Utilisation de la reconnaissance faciale dans les commissariats



Près de 400.000 fois par an, la police utilise la reconnaissance faciale via un fichier qui recense 19 millions de personnes. Le système est à la frontière de la légalité et provoque son lot d’inquiétudes.

« Cela fait plusieurs fois que des personnes nous disent qu’elles se sont fait photographier en manifestation, dans des ZAD ou des squats », annonce avec inquiétude la Quadrature du Net. Dernier exemple en date pour l’association de défense des libertés en ligne : l’expulsion du squat le Marbré, le 27 février dernier à Montreuil (93). Lors de l’intervention policière – due « au non-respect des consignes sanitaires » suite à l’organisation d’une cantine solidaire au sein du lieu alternatif –, les fonctionnaires ont utilisé la reconnaissance faciale, selon un texte de soutien publié sur le média alternatif et collaboratif Indymedia Nantes :

« Certaines personnes ont été identifiées après avoir refusé de décliner leur identité. Les keufs les ont photographiés et comparés leurs photos via un système de reconnaissance faciale. »

Le TAJ, seul outil de reconnaissance faciale autorisé

En France, le débat sur la reconnaissance faciale a été relancé avec la crise sanitaire. À Cannes, pendant le confinement, la mairie souhaitait vérifier si les habitants portaient bien un masque en se rendant au marché. Projet refusé par la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). Depuis 2012, la seule reconnaissance faciale autorisée par un décret est celle effectuée par la police pour l’utilisation du traitement des antécédents judiciaires : le Taj – qui rassemble des anciens fichiers de police et de gendarmerie (le Stic et le Judex). On y trouve des personnes mises en cause dans des affaires pénales mais aussi des victimes de ces infractions ou des personnes suspectées et non condamnées. Soit environ 19 millions de personnes recensées, dont huit millions avec photos [1], d’après un rapport de l’Assemblée nationale de 2018. 87 millions d’affaires y sont également répertoriées.



Notes

[1Les victimes n’ont pas leurs photos dans le Taj. Seulement les personnes mises en cause et les personnes suspectées

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