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Caméras à Dijon et dissolution de la CNIL à Paris



Surfant sur la vague de l’insécurité, le maire François Rebsamen a annoncé lors du conseil municipal du 12 novembre le déblocage d’un budget assez conséquent pour la mise en place de caméras de surveillance un peu partout dans Dijon. Ainsi, sous couvert de protection bienveillante du citoyen, on verra bientôt fleurir un peu partout des yeux de grand frère protecteur (Big Brother en anglais...).

Évidemment, on trouvera toujours les citoyen·ne·s modèles qui n’attendent que ça, au nom de leur protection contre les pervers, les méchants, les pauvres et les moches qui envahissent nos rues si belles. Du coté politique institutionnel, personne à Dijon ne semble s’être alarmé, ni même interrogé tout haut sur le processus en route de contrôle à tout va, d’intrusions permanentes dans nos vies pour notre plus grand bien. Le consensus sécuritaire règnerait-il de tous bords ? Heureusement, à l’annonce de la décision du Conseil municipal, un certain nombre de dijonnais·e·s ont décidé de se mobiliser coûte que coûte contre l’installation des caméras, notamment par le biais des assemblées populaires (voir l’encadré dans ce numéro de Blabla).

Dans sa lettre aux commerçants annonçant la bonne nouvelle [1], François Rebsamen évoque bien les problèmes éthiques potentiels posés par l’installation de vidéosurveillance. Ouaaais ! Mais c’est pour balayer immédiatement la question d’un revers de main, par l’évocation rassurante d’un Comité d’Éthique. Ah, bon, aucune inquiétude à avoir, alors ! S’il y a un comité d’éthique, nous n’avons plus besoin de nous inquiéter pour notre vie privée, des experts s’en chargent à notre place. Confiance donc… Comme d’hab’, on prône la démocratie participative et autres leurres et on crée un comité d’éthique après que la décision ait été prise et financée sans aucun débat public préalable. Inutile de dire que ce comité d’éthique n’aura aucun pouvoir pour empêcher l’installation des caméras. Alors à quoi ça sert, sinon à faire passer la pillule dans la novlangue citoyenniste. À vrai dire, de tels comités d’éthique ne seraient-ils pas une des raisons de l’assoupissement général ?

Et au niveau national alors ? Serait-il possible que le même processus existe ? Un Comité éthico-soporifique, voyons… ah mais oui ! La CNIL ! Vous savez, l’organisme veillant et bienveillant qui a autorisé récemment la SACEM à accéder aux adresses IP des internautes qui font du peer-to-peer. Ce même organisme qui est en train d’ouvrir les vannes de la biométrie dans les cantines d’écoles, les entreprises, sur les cartes d’identités et les passeports (empreintes digitales, photos où il faut avoir le visage dégagé, une expression neutre, etc.)… La combinaison entre reconnaissance faciale et caméras, dijonnaises ou non, annonce par ailleurs bien des plaisirs…

Convaincues que la CNIL a maintes fois prouvé son échec, voire sa dangerosité, non par faute de moyens mais par son rôle même, une petite centaine de personnes a envahi vendredi 14 décembre ses locaux, et a symboliquement prononcé sa dissolution.

CNIL, après la dissolution, l’expulsion !

Les occupant·e·s étaient venu·e·s de toute la France et impliqué·e·s dans divers collectifs d’analyse, d’information et d’action (entre autres : Groupe Oblomoff, Pièces et Main d’Oeuvre, Mouvement pour l’Abolition de la Carte d’Identité (MACI), Halte aux puces !, Coordination contre la biométrie, Souriez vous êtes filmés !).

Des banderoles ont été accrochées à la façade. Elles annonçaient : « La CNIL 1978-2007 : dissolution », « Informatique ou liberté, il faut choisir », ou encore « Fichage, adn, biométrie, vidéo-surveillance : L’état contrôle, la CNIL s’incline ».

Après dispersion dans les locaux pour annoncer la dissolution de l’institution et distribuer un texte explicatif, les occupant·e·s ont convoqué une réunion à laquelle ont assisté une partie des employés ainsi que le secrétaire général Ian Padova, et y ont exposé leurs raisons en détails :

Depuis sa création en 1978, la CNIL n’a cessé de faciliter et de légitimer l’exploitation numérique de nos vies.

Main dans la main avec les gouvernements et les industriels, elle a concrètement travaillé à ce que l’inacceptable semble acceptable, en réduisant la liberté au contrôle des flux informatiques. Sa mission a consisté à endormir toute critique et toute révolte, en jugeant à notre place et en notre nom de ce qui pouvait porter le nom de liberté.

Loin de « protéger les libertés » comme elle le prétend, la CNIL favorise le développement du contrôle policier des populations via les nouvelles technologies dites « de l’information et de la communication » (TIC) : prolifération des fichiers policiers, vidéosurveillance, biométrie, fichage ADN, puces RFID, passeport biométrique, traçabilité des internautes, etc.. « Les Français devront accepter un affaiblissement des libertés individuelles afin de renforcer la sécurité collective » : nous dit la CNIL en 2005.

Nous contestons la fonction prétendument protectrice de la CNIL, simulacre de contrepoids indépendant entre le pouvoir et les citoyens. Cet organe administratif avec ses 17 membres tous grands commis de l’Etat, ne mérite ni moyens ni compétences supplémentaires, mais sa dissolution pure et simple.

Des objectifs concrets de travail ont été exposés suite à la dissolution :

Le bannissement de la biométrie et des puces RFID ; l’abolition de la vidéosurveillance sous toutes ses formes ; le démantèlement des fichiers de police (STIC, FNAEG, JUDEX, etc) ; l’abolition de la carte d’identité.

Après deux heures de discussion, la direction de la CNIL a demandé aux employé·e·s de partir en congé et les a fait sortir, sous la surveillance de la police.

Vers 14h30, le président de la CNIL, Alex Türk, en déplacement à Lille, a fait savoir qu’il demandait l’évacuation des locaux. Afin d’appuyer sa demande, quelque cinq cars de CRS s’étaient déjà regroupés près de l’institution.

Quelques dizaines de gendarmes-mobiles sont entrés de force dans les locaux puis ont poussé brutalement à l’extérieur les occupant·e·s qui s’étaient regroupé·e·s dans le hall et se maintenaient en chaîne en criant « La CNIL, c’est CNUL ! »

Sous l’œil bienveillant du secrétaire général de cette structure prétendument garante du contrôle de l’Etat, les policiėr·e·s ont ensuite encerclé les occupant·e·s dans la cour avant de les soumettre à un fichage systématique.

Pour aujourd’hui la CNIL est dissoute, les luttes concrètes continuent sur le terrain.



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