Sale temps pour les capitalistes : Rabasse.info rejoint le réseau Mutu pour relayer les luttes de Franche-Comté !

Appel à constituer des greniers des Soulèvements



Le réseau de ravitaillement rennais faire part de son expérience mutualiste et pointe l’importance de l’autonomie alimentaire pour l’écologie et les luttes sociales

C’est en lisant le texte du comité caennais des Soulèvements de la Terre "Reprendre, Démanteler, Communiser" [1] que nous, membres du Réseau de ravitaillement des luttes du pays rennais et du comité rennais des SDT, avons eu envie de poursuivre les propositions sur la subsistance qui semblent traverser les comités des SDT nouvellement créés.

Comme le soulignent les camarades de Caen, la structuration de l’économie capitaliste coupe une majorité de la population de tout moyen d’autosubsistance et son fonctionnement sous sa forme actuelle pousse 8 millions de personnes à dépendre de l’aide alimentaire. Nous pensons qu’il faut continuer à dire et à défendre que l’idéologie bourgeoise repose sur une dépossession. Les populations ont été dépossédées avec le temps des moyens et des savoir-faire qui leur permettaient d’assurer des formes d’autonomie matérielle. C’est cette idéologie qui les oblige, pour survivre, à vendre leur temps et leur énergie sur le marché du travail. Plus cette dépendance au marché est grande et les moyens d’autonomie des populations sont faibles, plus les conditions de l’accumulation capitaliste et le désir de contrôle des classes dirigeantes et possédantes sont satisfaits.

Or, notre attachement aux biens matériels produits par l’économie capitaliste rend difficile la construction d’une opposition sérieuse à cette perte d’autonomie. Cette situation complexe est résumée par Aurélien Berlan, dans son livre Terre et Liberté :

l’impasse socio-écologique dans laquelle nous nous enfonçons tient au fait que nous sommes devenus vitalement dépendants d’un système qui sape à terme les conditions de vie de la plupart des êtres vivants [...] nous en sommes prisonniers, matériellement et mentalement, individuellement et collectivement.

Dans le même sens, nous pensons qu’il faut aussi questionner la désirabilité du travail de la subsistance. En effet, ce "piège idéologique" de la culture bourgeoise "classe dans le même ensemble le travail servile, le travail paysan et le travail domestique des femmes au foyer modernes et repose sur le mépris envers les processus naturels liés à la vie" [2].

Nous avons alors ressenti l’importance de nous demander comment se réapproprier et construire collectivement nos conditions d’existence.
Mais, nous faisons face à un deuxième constat, partagé par le comité de Caen :

un isolement des différentes initiatives de résistance, leur morcellement, qui les vouent à l’impuissance : les luttes syndicales paysannes empêtrées dans une forme de corporatisme sectoriel ; les marches pour le climat confrontées à l’impuissance sans horizon des manifestations, même massives, réduites à interpeller les gouvernant.e.s pour qu’ils agissent contre leurs intérêts ; l’inconséquence libérale-libertaire des modes d’action « autonomes » égarés par leur propre dispersion et leur absence de stratégie coordonnée ; les collectifs d’habitant·e·s de territoires en lutte qui mènent des batailles locales contre des projets industriels écocidaires, sans avoir — trop souvent — les moyens de vaincre.

Face à ce morcellement de nos résistances, il serait merveilleux que la formule médiatique "l’inaction climatique du gouvernement" se vérifie. Or, l’expression est en partie malheureuse : inactifs, ils nous laisseraient la possibilité de nous organiser, de déployer des alternatives. Mais ils attaquent sans répit et de tous les côtés, celui des retraites comme celui des méga-bassines. Les classes dirigeantes et possédantes œuvrent à renforcer les structures qui assurent leur domination, avec d’autant plus d’entrain qu’elles espèrent ainsi échapper aux conséquences les plus dramatiques de la crise écologique un peu plus longtemps que les autres. La stratégie est immorale, mais relativement rationnelle, du moins à court terme.
Face à ce niveau de conflictualité, les alternatives seules sont inoffensives. Mais s’opposer seulement n’est pas non plus suffisant. Il est essentiel que chaque geste d’opposition soit organiquement mêlé à une proposition positive, à l’ébauche du monde que l’on aspire à voir émerger à la place du leur. Il est essentiel stratégiquement mais aussi pour nous, pour que la lutte soit désirable, habitée par des affects joyeux.

La tentative de construction mutualiste rennaise

Au sortir de la lutte contre la loi travail en 2016, une partie du milieu autonome rennais a engagé un travail de réflexion autour des questions d’autonomie, que ce soit le logement, la formation ou l’alimentation. Cette dernière dimension a amené à la création du Cartel des cantines, qui deviendra par la suite le Réseau de ravitaillement des Luttes (R2R). L’objectif du réseau était alors de répondre pratiquement à la question : "Comment nourrir efficacement les luttes sociales ?" [3]



Notes

[1Reprendre, Démanteler, Communiser, - Texte du comité caennais des SDT (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/reprendre-demanteler-communiser)

[2La subsistance, Marias Mies & Veronika Bennholdt-Thomsen

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Articles de la même thématique : Autonomie matérielle

Programme perpétuel des Lentillères

Envie d’arreter le capitalisme ? De faire du pain ? Ou d’en apprendre plus sur les zappatistes, de faire du maraîchage, d’écouter un bon concert de punk, de réparer ton vélo, d’apprendre à conduire dans une auto-école buissonière ? Voici toutes les activités rejoignables du quartier libre des Lentillères ! Dans ce programme perpetuel de l’année 2024, les collectifs du quartier t’expliquent comment et pourquoi les rejoindre.. à toi de jouer !

Qui a peur de la critique anti-industrielle ?

Retour sur les origines de la critique anti-industrielle et mise en perspective de ses apports à la critique actuelle du monde tel qu’il va mal, dans le but d’instaurer un débat au sein des mouvements de critiques radicaux de gauche. Positionnement dans ce débat du collectif Ruptures.

Articles de la même thématique : Soulèvements de la Terre

[Podcast] Présentation détaillée de la Saison 7 des Soulèvements de la Terre

Sur la Radio amie Zinzine - radio libre installée en Provence depuis 1981 - deux émissions du programme Quand la terre se soulève nous proposent de découvrir de façons détaillées les différentes luttes qui vont rythmer la Saison 7 des Soulèvements de la Terre à la cadence d’éperonnage . Ici les émissions vont dans le fond des choses et donnent la parole à des militant.e.s qui nous présentent à travers leurs enjeux et leur histoire, leurs luttes et leurs complexités.

[En images] Sainte Soline, un an après !

Rendez-vous était donné pour un banquet samedi 23 mars sur la place Wilson pour fêter l’anniversaire de la manifestation de Sainte Soline et témoigner de la persistance des mouvements écologistes malgré la répression.