Donald Trump mêle dans un seul délire deux fantasmes déjà anciens.
- Se débarrasser de la population palestinienne de la bande de Gaza.
- Transformer radicalement l’enclave en une utopie techno-capitalisco-urbanistique.
Les deux trouvent leurs racines dans l’histoire mouvementée de ce lieu qui n’est une « Bande » que depuis 1948.
Depuis l’Antiquité, Gaza n’a cessé de passer de mains en mains, « tête de pont indispensable pour toute invasion du Levant au travers du Sinaï » pendant des siècles, selon les mots de l’historien Jean-Pierre Filiu, dans son Histoire de Gaza (Fayard, 2024).
Dans ce livre, Jean-Pierre Filiu rappelle l’obsession du premier ministre israélien Levi Eskhol, en poste de 1963 à 1969, pour la démographie de la population palestinienne de l’enclave et ses différents projets de « transfert », vers l’Irak, la Libye, voire l’Amérique latine. Le vice-premier ministre israélien Yigal Allon, lui, favorise l’idée d’une expulsion vers le Sinaï égyptien.
La géographie, la sociologie et le destin de Gaza ont été bouleversés par la Nakba, cette « catastrophe qui désigne le déplacement forcé de 750 000 Palestinien·nes de leur terre d’origine, chassés par les milices juives puis par l’État d’Israël de 1947 à 1949. La ville et ses grands vergers aux portes des déserts du Néguev et du Sinaï se sont transformés en immense camp de réfugié·es.
« La bande de Gaza est une création de 1948. Avant, il y avait 50 000 habitants et des orangers. Sa spécificité est que les Palestiniens qui y sont arrivés comme réfugiés ne sont pas des gens qui ont fui, mais des gens qui ont été expulsés violemment par les Israéliens. Les derniers sont ceux de Majdal [actuelle Ashkelon], expulsés par les Israéliens en 1951[1]. »
« Gaza 2025 »
En mai 2024 est publié un document intitulé « Gaza 2025 », décrit comme émanant du bureau du premier ministre Benyamin Netanyahou. Ou, comment passer de « la crise à la prospérité » en quatre étapes : la dévastation, puis les abris précaires construits par la population déplacée, ensuite on montre la reconstruction – photo de grues – et enfin le miracle de la ville rêvée par des urbanistes trop inspirés par Dubaï ou Singapour.
Gaza serait reliée, via le site de Pétra en Jordanie, à Neom, la ville futuriste que Mohamed Ben Salmane, prince héritier de l’Arabie saoudite, veut faire sortir de terre.
L’ironie de l’histoire est que le premier à avoir osé parler de ce type d’utopie pour la bande de Gaza est… Yasser Arafat ! Il a rêvé l’enclave en « Singapour du Proche-Orient. Après son installation dans le territoire en 1994, Gaza était devenu le siège de l’Autorité palestinienne, selon les accords « Jéricho-Gaza d’abord ».
Le sociologue palestinien, Abaher El-Sakk[2], explique que le taux de scolarité y est très haut, pour des raisons sociologiques, car la bande de Gaza a perdu l’ancrage paysan, donc la plupart des Palestiniens parient sur l’éducation, plus encore qu’ailleurs.[3] »
Le projet sioniste : un colonialisme de peuplement pour remplacer la population de Palestine par une population juive.
Depuis la présence des colons européens de religion ou culture juive, l’objectif majeur du Yichouv, la communauté juive de Palestine, puis de l’Etat d’Israël, a été de se débarrasser des gêneurs, ces populations arabisantes, chrétiennes et musulmanes qui occupent – selon leur eux - la Judée-Samarie et la Galilée, patrie biblique du peuple élu par Dieu pour occuper cette terre. Dès 1937, Ben Gourion avait exprimé ce souhait lors du congrès du parti ouvrier sioniste à Zurich, il évoqua la possibilité de transférer des populations arabes pour élargir la colonisation juive sur tout le territoire, afin d’occuper le maximum de terre dans le cadre de la reconnaissance du rapport Peel qui proposait un partage entre Juifs et Arabes, auquel il s’était rallié comme première étape de l’établissement d’un Etat israélien.
En 1942 à New York, Ben Gourion et l’Organisation sioniste mondiale décidaient au congrès de Biltmore, de revendiquer un État juif sur toute la Palestine mandataire, impliquant le départ des Britanniques, faisant fi de la présence des habitants légitimes depuis des siècles : les Palestiniens.
En 1947, l’ONU officialise la partition du territoire par le vote de la résolution 181, la demande des pays arabes d’indépendance de la Palestine ayant été rejetée, bien qu’elle soit habitée par 75% de populations arabes.
Le 15 mai 1948, Ben Gourion déclare l’indépendance de l’Etat d’Israël qui entre à l’ONU. Les pays arabes (Jordanie, Syrie, Egypte, Irak, Liban) entrent en guerre contre Israël ; la guerre perdue le 12 mai 1949, ils doivent signer un armistice.
L’ONU crée l’UNRWA, (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (UNRWA), un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens. Un organisme aujourd’hui interdit par Israël à la faveur de la guerre déclenchée le 8 octobre 2023 contre le territoire de Gaza dirigé par le Hamas. De ce fait, Le gouvernement israélien pense éliminer la question des réfugiés et donc leur droit au retour. Un déni de la réalité.
En 1967, lors de la guerre des six jours, la Cisjordanie est occupée ainsi que Gaza (alors sous administration égyptienne), Jérusalem-Est annexé, ainsi qu’une partie du Golan. Depuis, 750 000 colons se sont installés en Cisjordanie, à Jérusalem, au Golan, bien que cela soit illégal, la résolution 242 de l’ONU enjoignant à Israël de se retirer des territoires occupés.
Mais ces conquêtes et ces occupations ne suffisent pas aux sionistes israéliens, ils veulent tout le territoire.
Une stratégie de conquête.
En 1982, à la veille de l’invasion du Liban par les troupes de Sharon et des massacres de Sabra et Shatila, un document était publié dans Kivunim (Directions), le journal d’information de l’organisation sioniste mondiale, par Oded Yinon, ancien attaché au ministère des affaires étrangères d’Israël. Il est intitulé :
Israël, une stratégie pour les années 1980.
Yinon affirme - entre autres - « que le monde arabe musulman est bâti comme un château de cartes éphémère édifié par des étrangers (la France et la Grande Bretagne des années 1920), sans qu’aient été pris en compte les souhaits et les aspirations des habitants ». Ce qui est vrai si on se réfère aux accords Syke-Picot où ces deux nations victorieuses de la première guerre mondiale se sont partagées le Moyen-Orient où régnait l’Empire ottoman, Etat vaincu. A la conférence de San Remo, la Palestine n’est pas reconnue comme une nation. Les Palestiniens sont désignés comme un ensemble de communautés non-juives ! Ils ne sont plus considérés comme d’éventuels citoyens d’un éventuel Etat national. La libre détermination des Palestiniens sur leur propre terre passe à la trappe des nations colonialistes.
Pour le ministre travailliste israélien des affaires étrangères Abba Eban, le Moyen-Orient est une mosaïque d’ethnies différentes qui ne peut-être gouverné efficacement que selon le système Millet qui était en vigueur dans l’empire Ottoman. Le système de Millet était une forme d’autonomie non territoriale permettant aux communautés religieuses et ethniques, comme les juifs, les chrétiens orthodoxes les Arméniens, les Arabes de s’organiser et de gérer leurs affaires sous la protection de l’État ottoman, tout en maintenant un contrôle centralisé, sans égalité avec la classe musulmane dominante.
Un modèle pour un État dominé par les Juifs en Israël. Selon Eban.
« Un État de souveraineté juive, dans lequel le Juif est le propriétaire... le non-Juif n’ayant aucun droit de dire quoi que ce soit sur les décisions nationales concernant le destin de l’État ou de la nation », c’est ce que disait le rabbin d’ultra-droite Kahane[4].
Il faut donc disloquer le monde arabe, le diviser, le fragmenter comme l’écrit Yinon et l’administrer avec des fonctionnaires locaux car ce monde arabo-musulman « est incapable de résoudre positivement ses problèmes fondamentaux[5] ».
Ainsi, selon le plan Yinon, l’État irakien devra être divisé en trois États, autour des trois villes principales : Bassora, Bagdad, et Mossoul.
Le Liban devrait être dissous, comme proposé en 1919, planifié en 1936, divisé en cinq provinces, ainsi que la Syrie avec un État sunnite à Damas, un chiite alaouite sur la côte (Tartous), un État sunnite à Alep, un druze dans le Golan. Ce but est aujourd’hui à notre portée, dit Yinon.
L’Egypte a été vaincue, dépecée lors de la guerre des six jours, avec l’occupation du Sinaï… Mais cette division ne va pas durer. En 1973, c’est la guerre du Kippour menée par Sadate qui aboutira à l’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï et un rapprochement entre l’Égypte et Israël. En 1979, le traité de paix israélo-égyptien amène un retrait israélien de la péninsule et l’évacuation des colonies de peuplement israélien comme Yamit. Cependant ce rapprochement entre l’Egypte de Sadate et Israël porte un coup dévastateur à la résistance palestinienne et en particulier à la population gazaouie, bien vite murée derrière la frontière égyptienne comme de celle d’Israël.
Le spectre de la révolution arabe hante les dirigeants de l’État d‘Israël, ceux de son parrain américain, mais aussi ceux des dictatures arabes.
Dépeupler la Palestine
Pour Yinon, les Palestiniens doivent-être chassés de la Cisjordanie et de Gaza, mais également de Galilée et même d’Israël (les « Arabes » israéliens). Il faut les disperser comme en 1948 : une nouvelle Nakba ! « La dispersion de la population est donc un objectif stratégique national de la plus haute importance. Autrement nous cesserons d’exister, quelles que soient les frontières. La Judée, la Samarie et la Galilée sont notre seule garantie d’une existence nationale […] nous serons comme les Croisés qui perdirent ce pays, qui n’était d’ailleurs pas le leur et dans lequel ils étaient d’abord les étrangers[6]… » Effectivement, le rapprochement avec les croisés est juste, la Palestine n’est pas le pays des juifs européens, pas plus qu’elle n’était le pays des Croisés venus le conquérir au nom de raisons également religieuses et messianiques.
Mais comment réaliser l’expulsion du peuple palestinien ?
- « La Jordanie constitue un but stratégique à court terme […] la politique d’Israël… devrait être orientée vers la liquidation de la Jordanie sous son régime actuel et le transfert du pouvoir à la majorité palestinienne ». Sauf que les Palestiniens qui représentent déjà la majorité de la population n’ont aucun droit d’expression politique en tant que communauté, une partie d’entre eux sont relégués dans des camps, les combattants ayant été expulsés au Liban avec Arafat en juillet 1971 lors de « septembre noir », lorsque le royaume hachémite de Jordanie déclencha des opérations militaires contre les fédayins de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), pour restaurer l’autorité de la monarchie à la suite de plusieurs tentatives palestiniennes de renverser Hussein.
La violence des combats fit plusieurs milliers de morts de part et d’autre, en majorité des civils palestiniens.
Cette stratégie a échoué, mais les dirigeants américains et israéliens n’ont pas renoncé. Les Israéliens les plus extrémistes, artisans du Grand Israël, revendiquent même d’étendre la souveraineté de l’État juif sur la Jordanie.
Et cette revendication était déjà celle de Ben Gourion et de Moshe Dayan[7] en …1956. Après l’intervention, de Suez, Ben Gourion était furieux, il déclara à Dayan : « Je ne voulais pas de Gaza peuplée, mais de Gaza sans peuple, de la Galilée sans population. » En 1968, Moshe Dayan déclara aux jeunesses socialistes : « Nos pères avaient atteint les frontières attribuées par le plan de partition. (De l’ONU-NDLR). La génération de la guerre des six jours a permis de les étendre encore jusqu’à Suez, la Jordanie (en fait la Cisjordanie – NDLR), le plateau du Golan. Ce n’est pas fini. Après de celles-ci, il y aura de nouvelles lignes de cessez-le-feu. Nous nous étendrons au-delà de la Jordanie,[…] jusqu’au Liban et […] vers le centre de la Syrie également[8] ».
Nous y sommes, même si Israël a dû accepter de se retirer du Liban en 2024, tout en y restant présent et lançant des attaques sur de prétendus membres du Hezbollah (encore deux morts la semaine du 10 au 15 février).
La guerre est l’un des moyens employé par Israël pour étendre sa souveraineté. Dayan parle de lignes de cessez-le-feu, pas de frontières. Israël n’a reconnu aucune définition de ses frontières, et pour cause…
Le 24 mars 1988, Sharon déclarait qu’Israël devrait faire la guerre à ses voisins arabes, car elle fournirait les « circonstances nécessaires » à l’expulsion de l’ensemble de la population palestinienne de l’intérieur d’Israël, de la Cisjordanie et de Gaza.
Les thèses de Yinon étaient défendues par Sharon, Begin, Moshe Arens[9], et le parti travailliste également.
Y’Ben Poret, un représentant du ministère de la défense d’Israël, déclarait en 1982, en défendant la colonisation :
« Il est temps de déchirer le voile de l’hypocrisie. Actuellement comme par le passé, il n’existe pas de sionisme, pas de peuplement du pays, pas d’État juif sans le déplacement de tous les Arabes, sans confiscation de leurs terres[10] ».
La plate-forme du parti travailliste de 1984, publiée par des annonces publicitaires dans Haaretz et Ma’ariv, ressemblait comme deux gouttes d’eau au programme de Netanyahou et du Likoud, elle s’appelait les quatre non :
Non à un Etat palestinien ;
Non aux négociations avec l’OLP ;
Non au retour aux frontières de 1967 ;
Non au retrait d’une quelconque colonie.
Et en 1985, Chaïm Herzog, le président travailliste d’Israël, déclarait :
« Nous ne sommes certainement pas désireux de faire des Palestiniens nos partenaires de quelque manière que ce soit dans un pays qui est sacré pour notre peuple depuis des milliers d’années. Il ne peut y avoir aucun partenaire des juifs dans ce pays[11]. »
C’est clair, il n’y a pas de place … en Palestine, pour les Palestiniens ! Selon les dirigeants israéliens. Mais qu’en est-il pour l’ensemble des juifs israéliens ? Selon les études sociologiques, ils ne croient pas aux perspectives de vivre avec des Arabes sur la même bande de terre. « C’est nous ou eux », selon la version de droite, ou « nous ici et eux là-bas », selon la formulation de gauche….
Le 7 février 1988, le Washington Post publiait en première page :
Expulser les Palestiniens : ce n’est pas une idée nouvelle et elle n’est pas exclusive de Kahane.
Selon cet article, le premier ministre Menahem Begin ( l’assassin de Deir Yassin), a recommandé la démolition des camps de réfugiés (ce qui se poursuit actuellement à Jénine, Tulkarem, après Gaza), et le transfert des Palestiniens dans le Sinaï (Pressions trumpiennes, et chantage financier sur l’Egypte pour qu’elle accepte le transfert des gazaouis).
Il y eut même une unité militaire secrète chargée « d’encourager » le départ des Palestiniens vers des rivages étrangers ». Sharon a révélé en novembre 87, que pendant des années, des palestiniens ont été ainsi transférés, notamment au … Paraguay du dictateur Stroessner avec lequel le gouvernement avait conclu un accord. Ces transferts étaient gérés par le gouverneur militaire de Gaza.
Deux journalistes d’investigation, l’Américain Dan Raviv et l’Israélien Yossi Melman[12], soulignent que la « relocalisation » des palestiniens n’est pas une idée nouvelle ‘’comme le montrent les discussions du cabinet de 1967’’, et reconnaissent que l’élimination des Palestiniens est au cœur des projets sionistes : « Depuis les premiers jours du sionisme, la réinstallation a été une option pour traiter le problème posé par l’importante population arabe sur la terre historique d’Israël. »
En 1939, Jabotinsky expose les divers efforts déployés : « nous devrions demander au judaïsme américain de mobiliser un demi-milliard de dollars pour que l’Irak et l’Arabie Saoudite absorbent les Arabes palestiniens… les arabes doivent faire de la place pour les juifs en Eretz-Israël[13] ».
En 1964, Sharon, alors colonel, demande à son équipe de déterminer « le nombre de bus, de camionnettes et de camions nécessaires en cas de guerre pour transporter […] les arabes hors du nord d’Israël »
Avec l’aide et le soutien militaire, économique et financier des gouvernement des États-Unis…
Aucune campagne guerrière d’Israël ne peut être menée sans l’appui des États-Unis :
Entre 1949 et 1983, 92,2 milliards de dollars ont été versés à Israël en aide militaire[14].
Depuis 1987, Israël reçoit en moyenne chaque année 1,8 milliard de dollars en termes de vente ou de financement. Cette aide fut portée à 2,4 milliards sous l’administration Clinton.
En 2007, les États-Unis accroissent de 25 % leur enveloppe pour Israël portant leur subvention à 3 milliards de dollars chaque année pour la décennie à venir. Le président américain George W. Bush assure au premier ministre israélien Ehud Olmert que les États-Unis garantiront « un avantage qualitatif » à Israël par rapport aux autres pays du Moyen-Orient.
De 2019 à 2028 l’aide militaire sera élevée à près de 4 milliards de dollars par an[15]. Sans compter ce qui vient d’être versé avec l’arrivée de Trump : 7 milliards…
Tous les commentateurs sérieux s’accordent à dire que la guerre s’arrêterait immédiatement si Washington stoppait les livraisons d’armes à Israël.
Les déclarations tonitruantes et d’apparence surprenante de Trump, comme le voyage de Netanyahou à Jérusalem, celui du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio au Moyen-Orient, les pressions exercées sur les alliés arabes de Washington pour qu’ils acceptent ses projets de transfert des Palestiniens de Gaza, les attaques de l’armée israélienne au Sud Liban, contre les populations des camps de réfugiés de Cisjordanie, en particulier à Jénine, tout montre qu’Israël veut reprendre la guerre au plus tôt, avec le plein assentiment de Washington. L’un comme l’autre a le même objectif : refaçonner le Moyen-Orient pour le soumettre à la volonté impériale en éliminant toutes les forces soutenues par l’Iran : Le Hamas en premier lieu, le Hezbollah, les Houttis yéménites, les chiites irakien. Pour la Syrie, c’est fait, les moyens militaires ont aussitôt été détruits à la chute et la fuite du dictateur Bachar el Assad. Isoler l’Iran et se préparer à détruire son potentiel nucléaire, menace existentielle pour Israël, pays rival de l’Arabie saoudite et obstacle au re façonnage impérial.
« Le Hamas ne peut pas continuer à être une force militaire ou gouvernementale, (…) il doit être éliminé », a ainsi lancé Marco Rubio peu après sa rencontre avec Benyamin Netanyahou, dimanche 16 février après-midi.
Au même moment, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, exultait en informant qu’une cargaison de bombes de 907 kg MK-84 était arrivée en Israël, pour une valeur totale de 7,4 milliards de dollars. Ce n’est sans doute pas uniquement pour reconstituer les stocks, mais pour, éventuellement, parachever l’aplatissement de Gaza, provoquer une nouvelle Nakba. Afin d’échapper à un nouveau massacre, ceux qui connaissent cette tragédie depuis octobre 2023, descendant de ceux qui ont été expulsés de leurs villes et villages de 1947 à 1949 et en 1967, les Gazaouis n’auraient plus qu’à forcer les frontières du Sinaï….
Le moindre prétexte concernant la libération des otages et prisonniers pourrait être utilisé pour interrompre un processus de paix dont, ni le gouvernement d’extrême-droite israélien, ni américain ne veut.
Seule la crainte des réactions soulevées en Israël par les familles des otages, comme dans le monde par une interruption du cessez le feu, a retenu le gouvernement israélien.
En outre, l’armée israélienne ne s’est toujours pas retirée du sud du Liban, malgré l’accord de cessez-le-feu passé avec le Hezbollah, et poursuit même ses frappes, continuant à tuer des civils.
Dimanche 16 février, Netanyahou a annoncé qu’Israël « finira le travail » contre la menace iranienne avec le soutien des États-Unis. Marco Rubio a approuvé, versant de l’huile sur le feu, soulignant que l’Iran des « ayatollahs » était la plus grande « source d’instabilité » dans la région.
« L’accalmie toute temporaire dans le génocide n’est pas due au fait que le monde y a mis fin. Il s’est arrêté parce que Trump voulait que les otages soient libérés pour sa propre image et permettre ensuite aux Israéliens de faire ce qu’ils veulent. Ilan Pappe[16]. »
Allain GRAUX – le 17 février 2025.
[1] Henry Laurens, professeur au Collège de France et auteur de Question juive, problème arabe (Fayard, 2024).
[2] Abaher El-Sakka, Professeur de sociologie à l’Université de Birzeit en Cisjordanie, est né à Gaza. Il est diplômé en 1995, de l’École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale de Saint-Étienne (France).
[3] Cité par Gwenaelle Lenoir, Médiapart du 14 février 2025 : « Riviera » de Gaza : aux origines du fantasme de Donald Trump.
[4] Le rabbin ultra-nationaliste Meir Kahane était favorable à une ségrégation totale entre juifs et non-juifs, au retrait du droit de vote aux Arabes israéliens et à l’expulsion de tous les Palestiniens des territoires occupés, incluant les Arabes vivant en Israël, hors de ce pays (Le Monde.fr, 7 novembre 1990). En 1988, à la suite d’une décision de la Cour suprême, qui juge le parti Kach « raciste et antidémocratique », Meir Kahane est interdit de se présenter aux élections ( Joel Brinkley et Special To the New York Times, « Israel Bans Kahane Party From Election », The New York Times, 6 octobre 1988 (ISSN 0362-4331). En 1994, le parti est interdit en Israël pour terrorisme et racisme « En Israël, le camp suprémaciste juif de retour à la Knesset », Le Monde.fr, 18 avril 2021).
Kahane a été assassiné à Manhattan en 1990 par un groupe lié à Ayman al-Zaouahiri, à Omar Abdel Rahman et à d’autres participants à l’assassinat du président égyptien Sadate en octobre 1981.
[5] Israël Shahak. The Zionist plan for the Middel Esat . Belmont AAUG-Assiociation of arab American University Graduates - 1982)
[6] L’histoire cachée du sionisme – Ralph Schoenman – Les Editions du Travail. P. 115
[7] Général et chef d’Etat-major israélien.
[8] Israël Shahak. The Zionist plan for the Middel Esat . Belmont AAUG-Assiociation of arab American University Graduates - 1982) – Déjà cité.
[9] Il a été à l’origine de la carrière politique de Benyamin Netanyahou, ministre de la Défense à trois reprises et une fois ministre des Affaires étrangères et ambassadeur d’Israël aux États-Unis. Il était membre du parti de droite Likoud.
[10] Israéli Mirror – Londres.
[11] Berlin, Yosi, Meichuro Shel Ichud, 1985.
[12] Analyste du renseignement et de la défense pour Maariv et d’autres médias israéliens
[13] Washington-post, 7 février 1988.
[14] El Khawas, Mohammed el Samir Abeb Rabbo : American Aid to Israël : Nature and impact, Brattleboro, Vermont, Amana Books, 1984.
[15] Piotr Smolar, « L’alliance militaire entre les Etats-Unis et Israël renforcée pour dix ans », Le Monde, 14 septembre 2016.
[16] Chronique de Palestine – 15.02.25
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info