Marche Adama du 21 juillet 2018 - Récit



Récit de la marche pour Adama Traoré tué par les gendarmes le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise

Partis de Dijon pour la marche Adama, nous nous rendons au lieu de départ : la gare de Persan, petite ville bien au nord de Paris. Slogans « Pas de justice, pas de paix ! », Zyed, Bouna, Théo et Adama, on oublie pas, on pardonne pas !, vente de tee-shirt Justice pour Adama, la place se remplit progressivement et le cortège se lance, les familles de victimes en tête.

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Le rythme des slogans, la colère et la force qui les soutiennent, la minute de silence, la prière et le récit du crime policier devant la gendarmerie où Adama a été tué, nous annoncent que la journée sera forte en émotions. Derrière ce nom, Adama Traoré, c’est toute une famille, tout un tissu d’amitiés et de connaissances, tout un tas de situations similaires qui souffrent et transforment leurs souffrances en combat.

« Justice pour Adama » « Adama, Adama, Adama… »
« Justice pour Abou » (Aboubakar)
« Justice pour Lamine »
« Justice pour Gaye »
« Justice pour Babacar »

De nombreux noms de victimes de crimes policiers y passent, rappelant à celles et ceux qui ne le savaient pas encore que les meurtriers ne sont jamais condamnés, que l’égalité républicaine est un mensonge.

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« Libérez Yacouba ! »
« Libérez Bagui ! »
« Libérez Youssouf ! »
« Libérez Samba ! »
« Libérez Serene ! »
« Libérez les Traoré, condamnez les meurtriers ! »

Les 5 frères d’Adama sont maintenant en prison, séparés dans chacune des 5 prisons parisiennes. Tous jugés par le même juge de Pontoise. Bagui et Yacouba y sont depuis plus d’un an et demi...
L’acharnement de l’État et sa volonté d’écraser ce combat qui dérange semble sans limite.
Tant que l’un de nous est dehors, on continuera nous confiera plus tard Lassana Traoré… Depuis le 19 juillet 2016, dans leur douleur, et malgré une répression démentielle, les Traoré font preuve d’un courage et d’une détermination sans pareil.

La marche passe à Beaumont-sur-Oise sur la placette où Adama et Bagui étaient posés avant l’intervention du PSIG (BAC des gendarmes). Prise de parole d’Assa. Puis, sans jamais que les slogans laissent la place au silence, la marche reprend avant d’arriver à Boyenval, le quartier d’Adama.

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Des jeunes sont sur les toits de deux barres HLM avec des fumigènes et des banderoles.
La manifestation se déverse sur le terrain de foot dont les murs sont recouverts de fresque d’Adama, de Bagui et de messages.
Sur le terrain, une scène est en place et toutes les familles de victimes sont invités à y monter pour témoigner et livrer leur analyse de la situation. La soeur de Lamine Dieng, membre du collectif Vies Volées commence, suivie par Farid le frère de Wissam El-Yamni. Le frère de Bouna, le frère de Gaye Camara, une cousine de Jerome Laronze, une voisine d’Aboubakar Fofana (tué d’une balle dans le cou le 3 juillet de cette année) dont le mari a lui-même été tué par le police 9 ans plus tôt, la fille de madame Kebé (éborgnée par une grenade de désencerclement), Hawa la soeur de Babacar, Laurent Theron, une dame du comité Ali Ziri et d’autres encore livrent des témoignages durs à raconter mais qu’il faut connaître. Et tous crient à l’injustice, et appellent à se battre !

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Le jeune dont la vidéo a permis d’identifier Benalla prend ensuite la parole et adresse un message de solidarité au comité Adama et à tous les participant-e-s à la marche.
Ensuite, des Sans-papiers organisé-es en collectif prennent la parole, suivi-es par des habitant-es de la Zad.
À la fin, tous les amis d’Adama et les membres du comité sont invité-es à monter sur scène avant que ne se lance le concert de quelques groupes locaux.
Un repas est servi à celles et ceux qui restent encore, le repas préferé d’Adama. La journée se termine sur la projection d’un excellent documentaire réalisé par Hamé du groupe La Rumeur qui retrace toute l’histoire d’Adama Traoré et le combat qui s’en est suivi.

Le combat continue !