Le jeudi 13 mai, vers 9h30, j’ai jeté un œil à mes messages alors que j’allais commencer à préparer le dîner pour la soirée de l’Aïd. L’un des militants du « No Evictions Network » (« réseau anti-expulsion ») a publié une photo d’un fourgon des services d’immigration dans la rue Kenmure à Pollokshields et avait déclaré qu’il essayait de comprendre ce qu’il se passe, et a demandé à d’autres membres du réseau de venir le soutenir. Alors que de plus en plus de membres du réseau arrivaient, il s’est avéré que des agents de l’immigration (équivalent de la Police aux Frontières en France) avaient fait une descente au domicile de deux hommes, Sumit Sehdev et Lakhvir Singh, et les avaient mis dans leur fourgon.
Le fourgon de l’immigration n’a pas pu partir car il était encerclé par des militant·es, et l’un d’eux s’était glissé sous le fourgon (et y est resté huit heures pour s’assurer qu’il n’irait nulle part). Les militant·es ont rapporté que la police écossaise est venue aider les agents de l’immigration en essayant de appelant les militants à se disperser.
En signe de solidarité, des milliers d’habitant·es de Pollokshields ainsi que des personnes de toute la ville se sont rassemblés pour empêcher cette descente des services de l’immigration. Les deux hommes, tous deux migrants originaires d’Inde, ont finalement été libérés.
Tout au long de la journée, j’ai lu des articles de presse et des commentaires sur les réseaux sociaux sur la gentillesse et l’accueil des habitant·es de Glasgow envers les nouveaux arrivant·es, comme si cela suffisait à expliquer la solidarité massive contre ce raid d’immigration en particulier. Si Glasgow a la réputation d’être une ville amicale, elle a également une histoire de racisme qui remonte à l’époque de l’empire et aux attaques contre les marins noirs en 1919. J’ai également lu des articles attribuant la libération des deux hommes aux actions individuelles d’activistes.
C’est une erreur.
Les individus et les habitant·es sympathiques de Glasgow ont sans aucun doute joué un rôle, mais la véritable raison de l’immense solidarité manifestée dans les rues de Pollokshields et de la libération des deux hommes doit être attribuée à l’infrastructure populaire que la ville a construite au cours de son histoire de solidarité avec les migrant·es depuis qu’elle est devenue une ville de dispersion pour les réfugiés du système d’asile en 2000.
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Traduction en français d’un texte publié à l’origine en anglais, le 18 mai 2021, par Smina Akhtar, sur le blog « Identities » : https://www.identitiesjournal.com/blog-collection/the-battle-of-kenmure-street
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