Cartographie de l’extrême droite française [version 2022]



Nouvelle version d’une cartographie de l’extrême-droite publiée et régulièrement mise à jour depuis 2011 par Reflexes et La Horde.

Nouvelle mise à jour d’une cartographie de l’extrême droite que nous publions régulièrement depuis 10 ans en collaboration avec le site antifasciste REFLEXes, et qui sera peut-être la dernière de notre part : l’atomisation du camp nationaliste, la faiblesse des structures collectives au détriment de la mise en avant d’individus nous obligent à repenser cet outil de compréhension de l’extrême droite. On s’en explique en comparant la première version du schéma à la situation actuelle, tout en vous proposant, comme à chaque fois, un descriptif détaillé de la carte. N’hésitez pas à proposer vos éventuelles corrections et ajouts dans les commentaires.

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Nous n’avons pas la prétention de présenter ici l’extrême droite de façon exhaustive, qu’il s’agisse de ses représentant·es ou des liens qui pourraient les relier. L’idée est simplement de proposer de façon synthétique et visuelle quelques repères pour s’y retrouver, ce qui oblige fatalement à faire des choix et parfois aussi quelques simplifications. En complément, il nous a semblé utile, comme nous le faisons à chaque édition de la cartographie, d’apporter des compléments d’information sur les groupes cités.

Évolution et limite de la cartographie

Il y a 10 ans, quand nous avons collectivement travaillé sur la première version du schéma, nous faisions le constat que l’extrême droite française était certes morcelée, mais structurée autour d’un certain nombre de mouvements.

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Première version du schéma, diffusée en 2011

Le Front National (FN) version Marine Le Pen continuait de purger le mouvement des cadres historiques ou des militants non compatibles avec la nouvelle ligne (qui s’organisaient parfois à la marge du FN, comme la Nouvelle Droite populaire ou le Parti de la France) tandis que du côté des groupes extraparlementaires, les Identitaires avaient échoué à présenter un candidat à la présidentielle et à transformer durablement leur structure dans un mouvement capable de garder ses militant·es une fois rentré·es dans la vie active. Ils subissaient également la concurrence de Troisième Voie de Serge Ayoub, des Jeunesses Nationalistes d’Alexandre Gabriac ou encore du Renouveau français. C’était aussi l’époque où Égalité & Réconciliation servait de lieu de rencontre virtuelle à de nombreux militants d’extrême droite.

Comparée à celle d’aujourd’hui, la situation était finalement assez lisible. En effet, en 2022, nous faisons face à une forte atomisation de l’extrême droite française. Le Rassemblement national (ex FN) a abandonné toute velléité de maintenir une activité militante de terrain au profit d’une présence quasi-quotidienne sur les plateaux de télévision et les studios de radio. L’Action Française n’est réellement implantée que dans certaines villes et avec la dissolution de Génération Identitaire disparait la dernière structure qui pouvait revendiquer une petite dizaine de sections locales à travers la France. Les réseaux de soutien à Zemmour sont encore trop jeunes pour que l’on puisse évaluer leur capacité à rassembler durablement autour d’eux, et il n’est pas certain qu’ils survivront à la campagne électorale.
Ainsi, il n’existe plus réellement de structure nationaliste implantée au niveau national de façon conséquente, et on constate logiquement l’explosion du milieu nationaliste le plus radical en de multiples petits groupes affinitaires adoptant une culture stade sans pour autant s’affilier à un groupe politique identifié, et dont la violence est le plus souvent la seule forme d’expression politique (comme les Zouaves Paris), même si certains ont opté pour une implantation locale avec l’ouverture d’un lieu : les anciens du Bastion Social sont présents dans plusieurs villes, mais il n’existe aucun fonctionnement en réseau permettant d’affirmer qu’ils ont une dynamique nationale.

En parallèle, on assiste à une montée en puissance de l’importance des réseaux sociaux qui permettent à des individus isolés d’accéder à une visibilité inespérée tandis que les rédactions très à droite, voire d’extrême droite de certains titres de presse qui jusque-là ne dépassaient pas le cercle du lectorat d’extrême droite classique (Valeurs Actuelles, Causeur, L’Incorrect, Boulevard Voltaire…), on peut désormais voir leurs journalistes parader sur les plateaux de CNEWS, C8 voir BFM TV. Les youtubeurs masculinistes et autres influenceuses pro-Zemmour eux aussi se trouvent parfois invités par les médias et ils semblent parfois servir davantage de porte-parole aux idées d’extrême droite que les groupes militants. Cette survalorisation de la sphère virtuelle dans la stratégie de propagande du camp nationaliste est à double tranchant : si on peut y voir sans conteste une banalisation réussie des thématiques racistes et sexistes, elle révèle aussi en creux la difficulté de l’extrême droite à s’organiser concrètement sur le terrain.



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