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[Mexico] Campagne contre le nouvel aéroport !



Dans la vallée de Mexico, le Front des Villages en Défense de la Terre - Atenco organisés avec d’autres villages affectés, des collectifs, des organisations, etc... du Mexique et du monde - vient de lancer une nouvelle campagne de diffusion contre la construction du nouvel aéroport de Mexico.
Ils appellent à la solidarité internationale la plus ample possible.

mercredi 26 septembre 2018
Texte de l’appel à la campagne #YoPrefieroElLago
(#je préfère le lac)
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Peña Nieto veut construire l’aéroport / Moi je préfère le lac

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I.

Nous, nous sommes les villages qui habitons la rive orientale du lac de Texcoco. Nos ancêtres ont peuplé ces terres et ont pu voir, depuis ce rivage, la croissance de la grande Ville de Tenochtitlán ainsi que sa chute sous le joug du conquérant. Ce sont nos ancêtres qui ont versé leur sang pour récupérer la terre pour le Peuple, et c’est la raison pour laquelle nous sommes encore là, à la défendre. La terre est notre Mère, et c’est elle qui nous confère notre identité en tant que paysans, en tant que peuples travailleurs, peuples originaires, avec des droits et des devoirs sur nos terres et sur nos vies.
Nous sommes le Front des villages en Défense de la Terre. Aujourd’hui nous marchons avec d’autres rives, avec d’autres villages de la Vallée de Mexico, avec lesquels nous nous sommes rencontrés et organisés, car nous vivons la tragédie de l’imposition d’une décision prise par ceux d’en-haut sur notre territoire et sur nos vies. Depuis la vallée de Teotihuacán et d’Acolman, en passant par les collines sacrées de Tezoyuca, Chalco et Ixtapaluca, jusqu’aux contreforts des volcans d’Amecameca et Tecamachalco ; des villages, des quartiers, des ejidos et des habitants de nombreux endroits qui souffrons ensemble, et qui subissons la même blessure : la spoliation et la dévastation causée par le projet d’aéroport mortifère, qui détruit tout ce qu’il touche et qui signifie la destruction de nos villages et de notre environnement.

Nous sommes aussi la force de ceux qui luttons aux côtés des communautés affectées par l’aéroport. Nous sommes des collectifs, des académiciens, des étudiants, des organisations et des activistes en défense de l’environnement et des droits humains, qui joignons aujourd’hui notre voix pour défendre la vie dans la vallée de Mexico, cet espace où nous vivons et où nous subissons les conséquences hydrologiques, urbaines ainsi que la contamination provoquées par ce projet d’aéroport.

Nous sommes la Plateforme organisationnelle contre le Nouvel Aéroport et l’Aérotropolis.

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II.

Il y a 17 ans, nous avons compris que le véritable visage de l’aéroport mortifère, c’est l’ambition affichée par les puissants. En 2006, lorsqu’Enrique Peña Nieto a dirigé son opération policière de vengeance politique contre la lutte du Front des Peuples en Défense de la Terre, nous avons compris que tout cet acharnement, la répression, les perquisitions, la torture sexuelle, les années injustes de prison, la persécution politique, toute cette stratégie de terreur faisait également partie de la réactivation du projet d’aéroport.

Aujourd’hui le gigantesque chantier écocidaire et le mépris avancent par le biais de la violation des droits humains des communautés. Son approbation s’est faite sans qu’il y ait eu une campagne d’information antérieure, et sans qu’il y ait eu une consultation véritable. Depuis lors, jour après jour la résistance organisée des communautés s’affronte à une stratégie systématique de criminalisation, d’intimidation et de corruption cherchant à détruire la lutte des peuples, causant un nombre incalculable de blessures à notre tissu social et communautaire.

Si vous voulez nous consulter au sujet du nouvel aéroport, rappelez-vous qu’en 2001, nous avons fait valoir notre parole afin de défendre la terre que prétendait nous soutirer Vicente Fox et la mafia d’Atlacomulco. Les villages, mobilisés dans leur ensemble, ont mis leur sang en jeu et c’est ainsi qu’ils nous ont enlevé José Enrique Espinosa Juárez, mort à cause des coups reçus, lorsqu’aux côtés d’autres hommes et femmes, nous avons lutté pour éviter la spoliation de nos terres et pour dire NON A L’AEROPORT. Cela, c’est le résultat de la consultation.

La consultation, cela a aussi été l’élection du 1er juillet dernier, qui a en quelque sorte été l’outil choisi par le Peuple pour exprimer son exaspération et sa décision de ne plus permettre que les puissants de ce pays continuent à piétiner les droits et la dignité de ceux d’en-bas. Trente millions de personnes ont voté contre le PRI de Peña Nieto, contre la corruption, le mensonge et la trahison du Peuple. C’est là aussi le résultat de la consultation : les mexicains ne veulent plus de projets qui ne servent qu’aux mêmes de toujours, c’est-à-dire à une minorité. NON A L’AEROPORT.

L’appel réalisé actuellement par le gouvernement élu afin d’entamer un processus qu’ils appellent “consultation”, ne prend pas en compte les processus légaux entamés par les communautés affectées par le projet, qui réclament le respect de leurs droits humains. Elle pose des délais temporels très courts et un procédure des plus opaques afin de décider du futur et de la continuation ou non du projet de spoliation, de corruption et de mort. Au travers de cette consultation, s’est mis en place un débat totalement asymétrique qui nous pose en position désavantageuse face aux puissants intérêts des entrepreneurs et des politiciens, qui se font l’écho des algorythmes économiques dans les médias à leur service, mais qui ne disent rien ni n’apportent aucune réponse au sujet des graves conséquences environnementales, hydrologiques, géologiques, archéologiques et sociales provoquées par le projet et qui se multiplient dans toute la Vallée de Mexico.

Face à ce scénario, nous, les villages, sommes résolus à mener la bataille par le biais de tous les ressorts juridiques, politiques et de mobilisation sociale possibles, et nous appelons à participer activement à toutes ces expressions, y compris la “consultation” évoquée antérieurement, mais toujours avec la clarté de position que la défense de la vie n’a pas de date de péremption, ni n’a à se soumettre aux délais imposés par les détenteurs de l’argent. Le nouveau gouvernement est confronté à une grande épreuve de feu, de la taille d’un aéroport mortifère. Tout en comprenant que ce n’est pas lui qui a impulsé ce projet ou qui en porte l’ambition, et malgré toute l’impunité sur laquelle le projet repose, ce qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas seulement une consultation citoyenne.

Ce qui est au centre du débat, c’est de savoir qui prend les décisions sur le futur du Mexique : les chefs d’entreprise, les puissants, les transnationales, l’oligarchie nationale que nous subissons, ou bien le Peuple digne qui travaille, qui lutte et qui résiste pour un Mexique debout, appuyé sur la Justice et qui ne sera plus jamais soumis.

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III.

Pour toutes ces raisons, et considérant :

QUIL EXISTE REELLEMENT UNE POSSIBILITE DE METTRE A BAS LE PROJET D’AEROPORT ET SON AEROTROPOLIS MORTIFERE, fruits de l’ambition et de la corruption du gouvernement de Peña Nieto et de l’oligarchie mexicaine qui s’est enrichie par le biais de troubles négoces avec l’Etat, au détriment de la qualité de vie des villages et des peuples.

Que le gouvernement élu de López Obrador a accéléré les délais de décision et a déterminé une procédure afin de décider de l’annulation ou non de l’aéroport à Texcoco sans avoir encore écouté notre parole.

Que la consultation a provoqué un débat asymétrique avec les intérêts extrêmement puissants des chefs d’entreprise et au sein duquel nous tentons d’ouvrir une brèche pour faire valoir notre parole, nos droits violés de manière permanente ainsi que nos raisons juridiques, environnementales et scientifiques.

Que le gouvernement élu ne va plus promouvoir de manière ouverte l’annulation du projet comme il l’avait promis durant la campagne électorale

Que de cette décision dépend la viabilité de la vallée et de la métropole, où des milliers de personnes allons en subir les conséquences.

Que la décision en jeu est de savoir si dirigent les chefs d’entreprises ou si dirige le peuple.

Nous lançons cet APPEL A LA CAMPAGNE NATIONALE #YoPrefieroElLago que nous allons réaliser durant le mois d’octobre, et auquel nous convoquons toute la population civile, les mouvements sociaux et tous les citoyens, afin de participer à trois grandes actions :

#1. Face à cet énorme enjeu, nous les villages et la Plateforme, avons convoqué des experts et des chercheurs de différentes disciplines, qui s’appuient sur des conclusions basées sur des études en matière financière, environnementale, urbaine, agroproductive et sociale au sujet des effets catastrophiques, des irrégularités et de la non-viabilité du projet.

Nous exigeons du gouvernement élu que ces voix soient inclues dans les forums en préparation pour le débat devant précéder la consultation. Mais nous convoquons également toutes les universités et les instituts de recherche à assumer une participation active et à ce qu’ils organisent et reçoivent ces voix et ces connaissances durant des forums thématiques.

Nous convoquons les médias afin de recevoir ces spécialistes qui ont des opinions et des données indépendantes des intérêts liés à la réalisation du chantier. Mais nous exigeons qu’ils le fassent suivant des conditions paritaires et équitatives, et qu’au moins deux de nos porte-paroles académiques et de nos représentants des villages aient un espace garanti durant les débats publics dans les médias, et que eux, tout comme leurs savoirs, soient traités avec respect et dignité. Il y a bien d’autres raisons autres que financières pour ne pas construire cet aéroport. Nous demandons aux médias qu’ils écoutent de manière paritaire ces autres raisons.

Vous pouvez lire la suite ici

Et lire aussi la lettre-vidéo d’Atenco à la ZAD et aux collectifs internationaux

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