En Colombie, une grève générale en date du 28 avril bloque le pays. Celle-ci s’est déclenchée à la suite d’un projet de réforme fiscale du gouvernement d’extrême droite du Président Duque. L’augmentation de la TVA prévue, visait notamment à taxer les plus pauvres sur les produits de première nécessité. Avec un seuil de pauvreté qui tutoie désormais 42 % de la population, la situation est devenue explosive pour le gouvernement soupçonné de connivence avec les narcotrafiquants.
Dans le Cauca, où vivent de nombreuses communautés indiennes, la situation est particulièrement dramatique. Cette région montagneuse des Andes, a connu un des plus grand nombre d’assassinat politique de « Leaders sociaux » par les milices d’extrème droite. Pour preuve de l’impunité dont jouissent les tueurs, le meurtre le 20 avril de la « gobernadora » indienne « Sandra Liliana Peña » a beaucoup marqué les esprits. Elle s’opposait ouvertement à la plantation de coca dans le territoire.
Le témoignage d’une camarade vivant sur place permet de faire le point sur la situation actuelle, largement boudée par de nombreux médias.
« Je vais essayer de résumer ce qui c’est passé dans ma ville, « Popayan » :
Une jeune fille de 17 ans, qui filmait une manifestation (elle n’y participait pas), a été arrêtée par 4 policiers qui l’ont emmenée avec force et violence. Son père étant policier, elle se sentait en confiance et a opposé aucune résistance. Lorsqu’elle a été rendue à sa famille dans l’après-midi, il a été rapporté sur les réseaux sociaux qu’elle s’était suicidée et que la police l’avait battue et violée.
Le commandant de police a démenti ces affirmations en disant qu’elle a été remise à la famille en parfait état, sachant qu’elle était mineure, et que le protocole correspondant a été respecté. J’ai vu la vidéo. Cela m’a même fait douter en voyant les affirmations calmes de ce monsieur... J’ai pensé que c’était une fausse nouvelle concernant le viol.
Une demi-heure plus tard, un communiqué a été publié par les vérificateurs des droits de l’homme, avec des vidéos publiques sur fb, des témoignages et autres, qui démentent chaque phrase du commandant de police.....
Le lendemain, des manifestations sont organisées devant les lieux de commandement de la police dans différentes villes, pour dénoncer les abus, et un en particulier, les abus sexuels sur les femmes. L’atmosphère assez enragée, laissera place a une répression encore plus brutale contre les manifestants : un jeune homme est tué, un autre écrasé par un char (des vidéos montrent objectivement cette incroyable violence)... Le bâtiment de commandement de la police de Popayan est incendié, des vols d’armes et de dossiers judiciaires sont constatés.
Se jetant sur cette nouvelle, le ministre de la Défense accuse spécifiquement 4 personnes en tant que dissidents des FARC. Ces 4 cibles sont en fait des leaders sociaux reconnus, travaillant avec des organisations sociales dans la région du Cauca et jouissant d’une grande reconnaissance auprès de la population.
Quelques heures plus tard, le Préfet du Cauca met en porte-à-faux le ministre lors d’une déclaration en exigeant que ce dernier présente des preuves ou se rétracte. Que la société caucana et qu’il les met en danger avec ces affirmations. Un souffle de soulagement circule parmi la population qui rejette ces accusations et se tient au-côté de ses leaders sociaux
Depuis le début de la grève, le gouvernement d’extrème droite a de nouveau tenté de manipuler l’information comme il l’a si souvent fait. Plus ils essaient de manipuler les faits, plus les vidéos, les témoignages démontrent le contraire. Les colombiens qui avaient l’habitude de croire les nouvelles officielles se rendent maintenant compte de la grossièreté des mensonges... et de plus en plus de personnes descendent dans la rue. Les manifestations massives se poursuivent quotidiennement dans tout le pays... les photos sont impressionnantes... Je n’ai jamais vu cela en Colombie.
Je pense que quelque chose de profond est en train de changer... même s’ils essaient de montrer que le pays est polarisé... Je ne pense pas avoir jamais vu autant de personnes unies contre un gouvernement si meurtrier et corrompu.
Quelle que soit l’issue de cette grève... Tant de choses semblent désormais capable d’évoluer, l’air est au changement de fond... et le gouvernement tente illusoirement de l’arrêter par des balles et des sévices.
La situation générale est difficile et il y a beaucoup de douleur pour la population touchée de plein fouet. Nous n’avons pas pu sortir, car nous n’avons pas d’essence, mais heureusement nous avons le nécessaire dans la maison, nous sommes bien accompagnés, nous sortons voir nos voisins et nous sommes bien entourés.
Il y a beaucoup de dénonciations à l’ONU, à la Cour pénale internationale, etc. qui, nous l’espérons, donneront des résultats. Les corps des disparus doivent être remis aux familles, les coupables jugés, les victimes reconnues..."
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