Déclaration du Quartier libre des Lentillères,
co-signée par Extinction Rebellion Dijon, ANV COP21 Dijon, Attac 21
La production frénétique d’objets et de services des sociétés dites “développées” et “en développement” est responsable du désastre planétaire actuel. Une telle production n’est possible que parce que beaucoup trop de pétrole et de charbon sont consumés, que beaucoup trop d’humain·e·s et d’animaux sont exploité·e·s, que beaucoup trop de forêts sont abattues, que beaucoup trop de déchets sont rejetés dans la nature ou brûlés, etc.
Cette économie productiviste est soutenue et protégée par ces grosses machines que sont les États, qui ne jurent que par la croissance de leur production économique – comme beaucoup ne jurent que par l’accumulation de billets, d’objets en tout genre, ou de followers. Plus, c’est toujours mieux. Mieux qu’avant quand c’était moins, et mieux que les autres qui ont moins, aussi. C’est comme ça. C’est le jeu mortifère auquel ils nous font jouer.
Les possédants consument la planète parce que ça leur rapporte, et ceux qui veulent nous gouverner les soutiennent parce que, dans notre société, cela leur profite. Pouvoir, reconnaissance, argent : complètement aveuglés par leur "réussite", ils sont d’autant plus enclins que quiconque à être dans le déni de l’urgence écologique et à refuser un changement radical de société. C’est toujours plus dur de changer de jeu quand on est en train de gagner la partie que quand on est en train de la perdre ! Mais ce jeu a des conséquences réelles, et tout le monde va perdre si on continue comme ça.
On ne peut pas espérer que les gouvernants ou les patrons acceptent de changer de société. Tout ce qu’ils auront à proposer ne sera qu’un aménagement du désastre en cours. Si nous voulons sauver notre futur, il faut arrêter d’attendre leur permission ! Si nous voulons créer un monde viable et désirable, un monde où on ne joue pas les un·e·s contre les autres et tou·te·s contre notre planète, il faut agir ensemble, sans médiation – et maintenant, sans transition.
Le mouvement des Gilets Jaunes exprime ce désir d’autonomie politique, cette volonté de s’organiser en assemblées populaires, sans hiérarchie, sans autorité, pour changer nous-mêmes la manière dont nous vivons ensemble. Dans la continuité des collectifs écologistes, le mouvement des lycéen·ne·s, lui, replace l’enjeu planétaire au centre de la lutte. Il nous faut conjuguer ces forces, nous organiser sans politiciens en prenant toujours plus en compte ce qui est depuis longtemps déjà une évidence : si nous continuons à vivre comme nous le faisons, nous allons à notre perte.
Quand nous arrêterons de brûler du pétrole ou qu’il viendra à manquer, et que les camions ne pourront plus rouler, quand nous arrêterons de creuser la terre pour y chercher des métaux rares ou qu’ils seront épuisés, et qu’on ne pourra plus fabriquer de moteurs électriques, quand les terres du monde entier seront tellement dévitalisées qu’on n’aura plus assez de fertilisants chimiques à leur donner... que mangerons-nous s’il n’y a pas d’espaces cultivés autrement, partout, dans et autour de nos villes ?
À Dijon, les élus s’autoproclament « partenaires officiels de la transition écologique », parlent d’« autosuffisance alimentaire horizon 2030 » alors qu’ils, entre autres projets absurdes, veulent construire un centre d’affaires en lieu et place d’un champ de blé ("Éco-pôle" à Valmy), projettent de détruire les terres maraîchères les plus riches du bassin dijonnais (comme avec la bien nommée "Écocité Jardin des Maraîchers", boulevard de Chicago) à coup d’éco-béton, d’éco-polystyrène, de voitures « apaisées »... Ces élus bienfaisants, les mêmes qui se congratulent en plantant quatre arbres au milieu du bitume aseptisé, se parent grassement de générosité sociale : sur le papier la mixité est le maître mot, mais dans ces blocs de béton "verts" haute surveillance, les riches propriétaires n’entrent pas par la même porte que les petit·e·s locataires précaires.
Dans une ville en décroissance démographique [1] et qui compte plus de 7 000 logements vides, ces politicards veulent encore densifier l’urbain là où la ruralité est à l’agonie, où les villages se transforment un à un au mieux en dortoirs, au pire en villages fantômes : "villages fleuris" qui ornent le cimetière de la biodiversité et de la paysannerie, massacrées sur l’autel du profit. Les quelques paysan·ne·s survivant·e·s, transformé·e·s en forçats, sont appellé·e·s froidement « exploitant·e·s agricoles », du même nom que les grand propriétaires terriens et les pontes de la FNSEA, à la solde des industries agro-alimentaires.
Les politicards, ce sont les tributaires du monde capitaliste qui s’écroule, qui tente d’emporter avec lui tout nouvel espoir en le labellisant, qui rachète et intègre tout ce qui peut le faire vivre encore un peu, peu importe les minorités écrasées, les dégâts humains et environnementaux, tant qu’il y a de l’argent à se faire et du pouvoir à gagner.
Faire un pas de côté, c’est changer les règles du jeu d’un coup : n’allons pas mendier un peu de bon sens aux dirigeants, allons plus loin. Conquérir notre autonomie alimentaire, c’est d’abord construire notre autonomie politique.
Il n’y a pas d’écologie capitaliste ! Fauchons leur l’herbe sous le pied et agissons.
Occupons et cultivons ces terres en dehors des rapports marchands !
Nous qui habitons et cultivons le Quartier Libre des Lentillères contre sa bétonisation et essayons d’y inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, soutiendrons toute défense de terres menacées par l’urbanisation et la marchandisation.
Co-signataires : Extinction Rebellion Dijon, ANV COP21 Dijon, Attac 21
- le vendredi 20 septembre avec les lycéen·ne·s en grève pour le climat puis avec les associations et collectifs écologistes ;
- le samedi 21 septembre lors de la manifestation des Gilets Jaunes jointe à la Marche mondiale pour le climat ;
- le vendredi 27 septembre pour le Banquet des Terres à l’appel du Quartier libre des Lentillères !
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