préjugés de l’ancien régime, valets gagés de la cour, républicains de quatre jours, il vous sied bien d’inculper une femme née avec un grand caractère... »). On en fait même des beaux livres, publiés aux éditions de la Martinière.

On ne revient pas sur les motifs de la manifestation qualifiée de « sauvage » par des animaux domestiques car, à moins d’être parti dans l’espace avec Elon Musk depuis janvier, chacun connaît désormais la trinité constitutionnelle, 47.1, 44.3 et 49.3 qui a mis le feu aux poudres et aux mannequins. De même est-il besoin de s’offusquer de la déclaration d’Elisabeth Borne à la tribune de l’assemblée hier qui, forte d’une mauvaise foi démoniaque, déclare que le parlement pourra voter la censure et que donc, il aura le dernier mot. Si la censure n’est pas votée car elle a peu de chance de l’être, cela signifie donc que les députés approuvent la réforme des retraites. En plus d’être première ministre, Borne est la reine incontestée du syllogisme. On en reste baba et elle parvient encore à surprendre. Chapeau bas, Madame, même si la prestation ne rend pas service aux féministes de ce pays. On va bientôt reparler d’Édith Cresson et le cycle des premiers ministres hommes sera reparti pour trois siècles. La cinquième république est bonne fille car sa réserve de vieilles badernes à double menton est assez inépuisable.

On est en colère. Un ami bouddhiste m’a toutefois expliqué les vertus du détachement, de la compassion et du calme. Il n’a pas tort.
Ne nous gâchons donc pas la santé et continuons de manifester avec joie, sérénité et poubelles. Siddhartha Gautama avec nous !

Et surtout Mr le Préfet ne portez pas plainte contre lui, il y a prescription. Le maire pourra vous le confirmer...



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