Samedi 31 mai, plusieurs centaines de personnes retournent en cortège au quartier libre des Lentillères, après le beau rassemblement qui s’est tenu place de la Libération pour les 15 ans de l’occupation. Sur le chemin, une enseigne « Carrefour express » est ouverte, rue Chabot Charny.
Carrefour vend ses produits dans les colonies en Palestine
Cette enseigne va être symboliquement attaquée par quelques personnes, rappelant la campagne de boycott contre Carrefour qui bat son plein dans le monde entier parce qu’elle vent ses produits dans les colonies israéliennes en Palestine. Pour comprendre l’ambiance, revenons deux jours avant, le mercredi 28 mai.
C’est l’Assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe Carrefour, et son président Alexandre Bompard a tout organisé pour être tranquille : les syndicats et les petits actionnaires sont relégués dans une autre salle, ne pouvant communiquer avec le boss que par visioconférence. Dehors, la police veille et empêche toute intrusion, sortant carrément la brigade montée, comme le raconte Challenges qui décrit un siège « bunkérisé ». Selon l’AFP, un syndicaliste CGT l’interpelle sur la présence de Carrefour dans les territoires occupés de Cisjordanie, pendant qu’un génocide est en cours (qualifié comme tel par le conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Amnesty international, Médecins sans frontières, Human right watch, la FIDH, …). Bompard, toute honte bue, botte en touche et prétend qu’il n’y aurait « jamais de magasins Carrefour dans un territoire occupé ». Sauf que la chaîne Yenot Bitan vend bien les produits Carrefour dans les colonies israéliennes en Palestine, en vertu du partenariat de franchise conclu en 2022 avec Carrefour. La campagne de boycott contre Carrefour bat son plein dans le monde entier pour faire entendre raison à Bompard et sa bande : pas de commerce avec les génocidaires, pas de profit sur les colonies ! Il n’y a qu’à prendre exemple chez notre voisin espagnol : « Nous, nous ne faisons pas de commerce avec un État génocidaire » vient de déclarer le premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Auto-réduction contre Carrefour
Retour a Dijon. Depuis le cortège qui passe tranquillement devant l’enseigne, quelques personnes entrent dans le Carrefour et tentent une autoréduction, définie par Wikipedia comme « une pratique politique anticapitaliste qui consiste à imposer, de manière collective et militante, la baisse du prix d’un produit ou d’un service, voire sa gratuité ». Concrètement, elles sortent avec quelques bières distribuées à la volée. Le geste rappelle modestement la campagne de soutien qui a eu lieu suite à une précédente autoréduction pour laquelle des militant·es contre Carrefour avaient été poursuivi·es. Des tags ciblant l’État génocidaire d’Israël accompagnent et explicitent la petite action en cours, et invitent à faire mieux la prochaine fois, d’un coquin « VOLE MOI » inscrit sur la façade. Le magasin n’est pas une simple épicerie mais bien une franchise qui reverse une partie de ses revenus au menteur Bompard. Il n’est ni envahi ni saccagé, mais simplement délesté de quelques canettes.
Les témoignages de plusieurs personnes sur place sont concordants. Laura* raconte : « un salarié est sorti et a agrippé violemment une des personnes sur le trottoir. » « Il était furax, enchaîne Joran*, très violent. » Des manifestant·es s’approchent rapidement pour défendre leur camarade. Le salarié (que rien n’autorise à frapper quelqu’un quand bien même il serait sorti sans payer) se prend "des coups de bouteille en plastique" témoigne Joran*. D’autres manifestant-es séparent vite les protagonistes, le salarié retourne dans son magasin, et la caisse enregistreuse se remet au travail. Alors qu’un article d’un site d’information locale raconte qu’une bouteille se serait "bris[ée] sur son crâne" (étonnant pour une bouteille en plastique) et que le malheureux serait sorti de l’hôpital avec "une incapacité totale de travail (ITT) de huit jours", nous n’avons pour le moment pas de preuves permettant de confirmer ces affirmations douteuses. La police a déclaré au Bien public que le salarié « n’est pas gravement blessé. » « Mon collègue se repose, nous dit l’employée du Carrefour Express, ce mardi. Je ne peux rien vous dire, seul mon patron peut vous répondre ». Un e-mail lui a été envoyé, sans réponse jusqu’ici.
Deux journalistes indépendant-es du coin
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