Du G8 à l’« Antira-Climate Camp 08 »
Le projet de campement était en quelque sorte directement issu de la mobilisation pour le blocage du G8 d’Heiligendamm, qui causa un petit ouragan de renouveau dans la mouvance anticapitaliste allemande. Pendant un an, des groupes se sont alliés sur divers thèmes, allant de l’agriculture aux questions énergétiques, en passant par l’antiracisme ou le féminisme radical. Des tonnes de créativité et de ressources ont été déployées pour mettre en place de nombreuses dynamiques : des groupes de soutien légaux et des radios pirates, des récups de centaines de vélos d’actions et autres ordinateurs, chapiteaux, cuisines collectives, l’édition de magazines, la création d’affiches… Ce fut l’occasion de mettre en place des campements susceptibles d’accueillir des milliers de personnes. Cette organisation permit d’élaborer des stratégies complexes pour obstruer des routes, et perforer la zone rouge dans une rase campagne, littéralement couverte de policiers anti-émeute.
Le G8, dont les défenseurs commencent à être aguerris, n’a pas été vraiment stoppé. À grands renforts policiers, cette institution symbolique a encore une fois survécu à cette tentative de donner un coup de foudre à l’histoire des contre-sommets. Cependant, le mouvement autonome allemand a indéniablement été revigoré par cette mobilisation, et par l’arrivée contingente d’une multitude de nouvelles têtes, prêtes à vivre leurs premières expériences de barricades et d’autogestion.
Suite au G8, des « journées de perspectives », rassemblant une large partie de la gauche radicale extra-parlementaire allemande, ont permis de creuser des stratégies possibles. Leur conclusion fut de continuer à faire converger des thématiques par des actions communes. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un campement d’action qui regroupe à la fois les questions sur le climat et celles sur les politiques racistes, avec un processus commun d’organisation. Cette expérience n’a pas manqué de susciter des débats, parfois houleux, entre des cultures de lutte différentes.
Stratégies climatiques...
Du côté « climatique », il s’agissait dans la foulée des Climate camps, organisés depuis trois ans en Angleterre, et avant les actions contre le sommet sur le climat de Copenhague en septembre 2009, de marquer un refus clair des solutions sécuritaires, technologiques et productivistes face à la menace climatique. La genèse de ce nouveau mouvement « climatique » a d’abord dû se débarrasser des ONG, enterrées par la récupération gouvernementale, et des négociations sur les quotas. Son propos tient à présent dans un espoir simple doublé d’un pari crucial.
Pour survivre, le capitalisme se reconfigure autour de la question charnière du climat (réchauffement, pollution, etc.). Cet écologisme de fortune lui permet de se présenter comme seul sauveur possible face à une catastrophe qu’il a lui-même engendrée et de renouveler ses formes d’assujetissement. Mais la question climatique pourrait tout aussi bien constituer son point faible et le levier à partir duquel il serait possible de démontrer que l’accumulation du capital, et le mode exponentiel de consommation des ressources naturelles sur lequel elle repose, sont proprement suicidaires et inaptes à nous sortir de la crise à venir. Même avec tous les ajustements, quotas d’émissions et plans de consommation verte du monde.
Ainsi, la problématique climatique qui va décider de manière primordiale des politiques de travail, d’immigration, d’alimentation ou de police dans les années à venir et que plus personne ne peut ignorer, est-elle perçue comme le carrefour autour duquel pourrait se nouer une prise de conscience anticapitaliste radicale large qui ouvre à nouveau des possibles pour d’autres projets de sociétés.
À condition de trouver les analyses et actions propres à faire pencher la balance en notre faveur...
En guise d’amorce, Hambourg avait été choisie, en particulier dans le but de bloquer et de pointer du doigt la construction d’une centrale de production électrique au charbon par le trust suédois champion de la production de CO2, Vattenfall.
La partie climate du campement mobilisait, entre autres, des héritiėr-es des contre-sommets et du mouvement anticapitaliste du début du millénaire en quête de nouvelles voies de résistance. On y trouvait aussi une nouvelle génération d’anarchos-écolos-radicaux, ainsi que, à la base, des organisations plus institutionnelles dont la participation avait été contestée, et qui se sont pour la plupart retirées en cours de route.
Pour illustrer certains des débats contradictoires, on peut mentionner le fait que Greenpeace travaille à l’heure actuelle à la mise en place d’un statut de réfugié climatique. Une bonne partie des groupes antiracistes se sont opposés à une telle idée, car leur lutte pour l’ouverture des frontières s’inscrit dans un refus des statuts et des traitements différenciés faits aux demandeurs d’asile.
...et offensive antiraciste
Du côté « antiraciste », les actions et le contenu politique étaient focalisé-es sur une offensive contre les structures de répression des réfugié-es/sans-papiers et contre les déportations. Ce type de campement s’inscrit dans une dynamique bien rôdée, puisque depuis plus d’une dizaine d’années en Allemagne, des campements « No border » se sont succédé, puis exportés dans le reste de l’Europe et du monde, afin de perturber les frontières et les politiques de déportation. La partie « antira » du campement avait davantage été portée par les luttes autonomes « traditionnelles ».
Quelques mots en coup de vent sur le mouvement autonome allemand
Le terme « autonome » désigne en Allemagne une bonne partie de la gauche radicale qui se reconnaît dans des démarches anti-autoritaires, un rejet de l’État, du capitalisme, et des politiques institutionnelles. Les autonomes pratiquent l’action directe et cherchent à développer des espaces et structures autogérées. Alors que ces dynamiques tendaient à reculer au même moment en France ou en Italie, le mouvement autonome a été extrêmement fort en Allemagne dans les années 1980, et jusqu’au début des années 1990 s’appuyant sur quelques centaines de squats, des dizaines de magazines, radios, coopératives, cantines collectives, réseaux, collectifs publics ou clandestins. Cette période a vu se multiplier des actions coup-de-poing et des grandes mobilisations sur de multiples questions : le logement (défense de squats et mobilisations contre des projets de restructuration des villes), l’immigration (surtout contre l’abolition du droit d’asile), l’impérialisme économique et militaire (contre les sommets du FMI, de l’OTAN), le nucléaire, comme les légendaires blocages de trains Castor, les luttes féministes et antisexistes (surtout avec des mobilisations contre les violences faites aux femmes et des initiatives telles que « Take back the night »), l’anti-industrialisme (par exemple le blocage de « Startbahn West », l’extension de l’aéroport de Francfort).
Après la chute du mur et la résurgence de mouvements néo-nazis, l’antifascisme radical s’est implanté un peu partout en Allemagne. Il mobilise fortement à chaque rassemblement d’extrême-droite, servant toujours de porte d’entrée pour bon nombre de jeunes dans le mouvement. Malgré une forte répression dans les années 1990 (notamment contre les squats qu’il est devenu quasi impossible d’ouvrir et de garder) et un essoufflement de certaines dynamiques, le mouvement « autonome » (même si certains groupes préfèrent aujourd’hui le terme plus générique de « gauche radicale ») a conservé un ensemble d’espaces, de collectifs et de moyens impressionnants, ainsi qu’une continuité intergénérationnelle que l’on peine à retrouver par chez nous. Certaines de ces composantes parviennent toujours à porter des campagnes d’ampleur notamment sur les questions d’immigration.
À noter que certain-e-s militant-e-s, sous couvert d’anti-terrorisme, font face en Allemagne à une répression comparable à ce que l’État français met actuellement en place contre les dits « anarcho-autonomes ». Quelques dizaines de personnes étaient surveillées pour « conspiration » pendant la préparation de l’anti-G8, à grands renforts de perquisitions de maisons, de centres autogérés et de serveurs informatiques, ainsi que des suivis téléphoniques, mails et physiques. Mais la plupart des personnes incriminées ont fini par être relaxées. Cependant, une nouvelle séries de procès vont encore avoir lieu, de septembre 2008 à janvier 2009, à l’encontre de militant-e-s accusé-e-s d’avoir incendié des véhicules de l’armée et d’appartenir à des regroupements clandestins subversifs.
Une grande campagne a été lancée en Allemagne l’an dernier sous le mot d’ordre : « Nous sommes toustes des terroristes ! » Son objectif est de dénoncer les applications actuelles de l’article « 129a », qui définit les cadres de répression spécifiques face aux actions considérées comme portant atteinte à la sécurité de l’État.
La politique des « Lagers »
La dénomination plus ou moins équivalente au terme de sans-papiers en France est celle de « réfugié-e » en Allemagne. Depuis 1993, le droit d’asile a été drastiquement restreint en Allemagne. Les autorités allemandes renvoient immédiatement à la frontière toute personne soupçonnée d’être entrée par un pays voisin à l’Allemagne ou par tout autre pays dans lequel elle aurait pu faire une demande d’asile.
Quand un statut de demandeur d’asile est accordé, les migrant-e-s sont logé-e-s dans des Lagers (camps). Ils/elles peuvent en sortir, mais de manière restreinte, avec l’interdiction de travailler et des ressources dérisoires.
Quand des réfugié-e-s refusent de donner leur nationalité, illes ne peuvent légalement (donc théoriquement) pas être déporté-e-s, et restent donc parfois dans les Lagers pendant plusieurs années. Les autorités allemandes font d’ailleurs maintenant venir des délégations de différents pays censées identifier l’origine des réfugié-e-s. Les conditions de vie dans ces Lagers sont difficiles et incarnent un système institutionnalisé de discrimination. Les camps de déportation fermés où les réfugié-e-s attendent leur expulsion sont de plus en plus nombreux. Environ un million de personnes y vivent.
Des campagnes pour leur abolition ont été lancées en Allemagne sous le signe No Lager. Divers groupes autonomes de réfugié-e-s sont impliqués dans ces diverses campagnes, comme The Voice ou la Flüchtlinginitiative Brandenburg, qui regroupe principalement des migrant-e-s d’Afrique sub-saharienne.
Le campement Climate+Antira était un moyen de soutenir et de relayer diverses campagnes en cours sur ces questions de migrations.
Par exemple, depuis un an, une campagne d’actions itinérante, passant de Varsovie à Lübeck près d’Hambourg, a été lancée par le réseau Kein Mensch ist illegal, pour dénoncer Frontex, l’agence des frontières qui coordonne et forme les personnels policiers et militaires pour repousser les migrants en bordure de l’Union européenne. Autre exemple, une campagne Reclaim your market a démarré pour dénoncer la manière dont la nourriture vendue dans les Lidl, Aldi, et autres Carrefour repose notamment sur l’exploitation des sans-papiers en Europe, l’appropriation des ressources par quelques groupes marchands, et l’extermination ou la mise en esclavage des paysan-ne-s dans le reste du monde. Cette campagne vise à lier et soutenir les luttes des employé-e-s de supermarchés en Allemagne et celles des sans-papiers dans le sud de l’Europe qui travaillent au noir ou par le biais de contrats officiels de l’Office des Migrations Internationales. Cette institution ne leur donne aucun droit en Europe si ce n’est celui de s’y faire exploiter à merci. « Reclaim your market » vise aussi à repenser les possibilités d’une production alimentaire de qualité pour tou-te-s, sans tomber dans les mirages capitalistes de l’« équitable » et du Bio pour bobos.
Pluie, autogestion et pâte à tartiner
Le site du campement fut accordé par la ville au dernier moment, sous la menace d’un envahissement plus chaotique de Hambourg. C’était un grand champ situé à côté du stade de foot, plutôt en périphérie d’une ville tentaculaire. Heureusement que des « vélos d’actions » avaient été prévus, puisque tout déplacement prenait quelques heures de balade, parsemées de pistes cyclables et de chemins de traverse, et éclaboussées d’incessantes pluies portuaires, glaciales pour la saison.
Environ un millier de personnes participaient au campement. Le territoire était divisé en divers « quartiers », et parsemé de chapiteaux, marabouts, bars et autres structures collectives. Une tente radio assurait chaque jour des directs pour la radio autonome locale depuis le camp. Mais il y avait aussi une tente informatique, une tente de presse, une tente « out of action », pour revenir sur des chocs liés à la répression... Des blocs de chiottes secs luxueux, jusqu’à la Vokü (Volks Küche, cuisine du peuple) servant d’abondants repas végétaliens trois fois par jour, du thé et des pâtes à tartiner en permanence, tout était fait pour que l’on survive plutôt bien à la pluie.
Les campeurs se répartissaient plus ou moins par affinité en divers quartiers : berlinois-es anti-guerre, anarcho-primitivistes, jeunes communistes de l’organisation Solid couvrant le camp chaque soir de mauvaise électro et autres odeurs de barbecue... Chaque matin avait lieu une courte réunion de délégué-es de quartiers et de groupes affinitaires pour échanger des infos, faire passer des demandes de coups de main sur les diverses structures et prendre des décisions sur des questions concernant l’ensemble du campement. Par exemple, la décision fut prise, au bout de quelques jours, de ne plus accepter les médias qui s’étaient montrés trop intrusifs.
Outre les actions, une flopée de débats et d’ateliers avaient lieu chaque jour, autant pour creuser les thèmes du climat et des déportations que pour travailler sur des campagnes coordonnées, ou de grandes mobilisations à venir. Nous avons évoqué l’anniversaire de l’OTAN à Strasbourg en avril prochain, ou le sommet intergouvernemental sur le réchauffement climatique à Copenhague en septembre 2009.
Les Chaos Campers en action
La semaine avant le campement, et selon une tradition hambourgeoise bien établie, quelques maisons de politicien-ne-s ont été attaquées à coups de pavés, œufs de peinture et graffitis. Des voitures de l’entreprise gérant la vente de bouffe dans les Lagers ont été brûlées. Ceci a eu pour effet de porter à son comble une attention médiatique et politique sur le campement. Un quadrillage policier, annoncé comme « sans pitié », a été mis en place. Les tabloïds dépotoirs du groupe Springer, avec Bild en tête, titraient sur les « Chaos Campers » ou les 10 000 Chaoten (« casseurs ») censés venir détruire la ville. Pendant ce temps, les politiciens locaux, divisés au sein de la coalition Conservateurs/Verts qui gère la ville, se battaient sur les mesures à prendre. Malgré tout, des actions nombreuses et diversifiées ont pu avoir lieu chaque jour, et des sabotages nocturnes se sont poursuivis durant le campement.
La semaine a commencé par un jeu de piste organisé par Flash (un groupe féministe et lesbien d’Hambourg et ses environs) pour découvrir le Hambourg raciste, ainsi qu’une auto-réduction de bouffe et le blocage d’un supermarché Aldi avec un escadron de carottes s’enfuyant d’un supermarché après avoir deversé quelques caisses de nourriture sur le trottoir, pendant que des tomates prenaient position sur le toit et qu’une manifestation arrivait à point nommé, au moment où la police s’efforçait de boucler la rue.
Il y eut par la suite une journée de manifestation à Lübeck avec des collectifs autonomes de « réfugiés » devant les bâtiments de formation de Frontex. Sans parler des manifestations itinérantes devant diverses institutions, ou encore l’occupation d’un pont contre la construction d’un barrage au Kurdistan.
Sans rentrer ici dans un compte-rendu exhaustif et détaillé de ces nombreuses initiatives, la suite du campement a été marquée le mercredi par l’intrusion de 40 personnes cagoulées en pleine journée dans les bureaux traitant les demandes de papiers des étrangėr-e-s (équivalents des préfectures françaises).
En moins de deux minutes, selon la police, les ordinateurs et le mobilier étaient saccagés et les locaux recouverts de jets d’extincteurs pleins de peinture rouge. Cette action déclencha une belle hystérie médiatique et la mise en place de contingents policiers devant tous les bâtiments publics et cibles potentielles. Le jeudi soir, une équipe de démineurs dut intervenir à l’aéroport pour désamorcer une valise égarée, qui s’avéra ne contenir qu’un message minimal : « No border ! No nation ! Stop deportation ! », annonçant la journée d’action finale sur l’aéroport.
Le vendredi, l’aéroport de Hambourg fut donc fortement perturbé toute la journée par l’addition de barricades, fête de rue et sound system, poubelles enflammées et banderoles, ainsi qu’une manifestation de 900 personnes sur les divers grands axes routiers qui y menaient.
Des bandes de joggers insolites sortaient en courant des bois environnants pour répandre des troncs et des fumigènes sur les boulevards, avant de disparaître à couvert pour échapper à l’œil des hélicoptères. 300 personnes avaient même réussi, par petits groupes, en valise à roulettes et autres biais créatifs, à s’introduire dans l’aéroport pour aller ensuite envahir les terminaux et foutre le wild contre les déportations. Si l’on ajoute à cela la force d’entropie et de paralysie créée par la seule présence de centaines de policiers et les contrôles à tous les carrefours, coins de rue et accès à l’aéroport, le blocage fut relativement réussi. La fin fut cependant moins agréable avec une démonstration de force de la police brusquant le retour des derniėr-e-s manifestant-e-s, les encadrant de toutes parts, dans le style manif’, à l’intérieur d’un bunker kaki ambulant bordé de tanks et haut-parleurs.
Choisir son camp
Globalement, les actions menées ont su mêler rendez-vous publics ouverts et initiatives plus clandestines ou imprévues, moments communicatifs tranquilles et déflagrations rentre-dedans. La préparation de ce côté-là avait encore une fois été assez exemplaire, avec des listes publiques et explicatives d’institutions et entreprises liées à la répression des migrants, ou encore des ateliers réguliers d’entraînement aux actions. Plusieurs de ces rendez-vous étaient par ailleurs organisés de manière à ce que les quelques dizaines de réfugié-e-s présent-e-s sur le camp puissent y faire entendre leur voix et participer, sans prendre trop de risques d’arrestation et de déportation. L’expérience et l’efficacité de la pratique d’organisation en petits comités affinitaires déterminés s’invitant et se co-optant au fil des actions était souvent tangible, à l’instar de la veille du blocage de l’aéroport où chaque recoin, tente, bosquet du campement semblait rempli de petits groupes complotant et se préparant à agir. La police de Hambourg a beau avoir la réputation d’être une des plus efficaces d’Europe pour canaliser les manifestations politiques, les chefs de la police avaient beau annoncer qu’il n’y aurait « plus de pardon », il était sûrement malaisé pour leurs agents infiltrés de se faire une image précise des plans des un-e-s et des autres.
En termes de répression, un paquet d’arrestations individuelles ou de masse ont quand même eu lieu au cours de la semaine, heureusement sans prêter à des inculpations graves, à part, semble-t-il, pour deux personnes mises en causes dans le cadre de l’action « commando » dans les locaux du « bureau des étrangers », et dont l’une est actuellement sous contrôle judiciaire et en attente d’un potentiel procès. Une structure de soutien légale solide a été mise en place, et il était stimulant de constater que les participant-e-s semblaient prêt-e-s aux situations d’arrestation. Le campement continuait à fonctionner et les actions à s’organiser, sans que les éclats policiers ne parviennent à causer d’effet de panique qui paralyse toute l’énergie du campement.
Du côté climatique, outre diverses actions d’agit-prop, des blocages du chantier mégalomaniaque de construction de la centrale de charbon ont notamment eu lieu le mercredi et le samedi, avec des personnes pendues à une grue, des courses-poursuites dans la boue, des canons à eau, et divers échanges de coups avec la police... Il est cependant difficile d’estimer si tout ceci aura suffi à donner une consistance à l’émergence d’une dynamique anticapitaliste radicale autour de cette question. Comme l’auteur d’un article largement distribué sur le campement le pointe [1], une tentative ponctuelle de fermer une centrale énergétique peut sembler bien dérisoire face au défi climatique. Sur ce terrain, déjà amplement récupéré par des voix et organisations autrement plus puissantes, « ces campements doivent parvenir à s’intégrer dans un rapport de forces plus large qui leur donne un sens politique et une histoire autre que la revendication, aussi vaine que consensuelle, d’être “contre le changement climatique” ».
Malgré ces limites et un départ dans une ambiance post-apocalyptique, où tout n’était plus qu’une immense flaque de boue, la semaine illustrait efficacement la manière dont ce type de campement peut rassembler des énergies et permettre de coordonner des actions, quand il se donne les moyens d’une dimension offensive et qu’il repose sur des campagnes suivies plutôt que sur un simple enjeu de coup d’éclat spectaculaire. Espérons que cela puisse inspirer par chez nous.
Quelques rendez-vous internationaux à venir pour faire suite au campement de Hambourg
Ils Sont à Vichy, soyons pirates - 3 et 4 novembre 2007
À l’heure où les soutiens aux sans-papiers sont accusés d’être des "terroristes", avec un aplomb indéniable, le chef du sinistre Ministère de l’immigration et de l’Identité Nationale se fend les 3 et 4 novembre prochains à Vichy, capitale historique de « la collaboration », d’une rencontre au sommet de tous les ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’Union européenne pour mieux organiser les expulsions. D’un peu partout, des collectifs appellent à se rendre sur place et à entrer en résistance.
Pour rejoindre la mobilisation depuis Dijon : Brassicanigra.
L’OTAN et toutes ses dents à Strasbourg – 3 et 4 avril 2009
En Avril, à Strasbourg, l’OTAN fêtera ses 60 ans, les dirigeants de ses États-membres ainsi qu’une flopée de troufions, marchands d’armes et banquiers s’y retrouveront pour causer guerres, cocktails, ogives nucléaires et plans sur l’Iran ou la lune. De Berlin à Freiburg, des organisations pacifistes aussi bien que des anti-militaristes combattifs ont décidé de venir leur causer du pays et se mobilisent depuis un moment déjà. Du côté français on se réveille un peu plus tardivement et des discussions transfrontalières s’amorcent pour établir des plans d’actions, campements et autres centres de convergence qui aideront à venir plus efficacement gâcher l’anniversaire.
Voir : Dissent.
Copenhague, capitale du C02 - 30 novembre 2009
Le 30 novembre 2009, 10e anniversaire de la bataille de Seattle qui avait réamorcé les luttes anticapitalistes et donné une belle claque à l’agenda libéral à la fin des années 1990, les différents gouvernements du monde vont se réunir pour le 15e sommet de l’ONU sur le climat et causer business, petits fours et quotas pour notre plus grand malheur. C’est ce sommet que des militants anticapitalistes des cinq continents (voir article ci-dessus) ont choisi de cibler par une convergence sur place et des actions décentralisées. Si cette initiative trouve pour muse son auguste aînée nord-américaine aussi bien que l’état d’esprit plus récent mais tout aussi vindicatif qui a fait trembler les rues de Copenhague après l’expulsion de l’espace autonome Ungdomshuset, on s’attend à un fort dégagement de CO2 par auto-embrasement de la ville. À suivre...
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info