Avis aux élèves, parents, professeurs et personnels de l’éducation nationale



Toujours plus de contrôle social à l’école... et pas que.

La biométrie est un moyen d’identification des individu-es par la capture et le stockage d’éléments physiques. L’ADN, la rétine, l’iris, les empreintes digitales, la forme du visage, le contour de la main, la voix, l’écriture manuscrite ou encore la démarche ou le réseau veineux en sont des exemples.

L’« efficacité » de ces technologies repose sur le fait que ces données changent très peu voire quasiment pas et qu’il est donc très difficile de s’en défaire, contrairement aux critères habituels d’identification.

Utilisation dans les écoles

Dans les établissements scolaires, la technique d’identification du contour de la main est de plus en plus demandée pour le contrôle de l’accès à la cantine ; certains établissements (à Angers par ex.) utilisent la technique des empreintes digitales.

D’après un article paru dans Politis (n°880, 12 dec 2005), alors que la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) dénombre quatre collèges et lycées ayant reçu une autorisation pour installer des systèmes biométriques et entre cinq et dix en cours d’examen, les chiffres communiqués par quelques fournisseurs en biométrie disent qu’il y en a beaucoup plus. « Nous avons, depuis 2002, équipé une trentaine de collèges et lycées dans le sud de la France (...), explique Yves Castel, PDG d’Int-system. Les établissements se situent dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes ». La société Zalix estime, elle, avoir équipé une quinzaine d’établissements scolaires, principalement en Île-de-France ; DMI systèmes, deux. « C’est un nouveau marché, analyse M. Ballinger, commercial dans cette entreprise qui s’occupe de 600 cantines. Mais il y a un effet boule de neige très rapide ».

L’idée de cette utilisation est très claire pour les industriels qui produisent, vendent, distribuent et font la pub des différentes techniques de biométrie. Ils l’écrivent d’ailleurs noir sur blanc, nous n’en citerons qu’une petite partie : « La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes : éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller chercher les enfants. » (extrait du Livre bleu du Groupement des industries de l’interconnexion des composants et des sous-ensembles électroniques GIXEL).

On veut également nous faire accepter ces technologies par leur introduction dans des objets qui entrent de plus en plus dans notre quotidien. Elles exécutent l’accès aux téléphones portables, à la voiture, à la porte de son habitation, à son baladeur, sa console de jeu, son ordinateur, à son compte en banque ou le paiement des achats.

La « Sécurité » est le grand argument. Aux Etas-Unis, en France, et de plus en en plus dans d’autres pays, la biométrie est utilisée dans les nouveaux passeports, les données étant stockées dans une puce électronique. Cette utilisation de la biométrie est notamment censée participer à « la lutte contre le Terrorisme » et nous protéger d’attaques. Pourtant, on peut imaginer que les personnes qui perpétuent ce genre d’attaques sont assez bien organisées pour que la biométrie ne leur posent pas tant de problèmes, un peu plus peut-être, pour un moment, mais ce genre d’organisations a les moyens de s’adapter rapidement. On nous dit qu’il n’y a pas que le terrorisme, il y a aussi « le grand banditisme ». On ne nous parle pas des milliards d’euros détournés par nos cher·e·s élu·e·s ou par les grands groupes d’entreprises, non, cela ce n’est encore sûrement pas la biométrie qui l’empêchera. On nous dit qu’un accès biométrique à une banque dissuade les braqueur·euses, puisqu’illes doivent laisser leurs empreintes à l’entrée. Pourtant, en Italie, à Rome, un doigt tranché a été utilisé lors d’un braquage pour contourner le système. On nous dit, comme pour les cantines, que c’est une gestion plus fluide des fichiers informatiques. Pourtant, cela coûte des milliers d’euros alors que des familles ne peuvent pas se permettre de payer la cantine. Finalement, la biométrie c’est la surveillance du quotidien. C’est des grandes entreprises qui s’enrichissent sur la paranoïa, l’individualisme et le racisme, et qui construisent des sociétés totalitaires. A Singapour par exemple, ce sont entre autre les travailleurs immigrés exploités qui sont contrôlés par leur empreinte rétinienne pour accéder aux dortoirs dans lesquels ils sont parqués.

Une société sécuritaire

D’un côté la construction d’établissements pénitenciaires pour mineurs (EPM, 7 seront inaugurés dans l’année), l’abaissement de l’âge d’incarcération à 13 ans, l’intervention de plus en plus fréquente et encouragée de la police dans les établissements scolaires, la multiplication des effectifs de police ainsi que des fichiers de renseignements et leur centralisation, d’un autre la massification du fichage ADN, la multiplication de la vidéosurveillance et des outils de surveillance dont la biométrie (notamment à Grenoble et dans la région par le développement des nanotechnologies) forment un couple technologies/contrôle social de plus en plus perfectionné dans la droite lignée du tout-sécuritaire.

Si vous pensez n’avoir rien à vous reprocher, tout un tas de nouveaux délits ont été créés ces dernières années, comme par exemple le délit d’outrage à enseignant (6 mois de prisons ferme) ou « le stationnement dans les halls d’immeubles » et « la fraude des transports en communs » (prison ferme également)... Selon Lucie Aubrac, résistante de 1939-1945, si la carte d’identité biométrique avait existé sous l’occupation, elle-même n’aurait pas survécu et la Résistance aurait été impossible. On nous dit qu’il ne faut pas s’en faire, que les données recueillies dans le cadre de l’accès cantine (par exemple) ne sont pas censées être utilisées dans un autre cadre quelconque. Mais une fois stockées, elles peuvent être récupérables. En effet à l’heure où des centaines de travailleurs sociaux s’opposent par le biais de comités locaux à la délation que veut leur imposer la loi dite « de prévention de la délinquance », il y a de quoi s’inquiéter sur la circulation et donc l’avenir de certains fichiers. Il y a de quoi ne pas vouloir donner sa main (son oeil, ses veines, ses doigts) à couper (car se sera peut être le seul moyen d’échapper au contrôle) sur la parole de l’Etat et la loi du Marché. Toutefois, des luttes sont déjà en cours. L’an dernier, des machines biométriques de contrôle par le contour de la main utilisées pour l’accès à la cantine ont été brisées dans le lycée de Gif Sur Yvette (Vallée de la Chevreuse), 3 personnes « ont d’ailleurs été punies, suite à leur procès, de 10 000 euros d’amendes ainsi que de 3 mois avec sursis ». A Paris, les élèves, mais aussi les parents et certains personnels se sont mobilisés contre des machines similaires dans le lycée de Ravel et ont obtenu leur retrait.

Saluons les lycéenn-e-s du lycée de Ravel dont le texte d’information et de revendication finissait par ces mots : « Pour toutes ces raisons, refusons ensemble de mettre nos mains dans ces machines, refusons de nous soumettre aux contrôles biométriques. On ne vous a pas consulté, prenez la parole ! »

Pour en savoir plus :



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