Depuis 3 mois, plusieurs personnes à Marseille et dans dʼautres villes de France se sont faites « approcher » par les RG en lien avec la question du Rojava et du Kurdistan. A chaque fois, ces personnes ont été « contactées » de manière individuelle et isolée. Cette fois-ci, ce qui est visé par les flics est le soutien actif à la lutte au Rojava, mais régulièrement des histoires similaires arrivent à des camarades impliqués dans dʼautres luttes. (Dernier récit en date, celui de Maxime Reynié, un journaliste engagé).
À travers un exemple particulier, ce texte vise à analyser et à comprendre la stratégie des RG et mieux se défendre collectivement de la police..
Stratégie policière : harcèlement et menaces feutrées
Un matin, un courrier est déposé dans la boîte au lettre de la maison de ses parents. A lʼintérieur une « convocation » est adressée nommément à une personne avec comme seul motif « affaire vous concernant », un lieu, une date et une heure de rendez-vous, ainsi que le nom et numéro de téléphone du flic en charge. Cʼest une lettre à en-tête du ministère de lʼIntérieur, avec tampon et signature : tout ce quʼil y a de plus officiel. Sʼen suivent des coups de téléphone, des SMS répétés, au ton familier et joueur (émoticones et compagnie) : un harcèlement continu pour faire venir cette personne au commissariat et à la convocation.
Ceci nʼest quʼun exemple des techniques dʼapproche. Les flics peuvent aussi suivre les personnes ciblées, contacter leurs proches ou les approcher physiquement : la technique bien connue du harceleur !
Deux possibilités sʼoffrent à elle/lui :
1/ Faire la/le mort/e. Ne pas se rendre à la convocation. Bloquer le numéro de téléphone du flic harceleur.
2/ Par curiosité, se rendre au commissariat pour connaître le motif de la convocation. Accompagnée ou pas dʼun avocat.
Cʼest dans ce second cas de figure quʼelle a été « accueillie » par le flic en question.
Il se présente comme étant la personne de référence, en restant flou sur qui il est. Et là commence une forme dʼ« interrogatoire prise de contact » : il laisse sous-entendre quʼil connaît bien le sujet (le Kurdistan en lʼoccurrence) ; il montre quʼil la/le connaît bien (en donnant des exemples précis sur sa vie privée et militante) ; il essaie dʼinstaurer un rapport de confiance et de bienveillance (tout en étant bien mielleux) ; il fait des menaces. Et cʼest à ce moment quʼelle/il se sent vulnérable. Il fait allusion à ses proches pour jouer sur la corde sensible et familiale. Il menace de sʼen prendre à eux/ elles si elle/il ne répond pas à ses attentes.
Dans dʼautres cas, les techniques de pression vont plus se concentrer sur lʼabsence de papier ou sur la toxicomanie : les techniques bien connues de lʼagresseur !
Le but recherché en intimidant et en isolant, est clairement dʼavoir des renseignements sur les milieux militants que fréquente cette personne (et ici sur les « voyages au Rojava »). En dʼautres termes, espérer avoir une personne indic dans ce milieu politique. Et cʼest à cet endroit que tout se joue pour eux.
Une situation difficile à vivre
Soit, il est facile pour elle/lui de sʼen foutre et elle ne sʼen préoccupe pas plus que ça.
Soit, elle/il se sent menacé/e et une forme de peur sʼinstalle : incompréhension initiale, paranoïa, troubles du sommeil, cauchemars, colère, stress, baisse dʼestime de soi dʼêtre allé chercher la convocation, sentiment dʼhumiliation, peur pour soi et ses proches, envie que ça se finisse vite... Et le meilleur moyen de casser cette spirale de peur et dʼisolement est dʼen parler.
Une réponse collective pour sortir de lʼisolement
En partageant les témoignages, on se rend compte que les techniques dʼ« approches » sont similaires. Ça permet de prendre du recul par rapport à ce qui nous arrive. On se rend compte que ça ne nous est pas adressé individuellement. Ce nʼest pas nous, personnellement, qui sommes visés, ce sont nos pratiques, nos convictions et ce que nous représentons. Personne nʼest à lʼabri de se retrouver dans cette situation. Et plus on arrivera à échanger et analyser collectivement, mieux on sera armé.e pour les affronter.
Enfin, de manière concrète, apprendre à discerner le travail de renseignement dʼune classique enquête judiciaire est important : cela permet de connaître les marges de manœuvre que lʼon a. On peut tout à fait choisir de ne pas se rendre à la convocation et de dire stop au harcèlement de RG.
Et cela sera plus simple, en collectivisant nos forces.
PS : Ces tentatives d’approches de RGs n’ont rien de nouveau. Déjà, il y a quelques années, elles avaient été régulièrement dévoilées par les camarades soucieux/ses de se protéger collectivement :
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