L’Espace Autogéré de Tanneries est un centre culturel et politique occupé depuis 1998. Chaque semaine, s’y déroulent des activités allant des concerts de musique indépendante aux ateliers d’informatique populaire, en passant par diverses réunions, débats, projections et autres manifestations.
Après des années de lutte contre les menaces d’expulsion qu’ont fait peser sur le lieu les municipalités successives, notre espace autogéré bénéficiait d’une relative stabilité à partir de 2002, par la signature d’une convention d’occupation avec la mairie. L’énergie dépensée à défendre le lieu a dès lors pu être consacrée au développement de ses structures dans le long terme. Sont ainsi venus s’ajouter à l’existant une zone de gratuité, un infokiosque, des espaces de réunion, une bibliothèque, entre autres ateliers de sérigraphie et labo photo, auto-construits sans subvention.
Mais en mars 2007, nous apprenions que la municipalité s’apprêtait en toute discrétion à céder le terrain sur lequel se trouve l’espace autogéré des Tanneries à la Générale de Santé, dans le but d’y construire une clinique privée.
Après plusieurs tentatives infructueuses d’entrer en contact avec la municipalité, nous prenions les devants, tirions la sonnette d’alarme et relancions la mobilisation. Le 26 mars, l’occupation du conseil municipal, soutenue par un rassemblement de quelque 300 personnes en extérieur, nous permettait d’obtenir confirmation qu’un projet nous menaçait, ainsi qu’un rendez-vous avec le Maire, soudain plus ouvert à la discussion.
Nous avons alors clairement annoncé notre intention : maintenir notre projet en l’état, celui n’étant « ni déplaçable, ni dépeçable ! ». Pas question de balayer dix ans d’expérimentation, de création, d’aventure collective, d’activités publiques et de passion ! Sans réponse formelle de la Mairie quant à l’avenir du lieu, nous avons donc choisi de maintenir la pression.
Des mots de protestation sont parvenus à la mairie des quatre coins de l’Europe, appuyés par plusieurs manifestations de soutien aux Tanneries, à Copenhague, Berlin ou encore à Barcelone, alors que le 19 mai, quelques 400 dijonnais·es participaient à une manifestive contre la destruction des Tanneries. Au lieu de se disperser, les manifestant·e·s occupaient alors le square des Ducs, situé derrière la mairie, et plusieurs personnes grimpaient aux arbres pour suspendre de grandes banderoles, et y établir un campement aérien.
Refusant de descendre sans engagement clair de la municipalité sur l’avenir de l’espace autogéré, nous sommes resté·e·s perché·e·s quelque 24h, jusqu’à signature d’un nouvel accord avec la Mairie, renouvelant notre convention d’occupation... jusqu’en 2011 ! Dans la foulée, il était négocié avec la Mairie que la possible implantation de la Générale de Santé sur le site des abattoirs ne remette pas en question notre convention.
Les 9 et 10 juin, nous avons donc transposé la manifestation, initialement prévue dans la rue, aux Tanneries pour fêter les dix ans du lieu avec Keny Arkana, Guerilla Poubelle, René Binamé et plus d’un millier de personnes.
Ces deux mois d’agitation sont venus confirmer ce que l’expérience nous a toujours montré : que nous n’obtenons rien sans nous mobiliser, et que si nous devons notre victoire à ce que nous avons construit sur les années, c’est aussi et surtout grâce à la solidarité, aux coups de mains petits et grands de tou·te·s celles et ceux qui ont choisi de nous soutenir, de vivre partie de cette aventure, que nous avons pu résister.
Outre un état des lieux de la situation, ce texte a pour vocation de vous remercier, et de rappeler, pour les intéressé·e·s, que l’avenir de l’espace autogéré reste à co nstruire. Faites-nous part de vos envies, de vos idées ! Par ailleurs, n’oublions pas que si nous avons obtenu une trêve momentanée, d’autres espaces similaires sont en proie à la répression, menacés de disparition. Parce qu’il n’est pas question d’oublier nos sœurs et frères, soyons solidaires du Köpi à Berlin, du Blitz à Oslo, des genevois·e·s et danois·e·s qui agissent chaque semaine pour reprendre des lieux et maintenir la pression après des expulsio ns retentissantes (Ungdomshuset, La Tour, Rhino...) et tous les espaces autogérés resistant contre vents et marées !
Deux jours d’actions internationales décentralisées en soutien aux squats et espaces autonomes sont annoncés pour les 4 et 5 avril 2008, nous vons invitons à y prendre par à nos côtés.
Dijon, septembre 2007, Espace autogéré des Tanneries.
Chaque premier mercredi du mois
Un rendez-vous privilégié pour découvrir les activités des Tanneries et s’impliquer :
- De 16h à 19h, ouverture de la zone de gratuité, de l’infokiosque, de la bibliothèque et du hacklab pRiNT. Ces ouvertures pourront s’accompagner e lectures, ateliers, goûters et évènements divers. Elles s’ajoutent au ouvertures régulières lors des évènements et soirées publiques de la salle de spectacles.
- À 19h, réunion de coordination des activités des Tanneries. Si vous êtes intéressé·e·s par le local de répet’, l’atelier de sérigraphie, la zone de gratuité, pRiNT, l’infokiosque aux Tanneries ou en ville, la bibliothèque, l’aide juridique aux inculpé·e·s et aux squats, l’accueil de divers évènements et ateliers réguliers dans le lieu, les espaces vélos ou mécaniques.... vous êtes fortement invité·e·s à passer à ce moment-là pour discuter et s’organiser.
Si vous souhaitez continuer à être tenu·e·s au courant de la programmation et des évènements liés à l’espace autogéré, voire plus largement des actions et manifestations dans lesquelles s’active la nébuleuse libertaire dijonnaise, deux listes d’infos existent :
- tanneries-annonces, programme des activités de l’Espace Autogéré de Tanneries ;
- brassicaliste, agenda des activités alternatives et libertaires dijonnaises.
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