[Auxerre] Opposition juridique au contournement routier


Yonne

Le projet de Contournement Sud d’Auxerre (CSA) devenue L.I.S.A (liaison intercommunale Auxerre) va, pour plus de 150 millions d’euros, créer un axe de transport lourd. Ce projet, destiné à décongestionner Auxerre du trafic de camions, ne va que déplacer le problème.

Un aspirateur à camions.

La création de ce nouvel axe routier impactera inévitablement à la hausse la circulation dans les zones périphériques comme la D965 et les localités desservies (La Cour Barré, Escolives-Sainte-Camille, Villefargeau, Pourrain, Toucy, Mézilles, Saint Fargeau, etc.). Ce nouveau tronçon routier en facilitant l’accès à la D965 à hauteur du rond-point de Villefargeau, fournira un accès fluide et gratuit aux camions en transit transeuropéen qui passent par l’Yonne pour relier l’A6 et l’A77 ou rejoindre la nationale 7 depuis Auxerre ce qui drainera un trafic routier plus intense. Ce gain de temps va, par effet d’appel d’air, augmenter le trafic camion sur la D965, la D239, N151 qui sont gratuites, contrairement à l’axe parallèle et adapté qu’est l’A19 et qui coûte aux transporteurs. Les flux de camions Est-Ouest évoqués sont dans une logique de rentabilité et ne s’arrêtent pas sur notre territoire, ni n’apportent de retombées positives pour nos villages (a fortiori avec l’emploi d’outils d’optimisation de temps de trajets tels que Waze ou les GPS). Ainsi, rien que sur la D965, 5000 véhicules/jour en moyenne traversent déjà nos communes, dont plus de 15% de camions en transit. Ce chiffre, en constante augmentation, est bien plus élevé que la moyenne nationale où les flux de camions représentent 5% du trafic et devient exponentiel aux points d’interconnexion. Cette intensification du trafic générera une amplification des nuisances déjà existantes avec une hausse des pollutions, y compris sonore.

L’Autorité Environnementale souligne « qu’il n’y a pas d’étude sur le bruit pour Chevannes et Villefargeau » donc le Conseil Général conclut de ne pas envisager de mesures spécifiques pour se prémunir du bruit supplémentaire engendré par le report de trafic à proximité de ces villages. Cette affirmation reste à démontrer.

Dans le prolongement du contournement, le département prévoit de faire de la voie romaine (D239), qui relie Escolives-Sainte-Camille à Auxerre, un axe majeur du trafic de poids lourd, avec notamment le passage en 3 voies de la montée surplombant le hameau de la Cour Barrée. Compte tenu des vents dominants, les habitants en contre bas seraient exposés, non seulement à d’importantes nuisances sonores, mais également à une pollution majeure de l’air et à la retombée de particules fines.

Un projet suranné.

Alors que l’urgence climatique nous impose, de fait, de réduire nos déplacements routiers, tel que l’illustre le gel du projet d’autoroute Troyes>Auxerre>Bourges suite aux grenelles de l’environnement. Le projet de Contournement Sud d’Auxerre était d’ailleurs initialement lié à ce projet d’autoroute et aurait du disparaître avec. Ce projet à contre-sens poursuit une logique exponentielle de transport en camions et de déplacements routiers, obsolète. Sa mise en œuvre ne fera que maintenir artificiellement ces modes de transport dans des buts de rentabilité de l’équipement déconnectés de la réalité climatique. Ce projet va participer largement à la production de CO2 par sa construction et par son usage puisqu’il fait la part belle à la route, prolonge les trajets en longueur et n’envisage pas de solutions alternatives.

Bétonisation et enclavement de terres agricoles.

La bétonisation du tracé entraînera la destruction des derniers espaces naturels préservés dans la ceinture auxerroise, réservoirs de fraîcheur pour les canicules récurrentes à venir. Ce projet très onéreux va détruire 40 hectares d’un côté et 16,5 hectares de l’autre en pleine zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). On peut aussi estimer sommairement à 2000 hectares la surface englobée par l’ensemble du tracé et la ville. L’Autorité Environnementale le souligne dans son avis délibéré : « Le projet induisant indirectement des risques d’étalement urbains ». Dans l’étude Folléa Diagnostic réalisée en 2002 décrit page 15 le Sud d’Auxerre comme un large croissant d’espaces agricoles qui reste préservé du mitage périurbain. Autoriser une telle destruction paysagère en impactant les plateaux de l’Auxerrois et les trois vallées de l’agglomération : Yonne, Vallan, Baulche, tous très sensibles et remarquables, est au-delà du regrettable. La menace concrète de destruction programmée de ce territoire péri urbain exceptionnel demande à minima des garanties.

Les atteintes seront importantes en terme de fragmentation du territoire et des paysages, suppression de bois classés, de ripisylves, de haies, de vergers auxquels viennent s’ajouter les atteintes importantes aux milieux humides et les risques par rapport à la ressource en eau pour l’Auxerrois. En effet, ce projet va aussi influer sur le système hydrique des alentours d’Auxerre en diminuant la qualité des écoulements pluviaux et la pérennité des captages d’eau potable.

Équité et solidarité.

Nous sommes solidaires des habitant·e·s d’Auxerre impacté·e·s par les insupportables nuisances dues au trafic de camions.Le déplacement du problème sur d’autres communes n’est pas une solution. D’autant que les gains espérés ne seraient que de 14 % de trafic en moins. Les problèmes de pollution et de bruit seront déplacés avec des camions qui vont polluer en gravissant des pentes importantes. Les vents dominants sont orientés Sud/Sud-­‐Ouest. Le quartier des Piedalloues et les quartiers du sud de la ville, donc une densité importante de population, se retrouveront sous les vents dominants donc sous les pollutions.

La ville d’Auxerre, seule véritable bénéficiaire de ce projet de contournement, ne le finance qu’à hauteur de 10%. Les finances des collectivités locales affrontent des restrictions budgétaires toujours plus importantes et qui ne s’amélioreront pas de sitôt. Elles auront aussi à supporter le coût de l’entretien : 340 000 Euros/an pour l’ensemble du contournement. Les citoyens et contribuables sont entraînés vers un endettement très important sur le long terme.

Il s’agit d’un projet routier de transit sur lequel se sont greffés des intérêts locaux pour une autoroute, avec des conceptions dépassées. Il ne servira que très faiblement à la vie de l’agglomération. Aucune autre alternative de déplacements urbains et périurbains n’a été étudiée.

Yonne vivante est active depuis 2022, elles s’inscrit dans des dynamiques collective avec d’autres associations environnementale de l’Yonne ainsi que la confédération paysannes. Yonne vivante a rejoint le collectif national la Déroute des routes.

Pour soutenir financièrement l’association Yonne Vivante, c’est ici.



Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Articles de la même thématique : Luttes territoriales

Pas de bassine à St Sauvant

Marche populaire et paysanne pour un juste partage de l’eau. Rdv le 16 novembre à 13H place de la mairie de Saint Sauvant (86)

Articles de la même thématique : Bétonisation