Procès des premières manifs gilets jaunes : « les balances ne manquent pas »



Lundi 17 mai soutien au camarade qui se retrouve au tribunal à cause des pookies

Lundi 17 mai, se tiendra le procès d’une personne, d’un camarade soupçonné par Rebs et la justice d’être le meneur, l’instigateur de la manif du 1er décembre 2018, une manif gilet jaune .

Le fait même que ces gens cherchent un meneur dans cette révolte en dit long sur leur (in)compréhension de ce mouvement.

Pour un petit rappel des faits, décembre 2018 c’est le début du mouvement gilet jaune, jeune mouvement mais on a presque déjà tout entendu sur ce mouvement hors cadre.
Les gj étaient fachos, les gj n’avaient pas de revendications, il fallait que le mouvement se trouve des porte-paroles, il y avait déjà des bons et des méchants gj… Si les vestes des politiques, des centrales syndicales, des théoriciens de la révolte se retourneront vites et qu’ils/elles rivaliseront ensuite pour balancer des superlatifs qualifiant ce mouvement, pour l’heure le gilet jaune n’est pas à la mode.

« Et l’samedi y’a rien qu’du sang, une sale vie d’adulte, j’vais tout niquer ! »

Le samedi 1 décembre c’est donc un joyeux bordel, Dijon, sa rue de la pref, sa patinoire, son marché de Noël se prennent un sacré coup dans la gueule. Cette mise en scène pour bourges et consommateur·ices du centre ville est saccagée.
Les gens qui participent à ce saccage si il·les ne le crient pas spontanément savent très bien que ce spectacle, cette « féerie » offerte par la mairie n’est pas la leur (quand bien même c’est leur pognon qui est balancé par les fenêtres).
Et ne le sera sans doute jamais, on nous vend du luxe mais on aura plus de chance de la toucher un jour en pétant la vitrine qu’en allant bosser.
Et d’ailleurs si on pète la vitrine et qu’on met la main sur le grisbi sûrement qu’on le cramera pour se venger de la violence d’être pauvre.

Ce 1er décembre c’est cette ambiance qui règne, les sapins de la place de la Rep s’entassent dans une barricade /feu de joie devant la préfecture, les condés qui gardent la dite préfecture sont caillassés, une voiture est retournée, cramée. Nous avons l’impression que s’en est fini de l’aliénation, qu’on se réveille grognon·nes et qu’on veut des explications.
Bien sur le prefet comme Rebs préfère envoyer la flicaille pour s’expliquer alors ça tourne mal.
Des personnes sont blessées, il n’y a pas encore de médic team à ce moment mais spontanément des personnes prennent en charge l’évacuation des gens sonnés ou blessés de ce champ de bataille.

Bref une manif comme Dijon en vivra d’autres, nous n’avons pas réussi à prendre la pref mais nous avons réussi à tenir la rue sans nous connaître, sans être organisé·es ensemble et en faisant écho à ce qui se passait partout en France.

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"Pookie, pook-pook-pookie Ferme, ferme la porte, t’as la pookie dans l’side"

Rebsamen interviewé par le BP balance, un peu chafoin sans doute qu’on ait voulu brûler sa belle porte : « Le responsable est connu, c’est un syndicaliste bien trop connu sur Dijon ».
La présomption d’innocence c’est pour ses potes Strauss-Kahn, Sarkozy ou Joxe, pas pour les syndicalistes.
Le BP, qui a sûrement du demander en off à Rebsamen de qui il parlait, téléphone aussitôt au camarade et lui demande de réagir.
Le camarade un peu troublé mais toujours bienveillant demande au journaliste si il est possible de passer une annonce pour essayer de retrouver la raison que le maire de Dijon semble avoir perdue, c’est pas sa rubrique lui tout ce qu’il veut c’est une réponse.
Le camarade explique donc tranquillement au journaliste qu’ « il était à la manif, qu’elle était sympa et qu’il a participé à mettre en sécurité les gens blessés par les flics » et pour conclure il sort un jeu de mot clin d’oeil « qu’ils viennent me chercher ». Le BP doit aimer l’humour (ou qu’on cite Macron) puisqu’il ne retiendra que ça.

Rebs, lui c’est pas ce qu’on appelle un bout-en-train, en témoigne son passage au ministère du travail : la politique qu’il a amorcée et que poursuit Macron ne fait pas rire les chomeuses et les travailleuses.
Quand il voit la réponse, il demande au procureur de Dijon d’agir.
Mathais [1], qui pour briller aux yeux des politiciens (et ainsi faire une belle carrière) serait prêt à bouffer du cirage, n’en demandait pas plus. Le temps de rédiger quelques papiers et voila qu’à 6h du matin on frappe à la porte du camarde et « oh surprise » c’est pas le laitier, ni la boulangère c’est les poulets en nombre et sapés comme pour une intervention du GIGN.

On rassure tout le monde : hormis l’arrivée à 6h, le tambourinage sur la porte, les grosses voix qui gueulent et raisonnent dans la cage d’escalier, l’ordinateur du môme embarqué, le portable saisi, les menottes pour sortir de l’immeuble, les papiers perso fouillés, les tiroirs et placard ouverts, les gyrophares qui tournent devant les voisin·es qui se demandent ce qu’il se passe... ils n’ont fait preuve d’aucune violence.

Au bout de deux ans le camarade attend toujours de récupérer l’ordi de son gosse et son téléphone. Dans le dossier, l’exploitation de ces deux objets n’a rien donné.

Par contre ceux qui ont donné, les balances comme on les appellera, existent bien. Il y en a 2 anonymes, et c’est bien pratique quand on a pas grand-chose à se mettre sous la dent et qu’il ne faut surtout pas que cet « olibrius » puisse aller raconter qu’il s’en est tiré. Est ce Francois R ? Est ce rédigé par un cochon en uniforme voulant faire plaisir à un procureur en carton ?

« La restauratrice se met à table »

Une balance bien réelle est identifiée, la patronne d’un restaurant.
Restaurant qui s’était d’ailleurs fait agréablement remarquer en laissant entrer les blessé·es et en devenant le QG des GJ avant les manifs. Restaurateur qui avait pourtant subi la répression, la violence policière et municipale. La pression était-elle trop dure à supporter ? Le fait que Rebsamen ait pratiqué un abus de pouvoir en faisant retirer l’autorisation de leur terrasse, a dû compliquer les choses, peut-être pour les arranger la patronne s’est-elle dit « je vais balancer, pour calmer la colère du maire et récupérer mes 3 tables ».
Peu importe si il y a des choses qui peuvent expliquer, il n’y a rien qui peut excuser d’être une balance.

Quand tu en es à aller dire à un flic qui te demandes si tu connais cette personne que « oui il est déjà venu boire une bière, et qu’on t’avait dit que c’était un casseur » c’est que tu es une fin de race.
Le faire une fois c’est pouvoir le refaire.
« On devrait t’accrocher la langue avec une grue »

Tu aurais pu faire comme ton pote et répondre que tu ne le connaissais pas, mais t’as choisi de balancer.
On nous avait pourtant prévenu de pas faire confiance trop longtemps à des patrons.

Si les prisons sont pleines et que les gens sont comdamnés aujourd’hui la raison majeure c’est pas les drones, c’est pas l’ADN, c’est pas robocop le super flic... c’est les grosses balances qui bavent dans les bureaux des keufs. Quand on aura réussi à cloué les becs de canard des mouchards , niquer le reste de l’arsenal policier sera un jeu d’enfant.

« Tu deviens tout rouge, t’as chaud, tu t’reconnais
C’est à toi que j’parle balance
 »

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Parce qu’une fois que tu as bavé, des gens (après s’être fait défoncer leur porte et avoir passé du temps en GAV dans une cellule qui sent au mieux la pisse) se retrouvent à risquer gros devant des juges et procs qui brandissent tes confessions intimes comme des trophées. Tu participes à faire pencher la balance de la justice toujours du même côté.

Si nous espérons que le camarade soit acquitté, l’issue du procès qui va se tenir le 17 décembre est plus que mal engagée. Rebs veut sa peau, Mathais avec sa tete de fusée vise la Lune et pour ça il donne des gages au pouvoir depuis le début des GJ. En condamnant durement tout ce qui touche à ce mouvement.

Qu’on en soit bien conscient, ce qu’ils feront condamner ce n’est pas que le camarade soit ou non le cerveau de ce beau moment, c’est qu’il est une personne qui ne se désolidarise jamais de celles et ceux qui luttent.
C’est qu’il soutiendra n’importe quelle pratique de lutte tant que celle-ci va dans le sens de l’émancipation de celles et ceux qui en chient.

Si il veut s’en prendre à quelqu’un nous encourageons Rebsamen à « retirer son masque d’homme de gauche », et à se regarder dans un miroir.
La politique qu’il a mené au sein du gouvernement de Hollande, la "loi travaille" qu’il a participé à mettre en place font parties des violences que nous subissons tous les jours et qui ont été renvoyées à leurs instigateurs le samedi 1er décembre 2018.

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L’Assemblée du Collectif Anti-Balance


P.-S.

Soutien à celles et ceux victimes des poucaves


Notes

[1Éric Mathais, procureur de la république de Dijon

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