Soulèvement paysan : la saison 2 en BFC



Après une année difficile et l’absence de mesures concrètes de la part d’un gouvernement fantôche, les agriculteurs reprennent les actions partout en France. Petit point sur la situation en Bourgogne-Franche-comté.

Le soulèvement paysan a repris. L’abandon des éleveurs par Lactalis et l’accord de libre-échange avec le Mercosur [1] sont autant de provocations pour les agriculteurs qui ont vécu un été chaotique et n’ont pas perçus d’améliorations depuis qu’ils ont exprimés leur colère l’hiver dernier. Ça a commencé sans trop faire de bruit par une manifestation d’une centaine d’agriculteurs devant le Conseil régional à Dijon le 18 octobre. Puis, le 31 octobre, des agriculteurs barricadent l’OFB à Noidans-lès-Vesoul pour demander que ses agents ne viennent plus armés sur les fermes.

Le 15 novembre, c’est une trentaine de radars qui ont été bâchés dans le Doubs.

Les 16 et 17 novembre, plus de 400 panneaux de villages ont été démontés en Haute-Saône pour être accrochés aux grilles de la préfecture à Vesoul. Voir la vidéo ici.

Le 17 novembre, un rassemblement a aussi eu lieu à Arnay-le-Duc. Pendant ce temps en Saône-et-Loire, les agriculteurs bâchent des dizaines de panneaux.

Le 18 novembre, 300 agriculteurs se réunissent près de la piscine olympique de Quetigny pour former un SOS géant visible du ciel.

Le 19 novembre, c’est plus de 200 paysans du Jura qui se mobilisent. Après une journée de bâchage de panneaux, ils se réunissent à Dole, Lons-le-Saunier et Champagnole pour des feux de la colère. À Mâcon, c’est sur le rond-point de l’Europe que les agriculteurs se rassemblent.

La journée du 20 novembre a marqué le début de la mobilisation dans la Nièvre : opération escargot en tracteurs à Château-Chinon, barrage filtrant à Luzy, à Forges, à Druy-Parigny, Arleuf, la Charité-sur-Loire et Clamecy.

Petit état des lieux du syndicalisme paysan :

  • la FNSEA, avec 212 000 adhérents, alliée aux JA, 50 000 adhérents, représente le syndicat majoritaire qui cogère la politique agricole avec l’État français depuis les années 1950. Ils possèdent à eux deux 54,7% des sièges en chambres d’agriculture. La FNSEA a participé à la mise en place de l’agro-industrie productiviste, intensive, chimique, mécanisée, conventionnelle et libre-échangiste, main dans la main avec les grandes entreprises de l’agro-business et l’État. Elle est actuellement dirigée par Arnaud Rousseau, patron du géant de l’agroalimentaire Avril, qui négocie en son propre intérêt d’homme d’affaires plutôt que dans l’intérêt des agriculteurs. Ce qui permet à la FNSEA un tel succès est un maillage et des structures d’accompagnement des paysans très bien ancrées qui compensent l’absence de combativité pour les revendications paysannes.
  • la Coordination rurale, avec 15 000 adhérents, représente la seconde force syndicale avec 21% des sièges en chambres d’agriculture. Ne partageant pas le pouvoir, elle est prête à mener des actions radicales en visant des banques, des préfectures et des institutions, refusant les politiques de libre-échange et l’accumulation des normes et de réglementations kafkaiennes. Syndicat des déçus de la FNSEA, elle est composée de différents courants dont certains sont proches du RN. Une récupération politique provoquant de vives réactions au sein du syndicat qui dénoncent une dérive autoritaire.
  • la Confédération paysanne, avec 21,1% des sièges en chambres d’agriculture, représente les petites exploitations, prône une agroécologie diversifiée, sociale, exstensive. Elle dénonce le démantelement du monde paysan par la FNSEA aux profit de grande entreprises, les accords de libre-échange, la PAC alignée sur les règles de l’OMC et les trop pesantes normes administratives. Elle dénonce également l’instrumentalisation de la douleur des paysans par la FNSEA et la Coordination rurale qui exploite la souffrance de paysans pris en otages par l’agroindustrie.
  • le Modef, qui représente 1,4% des sièges, défend une juste rémunération des agriculteurs et la fin de l’agrobusiness.

Les paysans revendiquent :

  • la suspension des accords de libre-échange qui impliquent une mise en concurrence déloyale,
  • l’instauration de prix planchers pour la production argicole qui garantit un revenu de base,
  • l’instauration de prix minimums d’entrée sur le territoire français des produits agricole,
  • l’interdiction des surmarges de la grande distribution,
  • une refonte de la PAC qui soit plus égalitaire,
  • des mesures de simplification administrative et une adaptation des normes à la réalité des fermes.

La suite est à venir.



Notes

[1Pour mieux comprendre les problèmes que posent l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur, il est possible de lire le communiqué de presse du 13 novembre de la confédération paysanne.

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