En direct-live du contre sommet à Hendaye, des reporters proposent chaque jour aux sites Mutu quelques nouvelles en photos et/ou récits du contre sommet.
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Jeudi soir, 19h. Des meufs, trans, intersexes, non-binaires se rassemblent à Ficoba, côté espagnol de la frontière. Environ deux cents personnes ont répondu à l’appel à manifester jusqu’à Hendaye en cortège non-mixte sans mecs cis [1].. Un mur de cartons est construit, chaque carton représentant une facette du patriarcat, écrite en différentes langues : « hystérie », « douce et fragile », « epilación », « frigide », « mignonne », « racismo »... Des banderoles sont étalées sur le sol : « Solidarité féministe », « No gender assignation, no borders », « El patriarcado mata cada dia », « No means no », « Kapitalistu Patriarcatu Alianza Kriminala »... Le texte d’appel à la marche est lu en français, basque et espagnol, et se conclut par la nécessité d’abolir le patriarcat et tous les types d’exploitation des êtres vivants. Après un petit point sur la non-mixité choisie, le cortège part en courant sous les cris et les acclamations, en défonçant le mur en cartons – les facettes du patriarcat s’écroulent. La marche traverse la frontière, en cortège, aux cris de « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières », « No borders, no nations, no deportations », puis poursuit dans les rues d’Hendaye, déterminée, joyeuse et bruyante. Derrière la banderole de tête, certaines personnes masquées et torses nus portent des inscriptions sur le corps. La marche se poursuit dans la bonne humeur, avec des cris, des slogans, des chants féministes. « Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère ». A la Caneta, côté français, d’autres personnes rejoignent le cortège, qui poursuit sa route jusqu’au centre ville d’Hendaye. Peu de flics, une seule voiture de police municipale ouvre la route. Arrivé à la plage, une partie du cortège se déshabille et se rue dans l’eau, avec un énorme drapeau féministe. Des feux d’artifice sont tirés. Des slogans et des chants s’élèvent de la mer, dans la nuit : « Qui va faire la vaisselle ? Nous on fait la révolution ! ». Les cantines ont prévu snacks et nourriture, pique-nique sur la plage, sous les yeux ébahis des touristes.
Vendredi, 11h. Une première assemblée est organisée histoire de proposer une action de blocage l’après-midi même. Une deuxième assemblée discute ensuite des modalités pratiques permettant d’aller manifester à Bayonne samedi après-midi, en réponse à l’appel à « prendre Biarritz depuis Bayonne » et à l’appel des Gilets Jaunes. Beaucoup de nouvelles arrivées sur le camp. Pas mal de monde profite de la proximité de la plage.
15h, c’est l’heure du rendez-vous pour partir jusqu’au point de blocage prévu. Trois militant-es basques participant à la plateforme G7-EZ viennent exprimer les raisons pour lesquelles illes pensent que cette action n’est pas judicieuse. La discussion en assemblée prévue la veille au soir concernant le « consensus d’action » n’a pas pu avoir lieu. Le premier, qui se présente comme membre de la gauche indépendantiste basque, regrette que le travail mené au sein de la plateforme pour parvenir à ce consensus ne soit pas respecté. En même temps, il rejette les critiques formulées sur le « pacifisme » de ce consensus, rappelant les années de lutte armée, de clandestinité, d’emprisonnement de nombreux-ses habitant-es du Pays Basque. Il demande à ce que les actions menées en dehors du cadre arrêté par la plateforme le soient loin d’Hendaye, afin de ne pas mettre en difficulté les militant-es locaux, amené-es à subir sur le long terme les conséquences de ce qui se passera lors des prochains jours. La militante qui prend la parole après lui estime que la complémentarité des luttes suppose de respecter le consensus établi par la plateforme. Elle explique que la lutte contre le G7 a été pensée localement en deux temps : un contre-sommet de mercredi à vendredi, des manifestations et des blocages de samedi à lundi. Tout ce qui n’entre pas dans ce cadre est apparemment malvenu.
Ces objections n’empêchent pas trois cent personnes de partir en cortège dans la montagne, pour rejoindre Urrugne et l’un de ses rond-points menant à l’autoroute. Alors que la manifestation traverse le bourg, un hélicoptère et vingt motos de police font leur apparition. L’hélicoptère restera dans le ciel jusqu’à la nuit. Sur les motos, un conducteur, un flic en tenue anti-émeute derrière : les voltigeurs sont là. Ils suivent à distance, les conducteurs lâchent leurs passagers, qui s’avancent un peu, puis remontent sur les bécanes. Après avoir bloqué un premier rond point, le cortège et sa banderole « Welcome to paradise » continue d’avancer vers l’autoroute, mais les gendarmes mobiles ont investi le carrefour suivant. Le cortège fait donc demi-tour, sans chercher l’affrontement, et décide de reprendre le chemin du camp en occupant la départementale, escorté par les gendarmes.
19h30. Le retour se passe tranquillement jusqu’à ce que deux motards de la police surgissent face au cortège, apparemment surpris de la présence de la manif ! Les manifestant.es les invitent à rebrousser chemin, les motards s’entêtent et pénètrent au milieu de la foule. Leurs motos se font bousculer, un des deux motards fuit, alors que l’autre qui a mis pied à terre se fait défoncer sa bécane. Il est expulsé du cortège et récupéré par une voiture de la BAC qui arrive elle aussi face au cortège. Son collègue reviendra plus tard, penaud, demander aux militant-es masqué.es où est passé son pote. Après cet épisode, la retraite vers le camp se tend. Les charges se succèdent. Plusieurs interpellations ont lieu à ce moment là.
Il faut encore près d’une heure pour rentrer. La pression redescend. Une barricade commence à être construite sur la route de la corniche. Une bagnole de BAC débarque. D’autres unités rappliquent. Progressivement, les tirs de LBD et lacrymo font remonter les gens vers l’entrée du camp.
Plusieurs barricades sont rapidement montées, pendant que les GM et les voltigeurs (encore eux !) entrent dans la danse et viennent prendre position au pied du village vacances. Un léger vent de panique souffle, les rumeurs circulent à toute vitesse, parfois alimentées par les fantasmes guerriers. Le tout se passe dans un cadre superbe, avec vue sur la mer et coucher de soleil. Après une heure d’affrontements, les flics refluent et le calme revient.
Ces événements n’ont pas permis à la discussion prévue avec des représentant-es de la plateforme de se tenir à l’heure prévue. Vers 23h, quelques-un.e.s d’entre elleux interviennent au campement pour donner des informations : 23 blessé.e.s pris.e.s en charge sur le camp, 12 interpellé.e.s, une assemblée prévue à 8h le lendemain pour discuter de la préservation de l’intégrité de toutes les personnes présentes sur le camp. Une AG nocturne permettra d’apprendre qu’une caméra a été trouvée sur le camp, qu’un-e indic a été identifiée et chassée, et de faire un point sur les événements de la journée et le programme du lendemain.
On n’a pas trop su ce qui se passait au centre des congrès, ça ressemble vraiment trop à l’université d’été d’ATTAC, avec débats descendants et prises de paroles convenues. Demain, une première manifestation, à l’appel de la plateforme G7-EZ, ralliera Irun depuis Hendaye.
L’après-midi, il est donc question de « prendre Biarritz depuis Bayonne ».
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