Où en sont les organisations syndicales ?
Dès le 4 octobre, une intersyndicale composée de treize organisations publiait un communiqué pour annoncer la couleur : elles sont fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation, et ouvertes pour mener des concertations pour plus de justice sociale.
Le 2 décembre, la CGT publiait un tract pour exprimer son refus de la réforme et clarifier ses propositions :
Pour la CGT il faut sans plus attendre :
• abandonner cette réforme ;
• un départ à la retraite dès 60 ans à taux plein ;
• des départs anticipés à 55 ans ou un trimestre de départ anticipé par années d’exposition pour les salarié·es exposé·es à des facteurs de pénibilité ;
• assurer un niveau de pension (taux de remplacement) d’au moins 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète ;
• élever le minimum de pension au niveau du Smic pour une carrière complète ;
• indexer les pensions sur l’évolution des salaires et sur celle des prix ;
• prendre en compte les années d’études au travers d’une validation des périodes de première recherche d’emploi dès l’inscription à Pôle emploi ;
• une politique volontariste d’égalité salariale femmes-hommes, améliorant la retraite des femmes et abondant les ressources des régimes.
Le 5 décembre, une intersyndicale réunie aux Lilas et composée de la CFDT, CGT, FO, CFE CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, VL, FAGE, FIDL et MNL publiait un communiqué annonçant qu’elle était prête à la mobilisation :
Les consultations en cours concernant notre système de retraite ont été une nouvelle occasion pour les organisations syndicales de faire des propositions dont aucune ne nécessite une réforme paramétrique. Le système par répartition n’est pas en danger, y compris pour les jeunes générations. Le gouvernement instrumentalise la situation financière du système de retraites et affirme à tort que le recul de l’âge légal de la retraite est un impératif.
De premiers arbitrages seraient ainsi rendus en ce sens dès la mi-décembre. Au moment où le contexte social, environnemental et économique est particulièrement difficile pour une partie croissante de la population, le gouvernement, en s’entêtant, porterait l’entière responsabilité d’un conflit social majeur.
Les organisations syndicales réaffirment qu’elles sont, comme la très grande majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite comme à toute augmentation de la durée de cotisation. La jeunesse, déjà fortement touchée par la précarité, serait fortement impactée par ce projet. Pour l’intersyndicale, des alternatives, y compris financières, existent pour améliorer les fins de carrière et les montants des pensions tout en faisant reculer les inégalités touchant particulièrement les femmes.
Les organisations syndicales et de jeunesse ont d’ores et déjà décidé de se revoir le jour-même des annonces gouvernementales, elles réaffirment leur détermination à construire ensemble les mobilisations passant en particulier par une première date de mobilisation unitaire avec grèves et manifestations en janvier si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.
Après l’annonce du report de la présentation du projet de réforme, l’intersyndicale réunie à Paris réaffirme ses positions dans un communiqué publié le 13 décembre :
Le président de la République a annoncé le report de l’annonce de la réforme au 10 janvier 2023.
Ce décalage de calendrier ne changera pas l’opposition de toutes les organisations syndicales et de jeunesse à tout recul de l’âge légal de départ en retraite.
Conformément au communiqué intersyndical du 5 décembre, les organisations syndicales et de jeunesse confirment qu’elles se réuniront dans la foulée de l’annonce de la réforme pour construire une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle, dès le mois de janvier, si le gouvernement maintient son projet.
La CGT en profite pour faire une mise au point et proposer une autre réforme :
Changement de stratégie
Le projet de réforme des retraites de 2023 n’est pas si différent de celui du système universel à point combattu à l’hivers 2019-2020. Pourtant, la stratégie pour arriver à faire passer le projet diffère.
Macron et son gouvernement ont tiré les leçons de l’échec de l’usine à gaz du projet à points. Le travail militant de la CGT avait permis de retourner l’opinion publique. Aujourd’hui, il a décidé de faire simple, mais l’objectif reste le même : diminuer la part des richesses produites consacrée au financement des retraites.
Un simple décalage de l’âge de la retraite à 65 ans ?
Le gouvernement Borne a décidé d’attaquer la réforme 2023 par le biais de l’allongement du temps de travail en décalant l’âge de départ à la retraite à 65 ans.
Cette mesure pourrait simplement être intégrée à un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale au premier trimestre 2023. L’autre mesure envisagée est d’accélérer la réforme Touraine.
Cette loi de 2014, allonge, génération par génération (à partir de celle née en 1958), le nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein pour atteindre 172 trimestres en 2035, soit 43 années de cotisation pour les Français ayant vu le jour en 1973.
La version 2023 est une réforme plus dure encore que celle de 2020
Sous couvert de contreparties comme le relèvement du montant minimum des pensions, la réforme 2023 est en fait encore plus dure que celle avortée de 2020.
Si elle était appliquée, elle serait plus rapidement défavorable aux salariés et accélérerait la baisse des pensions. Le Conseil d’Orientation des retraites estime que le pouvoir d’achat des retraités pourrait à terme baisser de 20% par rapport à celui des actifs.
La « garantie » d’un minimum de pension à 1 200 € n’est qu’un leurre, car elle ne serait effective que pour les carrières complètes.
La baisse du niveau des pensions est un appel d’air à la capitalisation
Cette dégradation, programmée du montant des pensions, pousse les salariés, qui en ont les moyens, à se tourner vers les assurances privées par capitalisation.
Une majorité contre la régression sociale
"Pour construire la mobilisation contre la baisse des droits du système universel de retraite par répartition, nous pouvons compter sur l’opinion publique" a insisté Catherine Perret, membre du Bureau confédérale en charge du dossier des retraites lors d’un meeting à Toulouse.
En effet, une majorité de français.es a bien compris les conséquences du projet et refuse toute nouvelle régression sociale. Les sondages d’opinion soulignent que ce refus touche toutes les générations et catégories professionnelles.
La CGT propose une autre réforme.
Il faut s’appuyer sur l’opinion publique pour passer du mécontentement à l’action collective.
Il s’agit non seulement de s’opposer au projet Macron-Borne, mais aussi de partager les propositions de la CGT pour améliorer le système de retraite existant :
- retour à un départ à 60 ans,
- pension minimum au niveau du SMIC à 2 000€,
- prise en compte des années d’études, …
Comment ? En allant chercher de nouveaux financements :
- fin des exonérations de cotisations,
- hausse du taux de cotisation,
- égalité professionnelle femmes-hommes, ...
Documents pour en savoir plus sur les retraites
Document du Pôle Santé / Reconquête de la Sécurité sociale de la CGT :
Tracts de la Fédération Sud/Solidaires des Transports Urbains et Interurbains :
Tract de la CGT du Conseil Régional Bourgogne Franche Comté :
À bientôt dans la rue !
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