Sale temps pour les capitalistes : Rabasse.info rejoint le réseau Mutu pour relayer les luttes de Franche-Comté !

Brèves



Petit florilège de brèves.

L’état broie du noir

À Dijon, un rassemblement de soutien à Nowai s’est déroulé le 24 septembre devant la mairie. Cette lycéene d’origine guinéene a reçu peu de temps après la fin des examens un OQTF (obligation de quitter le territoire français). Le fait qu’elle n’ait plus aucune attache en Guinée et que sa vie se soit construite en France (ami·e·s, projet, conjoint) n’a pas vraiment ému la machine préfectorale. On appréciera la finesse de la décision.

Une grande banderole du RUSF (Réseau université sans frontières) marquée du slogan « Ni sélection, ni expulsion » est déroulé tandis que des tracts d’informations sont distribués. C’est l’occasion d’informer les gens des brutalités policières et de l’arbitraire administratif. Au bout d’une heure et face à l’endormissement de la centaine de participants, décision est prise de partir en cortège jusqu’à la préfecture pour soutenir symboliquement la délégation. Celle-ci ne défend pas seulement Nowai, mais aussi cinq autres cas de jeunes scolarisé·e·s menacé·e·s d’expulsion. Notons pour l’anecdote que le traditionnel cortège pantouflard a été égayé par quelques gros pétards salutaires.

Le lendemain à 9h, procès de Nowai au tribunal administratif. L’avocate axe la défense sur l’absence de famille en Guinée-Conakry suite au décès récent de sa mère (dernier lien avec le pays d’origine), mais l’axe principal reste le sérieux dans les études suivies malgré l’échec relatif au baccalauréat. Cette forte baisse des résultats scolaires s’explique facilement : le harcèlement administratif et le séjour en camp de rétention pendant l’année scolaire n’ont pas aidé Nowai à garder le moral et sa position de très bonne élève. La défense est bien menée, mais vu l’énormité de la situation, c’est normal. Cependant c’est loin d’être gagné pour autant. Verdict dans 3 semaines pour savoir si une autre vie a été brisé par la froideur légaliste et la politique absurde et démagogique des quotas, à savoir 25 000 expulsions à réaliser coûte que coûte avant la fin de l’année.

Le Toboggan toujours muré

Légalement expulsable depuis novembre dernier, le Toboggan, squat situé 60-62 rue Charles Dumont à Dijon, a été évacué le 24 mai par deux compagnies de CRS (soit 6 fourgons), venues de la région parisienne pour l’occasion, avec le soutien de la direction départementale de la sécurité publique.

La police a choisi de prendre les occupant·e·s par surprise, à 16h. Après avoir défoncé la porte, la vingtaine de CRS en tenue de combat a rapidement maitrisés les deux personnes présentes dans la maison a ce moment là. À l’extérieur, c’est avec le godet d’un tractopelle que les équipes de déménagement de la municipalité ont sorti meubles et effets personnels, bloquant la rue pendant plus de deux heures. Quelques voisins, passants et amis manifestérent leur soutien aux expulsés avant que les ouvriers commencent a murer toutes les issues de la maison.

Depuis, rien... Ce qui fut un lieu d’activités et de vie est resté et restera vide jusqu’à ce que la municipalité daigne le démolir sous pretexte d’urbanisation.

Quoi qu’il en soit, une expulsion, des ouvertures !

Violences rurales

La tradition, c’est plus ce que c’était.
À l’occasion des « mais » (tradition qui veut que la nuit du 30 avril au 1er mai les jeunes gens déposent des branches devant la porte de leur petite amie) de nombreux villages du nord Côte d’Or ont connu des dégradations : boîtes aux lettres arrachées, des volets et des portails démontés et abimés, excréments humains sur le toit des voitures, bouses de vache balancées à la pelle sur les façades, chariot fleuri vandalisé, mais aussi panneaux électoraux de Sarkozy et Royal jetés à la flotte ; il faut croire que chez les jeunes campagnards aussi on sait s’amuser. Un maire, dépité, constatant amèrement qu’ « il n’y a pas eu la moindre branche, nulle part », a décidé d’interdire par arrêté municipal la tradition, qu’il juge dévoyée.

Les bactéries, avec nous !

Des bactéries de légionella ont été décelées dans les douches du commissariat de la place Suquet. Nous nous en serions émus si les personnes en garde-à-vue avaient droit à la douche...

Quand on veut, on peut

Un couple dijonnais, « catégorie poids plume » d’après le journaliste du BP qui a assisté à leur procès, a mis au tapis un flics d’1,95m dans une baston à la sortie d’une boîte contre une patrouille de police. Ils étaient bourrés et n’ont pas apprécié que les condés interviennent dans leur embrouille. Deux mois fermes, quand même.

Victoire juridique suite au procès de l’occupation du consulat du Mexique à Dijon

Le mardi 12 juin à la cité judiciaire de Dijon, six personnes sont passées en procès, suite à une occupation du consulat du Mexique à Dijon.

L’action incriminée s’était déroulée le 1er septembre 2006, en marge des rencontres de l’Action Mondiale des Peuples qui rassemblait à Dijon des centaines de militant·e·s de divers pays européens. Elle visait à montrer une solidarité vis-à-vis des luttes à Oaxaca, région du Mexique autogérée pendant quelques mois par une assemblée populaire, dans le cadre d’un soulèvement massif visant entre autres à chasser le gouverneur tyrannique de la région (voir précédents numéros de blabla). Les occupant·e·s voulaient dénoncer la répression sur place, et demandaient à ce qu’un communiqué de protestation soit envoyé à l’ambassade, ainsi qu’à l’Etat mexicain depuis le consulat.

Après des arrestations sélectives, à la couleur de peau notamment, et une garde à vue de quelques heures, six personnes ont été poursuivies sur différents motifs (« violation de domicile », « vol aggravé » avec violences et en réunion) avec la volonté de criminaliser une simple occupation.

Un rassemblement de soutien a mobilisé jusqu’à 80 personnes entre 15h et 20h à l’entrée du tribunal lors du procès. Une exposition de photos sur les luttes à Oaxaca ainsi qu’une banderole annonçant « ici comme au Mexique, solidarité contre la répression » interpellaient les passant·e·s. De nombreux tracts d’information sur les luttes sociales au Mexique ont été distribués à cette occasion.

Lors de l’audience, divers témoins ont insisté sur le caractère arbitraire des accusations et des arrestations. Tant et si bien que le procureur lui-même a convenu que les délits de vol et violence ne tenaient pas et s’est contenté de demander une amende symbolique pour la violation de domicile qu’aurait constitué l’occupation. Les avocat-e-s des inculpé·e·s se sont donc attaché·e·s à démontrer que même la « violation de domicile » ne pouvait être retenue dans le cadre de l’occupation d’une institution ouverte au public. Maître Clémang, l’une des trois avocat·e·s, est par ailleurs revenue en détail sur la répression des militant·e·s politiques et les abus des Droits de l’Homme au Mexique, en s’appuyant notamment sur les récents rapports d’Amnesty International. Finalement le 10 juillet le verdict tombe : c’est le non-lieu !

Une petite victoire mais pour laquelle cela valait le coup de se battre, tant la possibilité d’occuper des locaux pour faire pression sur des institutions ou revendiquer une solidarité internationale est un moyen d’action primordial... et que l’Etat cherche de plus en plus à transformer en délit « terroriste ».

Violences urbaines

D’après le baromètre BP/Burn-a-car, l’année 2007 promet d’être un grand cru : déjà 123 voitures brûlées mi juin, alors que le record s’établissait jusqu’ici à 132 en 2005 !

Les dirigeants socialo, trop cons pour s’apercevoir que s’ils perdent élections sur élections ce n’est pas à cause de leur supposé laxisme en matière de sécurité mais parce qu’ils appliquent tous les dogmes de l’économie libérale et ont délaissé les classes populaires, en font des tonnes : Esmonin, maire de Chenôve, parle de « mansuétude incompréhensible » de la police et de la justice envers les incendiaires, tandis que Rebsamen n’a pas peur de rappeler que « ces délinquants sont des criminels » (sic), et réclame plus de flics, sans quoi il ne servirait à rien de mettre en place le système de vidéosurveillance qu’il a d’ores et déjà mis à l’étude.

Dans les quartiers, les réactions des habitants sélectionnés par le BP sont mitigées : l’un rappelle, en parlant de la façon dont sont vus les feux de voitures, que « il y en a que ça fait rire, et d’autres qui ont de la haine contre ceux qui font ça », alors qu’une dame âgée s’inquiète de ce que « un jour, ils finiront par tous nous faire brûler ».

Finalement, l’analyse la plus intelligente de la situation, c’est à un flic qu’on la doit (c’est dire le niveau des autres !) : « c’est un problème social, de rejet des valeurs que nous avons en commun, et qu’il s’agit de faire admettre tout de même à ces individus. Ils avancent souvent un motif politique, sans qu’on sache si c’est un alibi pour un comportement habituel, ou une réelle menace adressée à l’Etat. »

Et comme il n’y a pas que les feux de voitures, un petit tour des quartiers populaires dijonnais :

  • Chenôve : les matelas de réception de saut en hauteur du stade Léo Lagrange flambent. Le lendemain, c’est au tour des matelas de saut à la perche !
  • Longvic : Alors que l’arrestation d’une dizaine de gamins était censée avoir stoppé la « vague de violence » sur la commune, un nouveau gymnase brûle fin mai. Ne sachant plus quoi proposer comme fausse solution au problème de « l’insécurité », la dépitéemaire Claude Darciaux enjoint ses concitoyens à ne sortir leurs poubelles que le matin, comme les y oblige le règlement, pour éviter qu’elles ne partent en fumée pendant la nuit.
  • Quetigny : Abri de chantier dégradé, voitures de la poste incendiées, bande de 10 à 20 jeunes qui mettent le feu à des voitures, vitrines de commerces explosées pour voler des glaces à l’eau, Quetigny se voit décerner la palme Blabla 4 du quartier le plus chaud. Seule fausse note : la maladresse des casseurs, qui ont fracassé les deux vitrines attenantes au local de Claude Darciaux, sans parvenir à atteindre celui-ci. À noter : le boulanger, suite à ce qui était sous-entendu dans l’article du BP, tient à faire savoir qu’il n’accuse en aucun cas les jeunes qui ont leurs habitudes sur la place devant sa boutique.

Contrôleur mesquins et facétieux

Plutôt énervée d’avoir pris une amende de 72 pour « pied chaussé en contact avec une assise de siège » dans un train, une Beaunoise s’est vu répondre par les contrôleurs : « vous avez voulu voter Nicolas, et bien voilà le résultat ».

Les flics font joujou à la gueguerre

Début juin, 200 flics sont venus s’entraîner à Dijon à la répression des « violences urbaines », tandis qu’une cinquantaine de leurs collègues faisaient les « casseurs » en leur balançant des patates. Les situations envisagées ? Barricades, attaques de commissariats, embuscade, et même attaque chimique. Les objectifs ? « il est de faire en sorte que dans ce type d’opération, il y ait le moins de blessés possible parmi les policiers. ». Au moins ça a le mérite d’être clair...

Quelques grèves

Saluons les salarié·e·s de la Société Mécanique des Tilles à Genlis, de Valeo (industrie automobile) et de Nestlé à Dijon pour leur mouvement de grève au mois de juin. À noter dans le dernier cas que la CFDT double son habituelle traîtrise par une fourberie sans nom, puisque non contente d’avoir contribuée à l’arrêt du mouvement, elle en revendique les victoires (augmentation, primes, etc.) alors que depuis le début elle appelle à la reprise du travail. Chez Rolot et Lemasson (bijouterie industrielle) par contre, les patrons maîtrisent parfaitement la novlangue : alors que les salarié·e·s craignaient une délocalisation, ils parlent eux de « sources de travail moins chères » Mais ils ont raison, à partir de maintenant, on ne dira plus « pendons les patrons », mais « débrouillons-nous pour que ceux qui nous exploitent soient mis définitivement hors d’état de le faire ».

Artistes engagés

Sarkozy a Doc Gyneco et Johnny, de Colette Popard a Yves Jamait et Daniel Fernandez. Le premier a été touché par « l’humanisme et la part sociale de sa lutte », et le second la sent « simple, populaire, aimée » et remarque que « quand elle fait une promesse, elle la tient ». En effet, elle avait promis d’expulser l’espace autogéré du Tobbogan, elle l’a fait, avec humanisme et simplicité.

Gitans, UMP, même combat

Anne-Marie Beaudouvi, candidate UMP sur la circonscription de Longvic, qui avait cru malin de louer un camping-car pour mener sa campagne, s’est vu notifier par les municipaux que le stationnement de ce genre de véhicule est interdit dans la commune. Amusant de voir que pour une fois les dispositifs de contrôle social se retournent contre celles et ceux qui les instaurent.



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