La discussion a duré plus d’une heure et demi, de nombreuses personnes sont intervenues pour présenter Solidaires, la CNT et la CGT, pour poser des questions ou pour débattre. Seule une partie des interventions de Union Thugs a été retranscrit, mais l’intégralité de la discussion est en écoute libre.

28 février 25
Première partie

28 février 2025
Deuxième partie
Mathieu : Bonjour, je m’appelle Mathieu, je suis enseignant dans le secondaire, ce qui fait que je suis syndiqué à la fédération autonome de l’enseignement. Et je suis aussi syndiqué, mais de manière complètement para-légal, donc reconnu par personne, à l’IWW. Parce que contrairement à chez vous, en Amérique du nord, il y a ce qu’on appelle des « closed shop » : une boite = un syndicat, la majorité l’emporte et une fois qu’elle l’a emporté, bonne chance pour changer !
Éric : Les IWW c’est les Industrial Workers of the World, c’est un vieux syndicat qui est peut-être l’équivalent de la CNT, ou peut-être de la CGT dans les années 1900. On est davantage dans le membership que dans le leadership.
Mathieu : En ce moment c’est 11 000 membres en Amérique du nord, donc effectivement beaucoup plus proche de la taille de la CNT. Nous aussi, on est révolutionnaire, les "-istes" on a décidé qu’on s’en parlerait seulement au bar. On choisit le syndicalisme révolutionnaire, selon l’idée, finalement, qu’on n’est pas assez pour commencer à se séparer entre affiliations politiques. Avançons de l’avant et on s’engueulera plus tard. Donc, première distinction avec la France, on ne choisit pas notre syndicat. Notre militantisme syndical, on le fait soit à l’intérieur de l’IWW qu’on essaye de lancer dans des petits endroits, soit dans nos syndicats officiels, où j’imagine qu’on fait un peu comme les gens de la CGT ici : on est déçu de notre syndicat régulièrement, mais on l’aime quand même, c’est celui qu’on a, on va essayer de le faire changer malgré tout.
Éric : Pour revenir rapidement sur le principe du closed shop, il peut y avoir plusieurs unités syndicales dans un seul milieu, mais ce ne sera pas une diversité idéologique. Ce sera, par exemple, une diversité de métier. Les cuisiniers sont tous dans le même syndical, ils ne peuvent pas déroger individuellement. C’est ce qu’on appelle la formule "round", qui fait que la plupart des syndicats devenus institutionnalisés ont accepté la paix sociale, en signant des ententes où ils refusent de faire la grève pendant plusieurs années en échange de conditions de travail. Le patron va alors lui-même ramasser les cotisations syndicales et les remettre au syndicat. Il peut y avoir des syndicats de métier, plusieurs syndicats dans un seul lieu de travail, ou un seul syndicat qui unit tout le monde dans le lieu de travail. Ou encore, tous les enseignants de la région de Montréal sont réunis dans un seul syndicat. C’est à la fondation syndicale que ça se décide. Un syndicat peut changer d’affiliation syndical, mais il faut que la majorité des syndiqués votent pour que ça change. Aucune adhésion individuel n’a lieu, sauf à IWW mais qui est complètement à l’extérieur des normes, des lois et des protections locales qu’un syndicat peut offrir.
Mathieu : Deuxième distinction, en Amérique du nord, on est dans des sociétés extrêmement dépolitisées depuis toujours. Le Québec est très catholique, donc les syndicats le sont aussi. Ceux les plus à gauche ne sont plus catholiques, mais n’ont pas non plus un historique rouge. Ça reste des structures corporatistes.
Éric : Les syndicats états-uniens ont quant à eux une structure de métier, par exemple sur un chantier de construction les plombiers sont ensemble et vont lutter uniquement pour les plombiers.
Mathieu : Nos syndicats, en bonne compagnie d’assurance, se mêlent de la politique en mode lobbyiste et vont essayer de convaincre des ministres. Ils jouent beaucoup à déplaire aux moins de membres possibles, ce qui fait des syndicats de surface sur les enjeux sociaux quotidiens. Ils ont des comités qui s’intéressent à des thèmes, le mien a par exemple un comité féministe, qui permet à onze membres de discuter de féminisme trois fois par an, mais c’est tout. Quand le fascisme commence à monter, et que cet outil de cohésion s’est complètement dépolitisé, ça engendre des problèmes.
Éric : Face à la montée de l’extrême-droite, on va avoir de vagues comités syndicaux contre le racisme de manière très large, un peu libéral, mais on ne va pas attaquer le problème à la source. Ça inquiète vaguement les syndicats, parce que les partis d’extrême-droite veulent attaquer les syndicats, mais il faudrait pas frapper trop fort.
[...]
Mathieu : Au Québec, on vit dans deux univers différents avec la France. Je suis né à Montréal et j’y ai vécu toute ma vie. Le discours d’extrême-droite, à mon sens, est quelque chose que j’entends peu autour de moi. On le lit dans les médias, on l’entend à la télévision, mais ce n’est jamais ouvert. On vit dans une société très dépolitisée contrairement à la votre, on ne nomme jamais les choses et on essaie de ne pas les placer sur un axe. On a un gouvernement conservateur depuis 8 ans, mais personne ne le qualifie de conservateur, c’est juste le gouvernement qui a remplacé celui d’avant qui nous avait déçu.
Éric : Chez nous, il n’y a pas concrètement un parti d’extrême-droite qui se présente aux élections. C’est plutôt un modèle américain bipartisan, avec un parti libéral et un parti conservateur. L’extrême-droite se plante dans le parti conservateur, comme Trump l’a fait aux États-Unis, avec Pierre Poilievre qui est très à droite, il ne se réclame pas de l’extrême-droite mais porte les mêmes idées. Effectivement, les discours d’extrême-droite sont lus chaque jour... Vous connaissez Mathieu Bock-Côté qui apparaît à Cnews chez vous ? Avant il disait la même merde à la télé chez nous, mais personne n’a jamais dit qu’il était d’extrême-droite, dire ça, ça aurait voulu dire qu’on lui collait une étiquette. On peut pas nommer un facho un facho. Si quelqu’un passe à la télévision, il ne peut pas être facho. Jamais on ne va nommer les choses, par contre il faudrait couper les chèques des assistés sociaux, il y a trop d’immigrants et les femmes prennent trop de pouvoir.
Mathieu : Personne n’est jamais considéré comme un facho, Trump est juste un homme d’affaire agressif.
Éric : C’est un premier problème à affronter pour nous de nommer les choses telles qu’elles sont. Comme l’extrême-droite n’a pas de parti, ne prend pas position, les mouvements d’extrême-droite sont à l’extérieur des partis politiques, sous la forme de mobilisation citoyenne. Ce qu’on a vu, c’est des mouvements qui suivent les vagues trumpistes. Avant son arrivée, l’extrême-droite était néonazie : on se battait dans la rue avec eux, le lendemain ils avaient peur de sortir et c’était comme ça. En 2015-2016, on commence à voir apparaître des « monsieur-madame-tout-le-monde » d’extrême droite. Il se crée un groupe qui s’appelle "La meute" et qui base son argumentaire sur l’islamophobie. C’est la première fois de notre vie qu’on a vu des mobilisation d’extrême-droite, avec quelques centaines de personnes capables de prendre la rue, bien supportées par la police de Montréal. Pour nous, ça a été comme un électrochoc, où nos méthodes d’aller donner quelques claques sur la gueule étaient tout d’un coup un peu moins adaptées... Je veux bien mettre des claques à quelqu’un qui veut se battre, mais à quelqu’un qui me demande poliment "c’est où la manifestation ?", c’est plus gênant. On s’est dit qu’il fallait reprendre la mobilisation sur les enjeux concrets sociaux. Parler vraiment du projet de société qu’on porte et le rendre concret dans les mains des gens. C’est bien beau la meute, ils se rencontrent une fois de temps en temps, mais quand un mec est en lock-out (c’est comme une grève de l’employeur, l’employeur ferme l’usine le temps du conflit)...
Mathieu : Nos chèques de grèves sont assez petits, pour ceux qui en ont, et là c’est l’employeur qui décide jusqu’où on va dans la pauvreté. Il garde le contrôle sur ce qui se passe et nous on le perd.
Éric : Donc quand un mec est en lock-out, la meute va pas aller le voir pour le soutenir, mais nous oui. Ça nous offre une porte d’entrée, il nous est arrivé qu’on supporte des grévistes sur les piquets, et qu’on se rend compte qu’un type a des idées confusionnistes, mais à force de parler avec lui... Notre stratégie est passée d’un extrême à l’autre, on leur donnait des claques dans la gueule et là on leur tape dans le dos en leur disant "tu peux faire mieux que ça".
Mathieu : C’est la base de l’idée de IWW : créer un syndicat qui va aller parler aux gens, les rencontrer,... IWW a une formation de deux jours pour monter un comité sur son lieu de travail, et finalement c’est deux jours où on apprend au gauchiste moyen l’écoute active. Ton collègue a des problèmes, il le sait, arrête de lui parler du Capital et écoute-le, tu vas peut-être réaliser qu’il est d’accord avec toi. Les concerts avec les Thugs, tout ça, reposent sur la chance et la malchance de vivre dans une société dépolitisée, les gens qu’on voit, même s’ils votent à droite, ils ne sont pas conscients qu’ils sont à droite. Ils votent le parti québecois parce qu’on leur promet l’indépendance. Ils ne sont pas conservateurs, mais les conservateurs leur ont promis un plus gros chèque. Quand on tombe sur des militants de droite, retour à la stratégie initiale, mais pour les orphelins politiques, les gens qui sont perdus et suivent le discours le plus alléchant, ça prend de la patience, mais c’est là qu’on essaie d’aller.
[...]
Éric : Comment on fait alors pour répondre à ces discours fascistes ? En France dans le milieu syndical il y a déjà des réponses, comme des commissions antifascistes. Au Québec on a pas les outils, à peu de choses près il n’y a pas de grandes organisations. Peut-être dans les organisations étudiantes il y a quelques années, on retrouvait plus une inspiration à l’européenne sur l’éducation populaire. On a une éducation politique plus importante que la population en général parce qu’on est passé par des organisations étudiantes, comme en 2012 avec un grand mouvement social. On a rapporté cette éducation dans nos différentes organisations. Mais au niveau des syndicats les plus traditionnels chez nous, ça bloque parce qu’ils ont peur de nommer les choses. Ils sont frileux.
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Éric : Il est aussi question de ne pas se battre juste contre, mais aussi pour. Les discours d’extrême-droite peut tirer de plus en plus à droite, et bouge la fenêtre d’Overton et pendant ce temps à gauche on ne parle jamais de notre projet de société, de pourquoi ce serait mieux ce qu’on propose. Nous ça a été notre vision avec le groupe, oui on est contre le fascisme, mais on a aussi quelque chose à proposer, un projet de société, la révolution sociale, prendre le contrôle de notre lieu de travail, de nos quartiers. Ça peut être intéressant pour monsieur-madame-tout-le-monde, mais si on en parle jamais, comment pourraient-iels adhérer à notre projet ? Pendant ce temps, la droite pousse et pousse et pousse. Les partis de gauche vont pas renchérir en proposant des projets de gauche, mais en se droitisant. Je pense qu’ils font fausse route, et qu’il faut profiter de ce moment pour libérer notre parole et sortir notre projet de société. Là où il y a des mouvements d’extrême-droite, ça peut aussi être un bon moment pour faire la révolution. Bref, si on regarde historiquement les régimes d’extrême-droite ont toujours été subventionné par le grand capital : Hitler, Mussolini, Pinochet,... Je vous invite à lire Daniel Guérin, Fascisme et grand capital, à l’époque d’Hitler c’était les grands barons de la technologie, aujourd’hui c’est X, les GAFA, etc. Au Canada, je constate que c’est beaucoup l’industrie de l’automobile, mourante et soumise à des changements nécessaire, qui réagit face à ceux qui veulent la réguler. Elle se tourne de plus en plus vers l’extrême-droite, vous avez peut-être vu le convoi des camionneurs. N’allez pas penser qu’il y avait des camionneurs ! C’est l’extrême-droite pro-pipeline qui l’a organisé. Pourquoi c’est des camions le symbole ? Ou une jerrican d’essence ? C’est pas pour rien, c’est financé par l’industrie du gaz et du pétrole. Faut pas oublier le rôle joué par les industries mourantes, on le voit avec Trump qui coupe tout ce qui est lié au changement climatique.
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Mathieu : Le taux de change vous avantage énormément, ce qui donne l’impression à beaucoup de français qui arrivent au Québec d’être riche. Oui, il y a du travail au Québec, mais je vous souhaite de ne jamais le perdre. Le système social n’existe plus, on est sur la falaise du néolibéralisme. Si vous avez les moyens, le Québec sera mieux que la France, c’est un état libéral, si vous ne les avez pas, c’est le rêve américain, il fait froid et il y a des HLM. À propos de la liberté d’expression, c’est un mot extrêmement utilisé chez nous, qui est très galvaudé. On s’en sert à toutes les sauces, mais on ne peut pas parler de génocides en Palestine. Les salles de presse changent les mots des experts pour que le mot ne sorte dans aucun journal. Parlons par contre de liberté d’expression pour utiliser des mots péjoratifs pour parler de personnes noires...
Éric : Comme la laïcité chez vous.
Mathieu : Le gros mot pour nous de la droite c’est la liberté, qui est une grosse liberté individuelle. Certaines personnes veulent pouvoir s’acheter un gros camion et polluer. Ça finit par faire parti de leur identité. C’est agaçant, c’est pas nos préférés, mais ça reste des crétins qui sont endettés jusqu’au cou. Ils ont profité du travail syndical pour avoir de bons salaires, mais sont rentrés dans le rêve de faire semblant qu’ils sont riches et ne combattent pas les bonnes personnes. J’ai aussi de plus en plus l’impression que, les gens comme vous et moi, on est vraiment plus nombreux que ce qu’on a l’impression. 600 000 personnes à la CGT, c’est 600 000 personnes qui ont fait le choix conscient d’y aller. Ça n’en fait pas des militants nécessairement, ou des gens munis du discours le plus affûté, mais il y a un signe. Dernièrement, une bière américaine, équivalente à votre Kronenbourg, a mis le drapeau de la fierté sur leur came pour le mois de la fierté gay. On s’entend, c’est du marketing, c’est pour vendre plus. Mais ça veut dire qu’une compagnie dont le but est de faire de l’argent et qui s’adresse au beauf moyen, a fait le calcul que les gens qui supportent le droit à l’homosexualité forme un marché de consommateurs plus gros que ceux qu’elle va perdre à droite. Le jour où les capitalistes pensent que je suis un marché de consommation plus intéressant que ce qu’ils trouvent à droite, je me dis qu’on est peut-être pas si peu nombreux en bout de ligne ! On est isolés, et leur média nous isolent parce qu’on a l’impression d’avoir jamais personne qui pense comme nous. Parce qu’aussi, à l’extrême-gauche, on a peut-être le réflexe un peu rapide d’être à la virgule près. Moi, comme bon marxiste, je suis fâché avec tout le monde à longueur de journée, alors qu’au fond je suis un peu d’accord avec tout le monde, je prends juste pas le bon angle. Donc, entre leur stratégie pour nous isoler, et nos réflexes de s’isoler par nous-même, on s’est peut-être créé cet univers-là où on ne réalise pas qu’on est toutes et tous globalement d’accord.
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Éric : Il faut attaquer le problème là où il est. Chez vous comme chez nous, on vote plus à droite et à l’extrême-droite dans les régions rurales. C’est peut-être le signe qu’il faut s’organiser aussi dans les régions rurales, parce qu’on se fait damner le pion par l’extrême-droite, alors que ces gens ont autant de choses à perdre. Comment peut-on, dans des éléments de discours, faire en sorte de faire barrage à l’extrême-droite dans les régions rurales ? L’extrême-droite joue beaucoup sur cette question, en faisant comme si les luttes LGBTQIA+ sont un truc de citadins. Comment fait-on face à ça ? Je n’ai pas la réponse à cette question, mais c’est vraiment un enjeu important à penser.
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Mathieu : Sur la confiance syndicale et les défis de mobilisation, personnellement je suis souvent fâché contre mon exécutif syndical. Chez moi, l’ensemble de l’exécutif ce sont toutes des femmes, je les aime, elles sont là pour les bonnes raisons. Mais elles veulent toutes avoir raison. Ici, on a tous et toutes raison, on va se retrouver dans des postes de leadership et on va avoir raison. Alors on a des gens en poste qui ont raison, quitte à vider la salle, avec des stratégies pour orienter et faire passer son vote. Dans l’absolu, leur volonté n’est pas conne et fait du sens. Mais moi, après le travail, est-ce que j’ai envie d’aller à une réunion de 3 heures où la victoire est déjà orientée d’avance ? Ça, ça crée de la démobilisation. Ce serait important que nos élus, nos conseillers, réalisent que c’est correct de perdre son point en assemblée si ça fait que l’assemblée termine fière de faire partie de son syndicat. Il y a des batailles qu’on veut pas perdre, mais d’autres qu’il est correcte de perdre si ça fait que les gens reviennent la fois d’après. Les mobilisations sont décevantes quand on rentre en ayant échoué, nous on a eu le mouvement étudiant qui a échoué. Mais ce que les gens n’ont pas réalisé à ce moment-là, c’est que ce mouvement a formé des militants pour les 10 ans qui ont suivi. Oui, on paye les frais de scolarité plus cher, mais on a des milliers de personnes qui savent aller en assemblée, participer à des décisions, aller à des manifestation. Ce n’est peut-être pas complètement une défaite. Surtout qu’on en aura encore quelques-unes avant de remonter la pente !
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Éric : On fait face à un mouvement de l’extrême-droite qui est en pleine effervescence, il a du vent dans les voiles et de l’argent dans le porte-feuille, ce qu’on a pas exactement à gauche, ça a jamais été notre fort. Nous, notre fort, c’est la force du nombre, ça a toujours été comme ça qu’on a gagné. Là-dessus je pense qu’on peut s’entendre, ça va être comme ça qu’on ira chercher des victoires, avec la force du nombre et la solidarité. Comment faire ? On a pas la réponse, mais ce qui est sur c’est que les liens internationaux qu’on crée aujourd’hui vont être importants peut-être dans le futur. On ne sait pas ce qui va arriver, si le Canada va se faire envahir par les États-unis ou si vous allez avoir Eric Zemmour. Si ces choses-là arrivent, ces liens internationaux seront importants. C’est le message qu’on veut porter en faisant cette tournée, c’est qu’il faut organiser la résistance. Les gens ont l’air assommé, ça arrive tellement vite et fort, on se mange des claques tous les jours et on a de la difficulté à réagir, mais faut qu’on s’organise, faut qu’on se mette ensemble, qu’on s’unisse et qu’on réagisse !
Présentation de Union Thugs
"Salut tout le monde on est les Union Thugs, On est un groupe de folklore ouvrier de Montréal. On vous le dit tout de suite, on n’est pas des musiciens pis des musiciennes professionnel-le-s. Oh que non ! On est juste des travailleuses pis des travailleurs qui jouent de la musique. On arpente les routes un peu partout à la recherche de gens comme nous, qui font partis de la classe ouvrière pis qui sont en tabarnak !
En tabarnak de voir toujours les mêmes bein pleins s’enrichir pendant que nos conditions à nous autres stagnent ou reculent. En tabarnak de voir les condos pousser comme des champignons dans nos villes pendant qu’il y a encore du monde qui vivent dans’ rue. En tabarnak de voir que quand on se soulève, ils nous pilent dans’ face à grand coup de lois spéciales, de police pis de matraques.
Mes ami-e-s on veut vous porter un message. Nous autres aussi on est écoeuré, pis on veut que ça change ! On pense pas que c’est en allant voter aux élections qu’on va changer quoi que ce soit. On pense pas non plus que c’est en ignorant le problème pis en participant, bein tranquillement, pis bein docilement dans leur système, qu’on va changer quelque chose. On pense qu’il faut s’organiser, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers populaires pis dans nos villages ouvriers pour reprendre le contrôle. Produire par la communauté, pour la communauté, sans patrons pour voler tout ce qu’on fabrique.
Pour réussir, il faut qu’on arrête d’avoir peur des autres pour leurs différences de religion, d’orientation sexuelle, de couleur de peau, de genre, de langue maternelle. Il faut qu’on se rende compte que nos vrais ennemis, c’est les boss qui nous exploitent à’ job, c’est les proprios à qui on paie nos loyers, c’est les banquiers envers qui on s’endette, c’est les actionnaires de multinationales qui peuvent faire perdre la job à des milliers de personnes par un vulgaire vote de CA, c’est les politiciens qui disent nous représenter au gouvernement, mais qui mange dans’ main de tout ce beau monde-là une fois élus.
Y’est temps qu’on se mette à compter sur nos propres moyens pis qu’on fasse le ménage, qu’on fasse carrément la révolution ! Si on s’organise comme il faut, il va juste falloir qu’on se croise les bras, qu’on arrête, tous et toutes de travailler, pour voir leur vieux monde s’écrouler comme un château de cartes. On ramassera les débris après."
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