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Vous en rêviez, Sarko l’a fait...



Une petite histoire du fichage ADN en France.

Imaginez : vous roulez tranquillou dans votre petite voiture, vous rentrez chez vous, après une journée de boulot, ou après une petite soirée entre potes... Soudain, sur le bord de la route, des mecs bizarres habillés pareil dans un uniforme bleu vous font signe de vous arrêter : contrôle routier, vos papiers s’il vous plaît. Déjà, ça vous fait chier : d’abord de croiser ces mecs armés qui ont tous les droits sur vous et notamment celui de vous arrêter comme ça, pour rien, parce que votre voiture est pourrie, parce que vous avez la peau un peu trop mate, ou que vous portez des dreads locks... ensuite parce qu’ils vont vous retenir en faisant les cow-boys, alors que vous avez sûrement mieux à faire. Et puis arrive l’imprévu dans ce plan qui pourtant se déroulait sans accroc : les flics décident que vous avez fumé du shit, et pour le prouver tous les moyens sont mis en oeuvre : fouille de la voiture, garde à vue, fouille complète au corps (si vous ne vous êtes encore jamais retrouvé·e·s à poil devant un flic, vous savez pas exactement de quoi je veux parler).

Mais il se trouve que vous n’avez rien sur vous, et d’ailleurs vous n’avez peut-être même pas « consommé de stupéfiants ». Mais c’est pas grave, la machine est emballée et il faut aller jusqu’au bout, alors les condés décident de vous réclamer un prélèvement d’ADN. Que vous refusez. C’est ce qui est arrivé à Camille, en octobre, à Mâcon. Pourquoi, comment les flics peuvent-ils en arriver à exiger un prélèvement d’ADN dans de telles conditions ? Un petit historique est ici nécessaire...

Le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG) a été mis en place en 2001 par la Loi sur la Sécurité Quotidienne (LSQ) du gouvernement socialiste pour venir « compléter » les bases de données (trop nombreuses) déjà existantes : le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (qui compte alors 1,6 million de personnes), le Système de Traitement des Infractions Constatées (STIC) qui recense toutes les données relatives à une procédure judiciaire et concerne les personnes considérées comme coupables, les inculpé-e-s et les victimes (autrement dit, ça fait du monde !). Au départ destiné à prévenir les récidives en matière de « violences sexuelles » par un fichage systématique de tous les condamné·e·s qui sont dès lors marqué·e·s à vie (ou presque, le fichage étant conservé 40 ans) comme délinquant·e·s sexuel·le·s, la loi Perben II élargit en 2001 ce fichage aux crimes, actes de barbarie et terrorisme, ce qui fait déjà beaucoup plus de personnes concernées.

Mais c’était sans compter avec les ambitions de Sarkozy qui, avec sa Loi sur la Sécurité Intérieure du 18 mars 2003, ouvre encore la porte au fichage génétique en l’appliquant désormais à la presque totalité des crimes et délits d’atteinte aux personnes et aux biens, c’est-à-dire 137 cas d’infractions allant du tag au fauchage d’OGM en passant par la présomption de prise de stupéfiants, le vol ou la dégradation de biens publics ou privés. Mais, les choses étant bien faites, cela ne concerne par contre ni les délits financiers ni les délits d’influences. Et puisqu’illes ont pensé à tout et que les salauds et salopes de magistrats gauchos (c’est bien connu que dans notre beau pays, les juges sont bien trop souvent des gauchistes laxistes...) pourraient s’opposer à réclamer le fichage, les condés ont le pouvoir de décider le prélèvement. « Mais où vont-illes chercher tout ça ? », me direz-vous. Pas bien loin, au Royaume-Uni, où le fichage ADN systématique existe depuis 1995 et comptait deux millions de personnes recensées en 2002. Un vrai modèle de société idéale, avec ses dizaines de milliers de caméras de surveillance, ses prisons pour enfants, un contrôle social parfait ! Un des objectifs de Sarkozy était de parvenir en 2004 à 400 000 entrées dans le fichier et, puisqu’il faut bien se donner les moyens de ses ambitions, l’élargissement du cadre du FNAEG n’était pas surprenant. Mais c’était encore insuffisant, et à l’automne 2002, le ministère de l’intérieur lance une véritable rafle génétique en effectuant un prélèvement de salive auprès de 1 300 détenu·e·s incarcéré·e·s dans plusieurs prisons. Et des cas de prélèvements forcément abusifs, il y en a bien d’autres, comme ces faucheurs d’OGM à Alès, à Orléans, ou ce syndicaliste marseillais qui avait été en son temps leader du mouvement des chômeurs... Mais, me direz-vous encore, c’est pas irréversible ces choses-là, le fichage et tout, on vit dans une société de droit où les gens sont protégés par des lois... tous ces gens-là illes ont bien des recours possibles. Et ben non. Non seulement le prélèvement peut être décidé arbitrairement par un flic lors d’une garde à vue, mais il est obligatoire, et refuser de s’y soumettre est puni d’un an de prison et de 15 000 € d’amende, 2 ans et 30 000 € pour les condamné·e·s (autant dire que les 1 300 prisonnier·e·s concerné·e·s par la rafle de l’automne 2002 avaient peu de moyens de résister, à part d’accepter une peine supplémentaire).

Alors ? Alors les fichages se multiplient, de racailles à casquette, de syndicalistes, de militants, de faucheurs d’OGM, de teuffeur·euse·s, autant de personnes dangereuses pour notre société en péril. Et Camille ? Bien que n’étant poursuivie pour rien d‘autre que le refus de prélèvement ADN, elle était convoquée au tribunal le 13 décembre 2006. Son procès a été reporté au 21 mars 2007 à 14h00, au tribunal de Mâcon.



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