[Kurdes] Après l’attentat raciste, la répression policière



Après l’attentat du 13 novembre à Istanbul, qui a permis à Erdogan de justifier une offensive aérienne contre le Kurdistan syrien, un nouvel attentat a eu lieu le 23 décembre, à Paris, tuant 3 kurdes et en blessant 6 autres. Les rassemblements pour réclamer justice ont été brutalement réprimés.

Vendredi 23 décembre, le siège du Conseil Démocratique Kurde en France est victime d’un attentat. Un sexagénaire abat froidement 3 personnes et en blesse 6 autres en vidant 6 chargeurs de pistolet sur le siège de la rue d’Enghien et le restaurant kurde qui lui fait face. Le terroriste a déjà été condamné deux fois pour tentatives d’homicides racistes avec armes en 2016 et 2021. Il a, entre autres, attaqué un campement de réfugié avec un sabre. Il a été relâché le 12 décembre dernier sans effectuer la peine pour laquelle il avait été condamné. Ce vieillard nationaliste, haineux et gâteux, qui reconnaît lui même avoir agit par racisme, ne constitue-t-il pas un assassin de choix pour les services secrets turcs ? C’est ce que sous-entendent les militant.es kurdes, qui connaissent bien les pratiques du régime turc. Nous n’aurons la réponse que bien trop tard, car le gouvernement français joue la complicité avec le gouvernement Erdogan. Tout ce qu’on peut affirmer pour l’instant c’est que l’assassin savait qu’au moment où il s’est fait déposé devant le siège du CDK-F, une réunion d’une soixantaine de militantes kurdes devait s’y tenir. La réunion ayant finalement été décalée d’une heure au dernier moment, le massacre a été évité.

Lire le communiqué du CDK-F.

Il y a bientôt 10 ans déjà, le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes du PKK avaient été assassinées par les services secrets turcs dans le 10e arrondissement de Paris. Sans que l’État ou la justice française ne réclame jamais de comptes à la Turquie.

L’attaque du 23 décembre survient un peu plus d’un mois après un attentat qui a fait 6 morts à Istanbul. Quoique non revendiqué, Erdogan l’impute à la résistance kurde, qui nie toute implication, et justifie ainsi une intervention aérienne turque au Rojava. Une intervention qui affaiblit les Forces Démocratiques Syriennes et qui permet à l’État islamique, soutenu par la Turquie, de revenir en force. Avec l’aval de la Russie et des États-Unis qui ont retiré leurs patrouilles de la région.

Agit Polat, porte-parole du CDK-F affirrme lors d’une conférence de presse dans un restaurant à 100 m du lieu de l’attentat :
« Il est inacceptable que l’étiquette de terrorisme ne soit pas donnée et qu’ils essaient de nous convaincre que c’est un simple extrémiste de droite […] qui est venu perpétrer cette terrible attaque sur notre territoire. [...] La situation politique en Turquie concernant le mouvement kurde nous fait penser qu’il s’agit d’assassinats politiques, selon les Kurdes de France, le président turc Recep Tayyip Erdogan et l’Etat turc soutiennent l’attaque ». Agit Polat appelle les autorités françaises à « arrêter leur complaisance avec les autorités turques quand il s’agit de la sécurité des Kurdes ». Le gouvernement ne semble pas prêter l’oreille à son appel, pour preuve la manière dont il a traité les rassemblements endeuillés de Kurdes : par une répression sévère et gratuite.

À Marseille, les Kurdes et leurs soutiens se sont rassemblés à 14h place des Réformés pour se réconforter et réclamer Justice. Une marche commence qui descend la Canebière en direction de la Préfecture. Après quelques minutes, le cortège débouche à l’angle de la Préfecture et se retrouve face à un cordon de CRS et de gars de la BAC. Soudainement, la police attaque brutalement la marche de deuil. Les coups de matraque pleuvent, les gazeuses se déchargent de leur contenu lacrymal. Les marcheur.es sont sidérés, aucune sommation, aucune discussion, aucune explication. De nombreuses personnes commencent à être folles de douleur et de colère. Trois assassinats ne suffisent pas, il faut que la police termine le sale boulot des miliciens fascistes d’Erdogan. 8 cars de CRS arrivent, des affrontements commencent. Encore une fois, l’État, et sa police, montre de quel côté il se place. Du côté de l’extrême-droite, qui multiplie harcèlements, ratonnades et assassinats. [1] Du côté de la provocation outrancière, décomplexée et sadique. Aucun respect pour ses gens qui viennent de perdre des proches dans un attentat, pour ces gens qui ont subis d’autres deuils, alors que leurs familles combattaient en Syrie contre Daech et son principal soutien, la Turquie. Aucun respect pour la douleur et la peine provoquée par cet assassinat. Voilà encore un acte qui situe Macron comme complice d’Erdogan et de la barbarie de l’extrême-droite, qu’elle soit française, turque ou syrienne.

Lire l’appel à mobilisation du CDK-F.

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Malheureusement, cela se confirme à Paris. La manifestation kurde qui rassemble 5000 personnes, est attaquée par des militants d’extrême-droite turcs. Ce qui pousse la police à gazer abondamment tout le cortège. La stupide répression policière engendre la colère des manifestants. Ce qui ravi les amoureux de barricades, car les Kurdes et leurs soutiens ne se sont pas laissé piétiner par les forces armées des complices d’Erdogan.

Communiqué de solidarité de Solidaires :



Notes

[1Depuis septembre, 40 attaques brutales ont été menées par des groupes d’extrême-droite. Lors des rassemblements festifs de la coupe du monde de football, ils ont procédé à de véritables chasses aux Marocains. Des député.es, enseignant.es et militant.es politiques sont attaqué.es, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans la rue. Sans que rien ne bouge du côté du gouvernement.

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