Brèves



Petit florilège de brèves.

Il voulait rendre visite à sa fille de 3 ans : 4 mois ferme

Parmi ce qu’il est de coutume de nommer « l’arsenal pénal », figurent les « interdictions de territoires ». Par exemple, O. est condamné pour trafic de drogue, et a interdiction de se rendre en Côte d’Or. Mais pour voir sa femme et sa fille, et leur épargner un long voyage tous les week-end, il outrepasse la décision du juge. Un contrôle de police — que nous ne qualifierons pas de « banal », il n’y a pas de contrôle « banal » — une arrestation, un procès, et quatre mois ferme : l’illustration terrible de la capacité de la machine judiciaire à broyer des vies.

Mutineries en série au CEF de Fragny

Le centre éducatif fermé de Fragny près d’Autun est un lieu d’enfermement comme un autre. La meilleure preuve, c’est que les réactions des « pensionnaires » sont les mêmes que celles des détenus. Deux éduc/matons en ont fait les frais fin octobre, quand un gamin de 15 ans s’est révolté à coups de bâton (20 jours d’ITT pour l’un). Et un mois plus tard, ce sont deux minots de 14 ans qui ont décidé qu’ils seraient mieux dehors : ils fuguent le vendredi, piquent une voiture, pour finalement être retrouvés en Isère et ramenés au centre. Le lendemain, nouvelle tentative, de plus courte durée (deux heures). Enfin, le lundi, ils se barrent à nouveau, pistés par rien moins que 8 patrouilles de gendarmerie, un maître-chien, et un hélicoptère ! Arrêtés après 6 heures de cavale, ils ont été placés en garde-à-vue et risquent d’aller directement à la case prison.

À Pouilly en Auxois, les CRS s’entraînent pour la chasse

Depuis 15 ans, le centre régional de tir de Pouilly a vu défiler des condés de toutes la France pour s’exercer à dézinguer terroristes et autres ennemis de l’État. Un village factice à même été construit, pour s’amuser comme en vrai. Cela dit, pour mettre les CRS bourguignons en situation, il y a encore mieux que Pouilly en Auxois : les compagnies de Dijon et Chalon ont en effet été décimées à Villiers le Bel, faut croire que leur entraînement est pas encore au point… Mais qu’on se rassure, tout ça c’est pour notre bien, comme nous l’explique Michel Savary, chefaillon à la direction centrale des CRS, dans un style assez proche d’un célèbre sketch télévisuel des années 90 : « Nous adaptons la formation aux constats établis sur le terrain dans un souci de professionnalisme et de déontologie, le tout dans un cadre légal. Il s’agit de savoir maîtriser un individu tout en le protégeant, car ce n’est pas un ennemi. La préservation des autres est pour nous une fierté ». A fortiori, c’est la tâche qui leur décombe…

Chalon : Un bus incendié au centre-ville

Conte cruel de la jeunesse version 2000 : un minot en BEP chaudronnerie qui se fait virer de son lycée, une bande de petits agités qui dessinent un gâteau d’anniversaire au tipp-ex sur une banquette arrière un an après l’incendie d’un bus à Marseille, et le premier qui y fout le feu. Le bus qui part en fumée, sous les clics-clics artificiels des téléphones portables de jeunes turbulents qui saluent d’un « ouais cool » le fascinant spectacle des flammes qui viennent ravager une petite partie du quotidien. La presse qui se fait l’écho de la réprobation unanime de l’« opinion publique », et qui fouille le passer troublant de l’incendiaire qui, à l’âge de 13 ans, avait volé un jeu vidéo intitulé burnout Une bien étrange coïncidence moins de trois ans après puisque le mot burn en anglais signifie brûler », dixit le BP). Les autorités qui agitent leurs nouveaux dispositifs répressifs qu’elles voudraient faire passer pour des solutions : CEF, CER, EPM, peines plancher, etc.
Mais déjà, ailleurs, une poubelle, une voiture, un centre social, un commissariat...

De l’intérêt de la police de proximité

On entend souvent les bonnes âmes se plaindre du fait que les agents de police ne connaissent pas assez les habitants des quartiers dans lesquels ils interviennent, ce qui serait générateur de malaise et d’incompréhension. Une petite histoire des plus courantes ferait plutôt penser le contraire : un type est vu par un keuf en train d’entrer, puis de sortir d’un hall d’immeuble. Jusque là, rien qui ne justifie une intervention des vaillantes forces de l’ordre, sauf que le type en question est « bien connu des services de police », comme on dit. Alors le keuf, qui n’est pas en service mais à qui on ne la fait pas, appelle une patrouille, qui arrive sur les lieux, et contrôle le « suspect » (mais suspect de quoi ?). Le type, un peu bourré et qui venait rendre visite à un pote absent, n’apprécie pas le contrôle, on le comprend. La suite est classique : procédure pour « outrage et rébellion », comparution immédiate, 4 mois de prison dont trois avec sursis. Ah, et aussi, on apprend lors du procès que le prévenu s’est « tapé la tête à plusieurs reprises contre le capot de la voiture » de police…

Du baston dans la taule

Lundi 26 novembre, cinq gardiens et deux détenus sont intoxiqués suite à un incendie déclenché dans une cellule. Le vendredi suivant, selon la version de l’administration pénitentiaire, un détenu s’est jeté sur deux matons, mordant l’un au doigt jusqu’à l’os et cassant un doigt à l’autre. Les syndicats de matons en ont encore profité pour réclamer la construction d’une nouvelle prison, comme ils l’avaient fait en défilant dans les rues de Dijon le mois précédent. Rassurez-vous pour le pauvre maton, des tests ont été pratiqués, le détenu n’avait pas la rage, si ce n’est la rage sociale.

« Terroriser les trafiquants »

Ou comment la société se donne l’impression de lutter contre le trafic de drogue : 31 personnes jugées à Dijon, du grossiste au petit revendeur, 29 condamnations dont 27 à de la prison ferme (de 3 ans à 6 mois). Le proc’ joue les durs et parle de terroriser les trafiquants. C’est sûr qu’envoyer en zonz’ une poignée de plus ou moins petites mains dijonnaises, ça doit faire trembler les cartels et leurs potes haut-placés...

Nouvelle attraction à la fête foraine

Intéressant mélange entre le chamboultout et le tir aux poulets, une bande de jeunes s’est essayée au caillassage de keufs à la fête foraine de la Toussaint : plutôt habile pour un premier essai, une pierre a atteint le fourgon. Les flics sont alors sortis pour remettre son lot à l’auteur du tir (pour le procureur ça valait trois mois avec sursis), mais la personne attrapée n’a pas gagné le gros lot au tribunal (relaxe).

Île neige au Mât-Noir

Une nuit, lors de la première chute de neige à Dijon, s’est ouvert un nouveau squat...

Nous vivons dans une maison située au 19 rue de l’Île. Cette grande bâtisse vide était laissée à l’abandon depuis une dizaine d’années et aucun projet ne semble prévu pour l’instant.

En la renommant le Mât-Noir, nous avons comme projet d’y vivre et d’y faire vivre des activités publiques. S’organiseront des débats, des repas collectifs, un potager, un compost… Nos objectifs sont multiples : permettre à tou·te·s de découvrir et de participer à d’autres modes de vie, réhabiliter la maison pour en faire un vrai lieu d’habitation, recréer des liens entre les personnes notamment à travers une « vie de quartier », lutter contre la propriété privée et faire valoir le principe de propriété d’usage.

Nous vous invitons à passer pour discuter, donner un coup de main ou boire quelque chose. De plus si vous voulez soutenir le squat lors de tentatives d’expulsions éventuelles, ou être prévenu·e·s des diverses activités, vous pouvez nous laissez vos coordonnés (téléphone, email).

Les habitant·e·s du Mât-Noir

Les Tanneries au cœur de la campagne électorale

Une campagne électorale bien menée se doit de se baser sur la « lutte contre l’insécurité », c’est entendu. Et à Dijon, chacun y va de sa petite idée, en en profitant au passage pour agiter la menace (sur les) Tanneries. Dugourd ouvre le bal début septembre, en listant sur son blog les problèmes d’insécurité à Dijon : les zonards du passage Dauphine, les voitures qui brûlent, et la « complaisance de l’actuelle équipe municipale à l’égard du squat des Tanneries ». Japiot, pas encore cocufié par les instances dirigeantes de l’UMP qui lui ont préféré Dugourd, enchaîne un mois plus tard, en citant la lutte contre l’insécurité comme deuxième axe prioritaire de sa campagne, « avec une attention particulière pour les Tanneries », ajoutant : « Si je suis élu, le squat sera fermé par la force s’il le faut. »

Rebsamen, lui, a compris qu’il ne vaut mieux pas trop la ramener sur cette question (il avait d’alleurs lancé à l’UMP lors d’un conseil municipal : « Vous pouvez toujours faire campagne sur l’expulsion des Tanneries, je vous souhaite bie du plaisir. »). Ça ne l’empêche pas de vouloir envoyer l’armée aux quelques zonards dijonnais : « Moi, je suis pour l’encadrement militaire de ces gens-là, qui vivent au crochet de la société ». Bien vu, François, c’est exactement avec ce programme que le PS a gagné les présidentielles !

Burp… !

Lors du conseil municipal de décembre, Rebsamen nous rassure sur la bonne gestion financière de la ville : en effet, le budget consacré à l’achat de boissons alcoolisées est passé de 56 450 € en 2000 à 47 074 € en 2005, et cela sans toucher au taux d’alcoolémie des convives, mais en décidant de « réduire considérablement les achats de champagne au profit de crémant ».

Les hyènes se déchaînent

À chaque fait divers, surtout ceux qu’on peut classer dans la catégorie « violences urbaines », les commentaires fleurissent sur le site du Bien Public pour réclamer plus de répression et la fin d’une prétendue politique « laxiste » en matière de sécurité, le rétablissement des travaux forcés, la condamnation des parents ou des peines de prisons par dizaines d’années… Un message posté sur le site, et évidemment censuré, leur répond :

« À chaque fait divers c’est la même chose : les lecteurs réactionnaires du BP hurlent avec les loups (ou plutôt avec les moutons) : "En taule ! les jeunes, les parents, les multirécidivis’, les sans-papiers, en taule !"

Calfeutrés chez eux derrière leur écran, la bave aux lèvres et la merde au cul, ils réclament que la police tape fort, que la justice enferme, que le-maire-fasse-enfin-quelque-chose, que les politiques aient le courage de rétablir la peine de mort pour les voleurs de pommes…

Aigris, paniqués, incapables de quoi que ce soit à force de se méfier de tout le monde et de s’en remettre aux autorités pour gérer leur vie, ils ne trouvent de satisfaction dans leur existence misérable qu’en se délectant des peines infligées à ceux qui préfèrent se révolter ou tout niquer plutôt que de subir.

Même pas sadiques, juste camés à la répression, accrocs à la sécurité. Sauf que c’est d’autres qui crèvent des overdoses.

Qu’ils continuent, ces dignes représentants de la fRance qui se chie dessus, trop faibles pour être fascistes ! Qu’ils continuent à avoir peur, à balancer, à appeler les flics parce que leur voisin fait du bruit, qu’ils continuent à se venger sur leurs enfants, leurs salariés. Qu’ils continuent et dans quelques années, le tarif pour un vol de portable ça sera 10 ans… Mais alors, il ne faudra pas qu’ils s’étonnent que plutôt que d’être simplement menacés, ils se feront égorger pour un oui pour un non, pour leur piquer leur joujou technologique ou pour un regard de travers. »

Peine plancher : 2 ans ferme pour un portable

S. sort de taule à Varennes-le-grand, 79 € en poche. Le soir même il est arrêté à Dijon, accusé d’un vol de portable. Il nie. Comparution immédiate, peine plancher : 2 ans, ferme. Victoire de l’ordre et de la sécurité ? Au rendu du verdict, S. balance à sa « victime » : « à ma sortie, j’te retrouve et j’te pète les dents ! ». Encore un qui n’a rien compris au sens social et éducatif de la peine privative de liberté…



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