Février 2018



Au sommaire de ce numéro : Fresque zapatiste / Cacapipitalisme / Peut-on être violent ?

La Chronique Mistoufle au mur reprend des articles qui sont paru dans un journal mural dijonnais du même nom. Le journal relaie une information et une expression libertaire chaque mois, sur les murs de la ville.


A l’occasion du Cycle « Mexique en lutte » organisé par le Quartier Libre des Lentillères et Les Tanneries II, cette fresque a été réalisée à Dijon.

Peu avant l’arrivée de l’hiver, une fresque aux chaudes couleurs collectives a été peinte sur un mur à
l’entrée du Quartier Libre des Lentillères. Dans les 7 hectares occupées par les habitant.e.s et défendues par des personnes et des mouvements solidaires, il existe un travail concret dans la construction d’alternatives à la société capitaliste : vie collective, maraîchage, solidarité avec les personnes migrantes, écologie, féminismes, et un sens du partage extraordinaire. Leur projet politique - en pleine ville, contre l’urbanisme dévastateur - est l’une des fissures au système qu’il faut continuer d’entretenir, d’ouvrir et de disséminer en France, dans l’Autre Europe et dans le monde.
« Aux Lentillères, el florecimiento de los pueblos » est la phrase qu’on peut lire sur cette fresque d’environ 8x3m réalisée à la bombe de peinture et au pinceau. Elle représente le tissage des résistances d’ici et d’ailleurs.

On observe des détails sur la cosmogonie maya :

le Ciel, la Lune, le Soleil, la Terre, la pluie, un ceiba, arbre sacré des mayas, symbolisant le cosmos. En plein parcours de Marichuy, la porte-parole du Conseil Indigène de Gouvernement, au Mexique, la femme est présente dans la fresque comme un élément essentiel dans la défense de la vie et dans la réinvention de la politique. Derrière les milpas travaillent discrètement et fermement cell.eux qui s’organisent et luttent contre le capitalisme prédateur : « Ce sont les camarades d’ici, de la friche, comme ça pourrait être les gens de la ZAD, de Bure ou de Roybon... ». Pour « La Niña » et les participant.e.s à cette fresque, il était important de faire figurer les points communs entre les luttes : la récupération et la défense des terres, le rapport à la nature, l’agriculture, l’autonomie, l’organisation et la construction de nouveaux mondes face à un seul ennemi commun. Pour faire référence à la Sexta déclaration de la Forêt Lacandone, c’est la lutte qui nous rassemble. Enfin, cette œuvre est une commémoration aux étudiants d’’Ayotzinapa portés disparus depuis 2014 : 43 étoiles illuminent le ciel de cette fresque en guise de dénonciation contre la violence d’État et en solidarité avec les victimes de ce crime dans la demande et la construction de justice et de vérité.
 Es la hora del florecimiento de los pueblos » : « L’heure de la floraison des peuples a sonné » est la convocation à soutenir l’initiative de l’EZLN et du Congrès National InIndigène dans la constitution du Conseil Indigène de Gouvernement (CIG) et l’enregistrement de celui-ci pour participer aux
élections présidentielles de 2018. La porte parole du CIG, María de Jesús Patricio Martínez, connue sous le nom de Marichuy, une femme indigène nahua, ne cherche pas exactement qu’à devenir candidate indépendante pendant cette campagne : « Ceci est une étape supplémentaire sur notre chemin pour nous retrouver avec ceux que nous voulons écouter et pour les appeler à s’organiser » « Il est temps d’unir enfin les forces... de faire bouger le monde... de montrer que nous sommes capables de soulever nos peuples ».


P.-S.

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