- Il y a 6 ans, le 17 novembre 2018, les gilets jaunes faisaient irruption sur la scène politique pour le premier acte d’une longue série. Répondant à des appels décentralisés diffusés sur les réseaux sociaux, des centaines de milliers de personnes, dont une bonne partie manifestaient pour la première fois depuis longtemps, ou pour la première fois tout court, occupèrent les rond-points et déferlèrent sur les centre-villes. L’objet de cette protestation ? L’annonce par le gouvernement d’une taxe carbone, qui allait encore faire augmenter le prix des carburants, précarisant un peu plus les populations rurales et péri-urbaines. Avant ce premier acte, et pendant les premières semaines, les débats sur la nature de ce mouvement allaient bon train : poujadisme réac, interclassiste [1], beauf et anti-écolo pour les uns, mouvement spontané des classes laborieuses pour les autres, tremplin pour l’extrême-droite ou vecteur de repolitisation des classes populaires, chacun a pu y aller de son analyse.
À Dijon, entre 7000 et 10 000 personnes s’étaient rassemblées sur le parking du Zénith, avant de déborder d’entrée de jeu le dispositif policier pour se rendre en centre-ville. Pour beaucoup cette manifestation avait été une révélation de la force du peuple quand il prend la rue, mais aussi un baptême du gaz, un premier contact avec la violence du pouvoir et de sa police.
Nous vous renvoyons vers le récit publié le soir même sur Dijoncter par « des gilets jaunes plutôt habitués au K-way noir ».
On était plusieurs amis à scruter le mouvement des gilets jaunes qui s’annoncait depuis un petit moment. Attentifs parce que, mine de rien, le mouvement est relativement spontané, et part d’une colère légitime : une nouvelle taxe qui vient toucher des populations déjà bien précarisées, notamment les campagnes et leurs laissé·es-pour-comptes. Sceptiques aussi, puisqu’évidemment les tentatives de récupération de la classe politique, et en particulier de l’extrême-droite (de Wauquiez à Le Pen) ne nous ont pas échappé. On est donc allé sur place pour voir ce qu’il en était vraiment.
L’évidence selon laquelle Macron est un nuisible semble largement partagée. En se dirigeant vers le lieu du rassemblement - à Dijon c’était le parking du Zénith, aux abords de la rocade - les premiers groupes de gilets jaunes apparaissent plusieurs centaines de mètres avant le point de rendez-vous. On s’y attendait et cela nous le confirme : la foule va être massive. Comme on espère toujours la voir dans les luttes sociales, mais aussi comme on a pu la voir dans les douteuses marches « Je suis Charlie ». On ne va pas s’avancer à annoncer des chiffres : cette manif était bien trop massive et foisonnante pour permettre un décompte. On se contentera de dire que la manif dépassait largement les 5000 à 6000 personnes, chiffres annoncés par la Préfecture.
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