Les violences policières ne sont qu’une partie des problèmes suscités par l’existence de la police



À l’heure où des manifestations massives animent les États-Unis contre les violences policières racistes, résonne le slogan « abolish the police ». En France, les revendications autour de la police visent en général davantage l’arrêt de certaines pratiques policières (clé d’étranglement, plaquage ventral, contrôles au faciès, etc.) que l’abolition de l’institution policière elle-même. Acta.zone a sollicité Gwenola Ricordeau pour nous éclairer sur cette revendication et ses implications concrètes.

Penser l’abolition de la police, entretien avec Gwenola Ricordeau initialement publié sur Acta.zone le 10 juin 2020

Gwenola Ricordeau est professeure assistante en justice criminelle à la California State University, Chico, auteure de Pour elles toutes. Femmes contre la prison (Lux, 2019)

Suite aux mobilisations massives contre les violences policières racistes aux US, la ville de Minneapolis a annoncé le « démantèlement » de sa police, et d’autres localités planchent sur la réallocation des budgets des forces de l’ordre vers des projets communautaires. Abolir la police, la démanteler, arrêter de la financer (« defund »), qu’impliquent concrètement ces trois termes ?

Ces trois termes font référence à des choses quelque peu différentes en fait. La revendication du démantèlement des forces de police renvoie au mot d’ordre, déjà ancien, des mouvements pour l’abolition de la police : « Disempower, disarm, disband », c’est-à-dire « affaiblir, désarmer, dissoudre [les forces de l’ordre] ». Il s’agit d’une stratégie, expliquée par exemple par A World Without Police, en trois étapes, qui peuvent se chevaucher.

Affaiblir la police. Cela passe par l’opposition à la construction de nouveaux commissariats ou de nouvelles écoles de police (je pense à la campagne No Cop Academy à Chicago), à leur présence sur les campus universitaires ou aux campagnes de recrutement de policiers, mais aussi par obliger les centrales syndicales à refuser l’affiliation de syndicats de policiers.

Il s’agit aussi, et c’est important, de réduire le recours à la police. Il ne s’agit pas simplement de dire « N’appelez pas la police », mais de proposer de réelles alternatives. Celles-ci ne relèvent pas d’un code de bonne conduite individuelle : il faut construire des communautés fortes qui ont des ressources à offrir dans toutes les situations où ordinairement les gens font appel à la police. Il s’agit, par exemple, de se former collectivement à la gestion des situations de violences interpersonnelles, se former à la justice transformative ou à intervenir auprès de personnes qui ont des problèmes de santé mentale ou qui consomment des produits psychoactifs.



Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Articles de la même thématique : Justice

Retour sur le procès des militant·es d’Extinction Rebellion Dijon

Ce mercredi 16 août 2023, à 13h30, 7 rebelles d’Extinction Rebellion étaient covoqué·es au tribunal correctionnel de Dijon pour avoir effectué une action de désobéissance civile non violente le 10 mai dernier. À cette date, 8 personnes ont été arrêtées, ont fait de la garde à vue et 7 militant·es ont été perquisitionné·es et déféré·es au Tribunal (42 heures de détention pour ces derniers) pour avoir projeté de la peinture sur les façades et mis hors service quelques heures - avec de la colle - les distributeurs de trois agences BNP.

Affaire du 8 décembre : Appel à une Semaine Internationale des Solidarités !

Le procès des inculpé.es du 8 décembre se déroulera du 3 au 27 octobre 2023, Appel à une semaine de solidarité du 16 au 23 septembre. Toutes les personnes qui le souhaitent sont invité à faire retentir dans des formes variées notre détermination et notre rage contre ce monde de merde, et notre solidarité avec les inculpé.es

Articles de la même thématique : Police

Marche unitaire contre les violences policières

Marche unitaire samedi 23 septembre 14h place de la Libération.
Le meurtre de Nahel, tué par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières, et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron.

1312 raisons d’abolir la police : entretien avec Gwenola Ricordeau

Le mercredi 6 septembre, la caisse de solidarité contre la répression invitait Gwenola Ricordeau aux Tanneries pour qu’elle présente son livre 1312 raisons d’abolir la police.
Pour faire suite à cette invitation, nous vous proposons de réécouter les grandes lignes de son intervention au travers de cet entretien avec Radio Sauvage réalisé en janvier dernier.