Pourquoi l’Amazonie (et le monde) brûlent-ils ?



Ou comment l’expansionnisme industriel consume les forêts mondiales.

La presse mainstream en parle depuis un peu plus d’une semaine : l’Amazonie brûle. On a mis du temps à se réveiller, mais, urgence climatique oblige, on finit par s’en offusquer, on s’indigne, on pleure pour la planète. À aucun moment on n’essaie d’en comprendre les causes et les véritables enjeux. L’Amazonie est un écran de fumée sur la situation mondiale des forêts et pour en saisir les tenants et les aboutissants il est nécessaire d’élargir la focale.

Certes, l’Amazonie est en train de se consumer. Or la situation en Amazonie est bien moins pire que celle de la forêt tropicale africaine. On peut s’en rendre compte sur cette image captée le 22 août 2018 par les satellites de la mission Worldview, Earth Observing System Data and Information System (EOSDIS) qui se base sur la température du sol enregistrée grâce au rayonnement infrarouge.

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Il faut savoir que ces incendies spectaculaires sont principalement d’origine volontaire. Au centre de l’Afrique, que l’on voit apparaître très clairement en rouge, les fermiers allument des feux pour se débarrasser de la végétation afin de dégager le terrain pour de nouvelles cultures ou des pâturages.
L’étendue de ces feux semble généralisée sur l’ensemble de pays comme l’Angola, la Zambie ou la Tanzanie, et très présents au Congo. Ces incendies représentent 25 à 35% des émissions annuelles totales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’Afrique centrale représente environ 70% de la superficie de forêt brûlée dans le monde, mais tout le monde a le regard tourné vers l’Amazonie.

Au Brésil, des milliers d’hectares de forêt partent chaque année en fumée pour laisser place à l’élevage de bovins et à l’extraction minière. Le feu est ainsi utilisé pour nettoyer des zones déforestées, ouvrir des pistes, préparer des terres à la culture, étendre les élevages et laisser place à de gigantesques mines. Ces incendies tournent souvent au désastre et sont responsables d’un tiers de 4,5 millions d’hectares de forêt amazonienne partis en fumée en 2017 au Brésil. À cette pratique s’ajoute celle des feux de décharge, qui reste le principal moyen de se débarrasser des déchets dont la gestion est tout à fait critique.

Depuis l’élection de ce fumier de Bolsonaro à la présidence de l’état brésilien, le phénomène a littéralement explosé. En effet ce dernier affiche son soutien sans faille aux grands propriétaires terriens, aux entreprises de la déforestation et aux industries minières. « Je pense que la position du président Bolsonaro a encouragé les paysans à mettre le feu. Ils ont l’impression d’avoir le soutien du chef d’État pour commettre ces actes » affirme Raoni, le chef de la tribu Kayapo d’Amazonie. Ce qui a des conséquences désastreuses sur la forêt amazonienne. Cette année, la déforestation a augmenté de 67%, ce sont plus de 4699 km2 de forêt tropicale qui ont disparu en 6 mois. Plus de 80.000 foyers d’incendies ont été recensés, soit une augmentation de 87% par rapport aux années précédentes.

Bolsonaro va même jusqu’à accuser les ONG qui travaillent à protéger la forêt amazonienne d’avoir elles-mêmes allumé ces incendies afin d’attirer l’attention sur leur situation. Lui qui a éliminé plusieurs postes clés dans les organisations gouvernementales consacrées à l’analyse de la déforestation, à la lutte contre les crimes environnementaux et à la protection de la biodiversité. Lui qui démantèle la protection des territoires autochtones, qui constituent les seuls véritables remparts contre la déforestation ou l’exploitation des énergies fossiles et des ressources minières. Bolsonaro met également en cause la sécheresse, alors que l’année 2019 a été bien moins sèche que les années précédentes.

Et, cerise sur le gâteau, il refuse les aides de l’État français en prétendant que l’Amazonie est au Brésil et qu’il en fait ce qu’il veut. Il faut dire que Macron peut bien lui faire la morale, c’est son gouvernement qui octroie des permis d’exploration aux multinationales minières en Amazonie française. En Guyane, ce sont plus de 360 000 hectares qui ont été cédés aux multinationales minières par la clique macroniste.

Il semble donc que le meilleur moyen pour réduire les incendies en Amazonie et ailleurs est de lutter contre la voracité des grand propriétaires, éleveurs et industriels et contre les politiques qui leur laissent le champ libre.



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