Déclaration sur l’imposture “plateformiste” du contre-sommet du G7 au Pays Basque.
La plateforme G7EZ, requinquée par sa promenade du samedi 24 août à Hendaye, dont le chiffre des participant.e.s a clairement été gonflé, y compris par la préfecture, écrivait avec une assurance tout a fait déplacée au vu des multiples critiques dont elle fait l’objet : « Ce contre-sommet est d’ores et déjà une réussite ».
Cette phrase résonne en nous comme un coup de marteau. Elle est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : le temps est venu pour nous de dénoncer l’imposture de ces organisations qui depuis trop d’années tentent de nous déposséder de nos combats et négocient sans cesse notre reddition face aux violences du système capitaliste.
La plate-forme G7EZ a appelé à converger sur le G7 de Biarritz pour participer à un camp et des actions sur la base d’un « consensus d’action » qui, disons-le clairement, ne faisait aucunement consensus, ni entre les participant.e.s au contre-sommet, ni entre les participant.e.s à la plate-forme elle-même. Les collectifs Indar Beltza et IPEH Antifaxista ont d’ailleurs quitté la plate-forme à la veille du contre-sommet.
La plate-forme G7EZ a investi toute son énergie et ses finances (plus de 50 000 euros) dans la mise sur pieds d’un programme de conférences dans le centre Ficoba, majoritairement animées par des membres locaux de son réseau, mais n’a pas jugé utile de financer, ni même de penser la mise en place en amont des moyens logistiques du contre-sommet : les cantines, équipes juridiques et équipes de soins autonomes se sont déployées indépendamment d’elle et sans leur soutien effectif. Aucune connexion internet ad hoc permettant une meilleure communication entre les différents pôles du contre-sommet et l’établissement d’un media center digne de ce nom n’a été déployée, contrairement à ce qui se fait sur la plupart des contre-sommets, y compris au milieu de champs perdus au milieu de nulle part.
Aux premières heures du campement d’Urrugne, la partie la plus influente de la plate-forme, visiblement peu habituée aux pratiques autogestionnaires, s’est montrée réticente à la tenue d’assemblées générales, pensant sans doute que l’organisation du campement resterait du ressort de leurs réunions « au sommet » (sans mauvais jeu de mot).
Enfin, et c’est sans doute le plus scandaleux, la plate-forme s’est comportée tout au long du contre-sommet comme si elle pouvait agir et décider sans les centaines de participant.e.s, se contentant d’énoncer des règles de conduite que chacun.e se devait de respecter, au risque de se voir invité.e à “aller voir ailleurs”. Si leur communication est non-violente, leurs pratiques sont belles et bien autoritaires.
A plusieurs reprises, dans leurs déclarations publiques et dans des discussions à haute voix, des membres de la plate-forme ont fait preuve d’un chauvinisme présomptueux et moraliste envers les participant.e.s au contre-sommet qui n’étaient pas d’accord avec eux. On a notamment entendu : « C’est NOTRE contre-sommet » ; « Si vous n’êtes pas d’accord avec NOTRE consensus d’action, vous n’avez rien à faire au campement » ; « Il y a ici une majorité de français qui ne respectent pas le consensus d’action des basques, c’est de l’impérialisme »…
Samedi soir, le seul communiqué officiel de la plate-forme sur son site internet concernait un fait divers dénonçant l’attaque d’un photographe, celle-ci se sentant sans doute obligée d’honorer son engagement envers la préfecture à condamner moralement toute violence. Chacun se souviendra d’ailleurs de ces bénévoles de la plate-forme déployés le long du cortège en lieu et place de la police pour protéger les banques d’éventuelles actions anti capitalistes contraires à leur « consensus de non-action ».
Par ailleurs, il n’y a eu absolument aucun mot de la plate-forme sur la répression en cours ce samedi à Bayonne, sur les 68 arrestations préventives ou arbitraires, ni sur les lourdes condamnations de trois allemands de 18 à 23 ans incarcérés depuis la veille à l’issue d’un procès expéditif, alors même qu’il s’agit d’un scandale absolu. Que les membres de la plate-forme ne viennent plus nous parler de solidarité avec les prisonniers !
Enfin, la plate-forme a annulé de façon unilatérale les principales actions de blocage prévues le dimanche en se servant de la pression policière comme prétexte, comme si elle découvrait subitement l’ampleur du dispositif et s’imaginait pouvoir contester l’autorité de l’Etat et du G7 sans se frotter aux forces de l’ordre. Les metteurs en scène ont annulé la représentation de leur pièce de théâtre, démontrant encore une fois combien ils considèrent les milliers de manifestant.e.s comme des figurant.e.s. Pris au dépourvu, ces derniers n’ont pas pu organiser d’action d’ampleur à la dernière minute, mais ont improvisé un rassemblement de soutien avec les personnes en garde-à-vue au CRA d’Hendaye. Heureusement que la présence d’esprit des participant.e.s au contre-sommet a su pallier l’incurie et l’absence de réflexes politiques des plateformistes…
Pour achever le tout, la plateforme a organisé dans son coin une conférence de presse le lundi midi (à la cité de l’Océan, à deux pas de la zone interdite) pour y faire une déclaration convenue sur le méchant Macron et ses méchant.e.s allié.e.s, mais s’est bien privée de faire un bilan circonstancié et critique sur le déroulement des jours précédents : pas de bilan chiffré de la répression, pas d’explication cohérente sur l’annulation des actions de la veille, pas de topo sur le contenu des négociations incessantes avec la préfecture, rien sur les entraves à la défense rencontrées par la Legal Team, ni sur l’infiltration de l’organisation du contre-sommet par une taupe policière, rien sur le bilan financier du contre-sommet et la frilosité à soutenir les collectifs qui se sont crevé pour faire exister le campement permettant à leurs militant.e.s de participer à leurs conférences et “actions”… En fin de conférence, 40 personnes sont allées se frotter symboliquement à la zone rouge en levant les bras pour les caméras, dans une ultime mascarade certainement négociée avec le préfet, qui a laissé chez certain.e.s militant.e.s, basques compris.e.s, un sentiment d’humiliation.
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