G7 - EZ Acte 4 : Police Partout, contre-sommet t’es où ?



Où il est question d’altermondialisme, de consensus autoritaire, du bouclage de Bayonne, de désespoir et de confusion.

En direct-live du contre sommet à Hendaye, des reporters proposent chaque jour aux sites Mutu quelques nouvelles en photos et/ou récits du contre sommet.
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Manif de samedi matin

10 à 15.000 personnes se retrouvent pour le grand baroud altermondialiste sur le port d’Hendaye, on semble faire un grand bond en arrière dans le temps, à l’époque des grands sommets qui avaient quand même un peu plus de gueule...
Comme on pouvait s’y attendre, le seul rdv officiel annoncé par la plate-forme est le moment où toutes les organisations, du PCF à la Confédération Paysanne, sont présentes, ainsi que la société civile basque, mais étrangement le nombre de personnes n’est pas aussi important que l’on pouvait l’espérer…

C’est poussif, et malgré la mobilisation et l’énergie sincère d’une partie du cortège, on n’arrive pas à ressentir une détermination à la hauteur des enjeux.

Un service de « médiation » bien fourni composé notamment de membres d’Alternatiba et Bizi se positionne devant le commissariat et tire des banderoles devant les vitrines et les distributeurs de banque pour les protéger des vilain·es casseu·ses.

Le défilé se termine par des prises de paroles convenues devant le centre des congrès, après le passage de la frontière. Les forces de police, discrètes pendant la manifestation – malgré la présence d’un drone et de deux hélicoptères –, se sont redéployées immédiatement pour quadriller le centre ville d’Hendaye.
Le spectacle est tellement triste que les personnes qui cherchaient autre chose qu’une simple opération médiatique se sont données rendez-vous à Bayonne l’après-midi.

Arrivée à Bayonne vers 15h

La ville est transfigurée, fantomatique. Seuls la peuplent des zombies en uniformes et quelques militant.es qui se croisent du regard tout en cherchant un point de convergence pour se rassembler. La quasi totalité des commerces sont fermés, claquemurés, il règne une ambiance post désastre qui prend aux tripes. Le dispositif méritrait l’usage de tous les superlatifs. C’est du jamais vu.

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Le rendez-vous en périphérie de Bayonne pour le convoi en provenance du camp, ne semble pas avoir fonctionné. Le parking du castorama est rempli de véhicules de flics en tout genre. Quelques personnes ont été arrêtées, celle et ceux qui ont pu échapper aux mailles serrées refluent vers le centre-ville où les contrôles de sacs et d’identité sont incessants - certaines personnes se feront contrôler plusieurs dizaine de fois, parfois à moins de 20 mètres de distance entre deux fouilles.
Contre tout pronostic, un cortège de quelques centaines de personnes parvient tout de même à se former. Il tourne en rond dans le petit Bayonne de l’autre côté de la rive qui le sépare du centre ville où nous réussissons à nous regrouper. Il est déjà 19h. Se met en place un vague jeu de miroir avec deux cortèges de chaque côté de la Nive. On chante en canon, on scande des slogans, on se répond de part et d’autre de l’eau, on arrive à sentir un peu de joie d’avoir, maigre consolation, réussi à former un petit cortège face à une telle armée.
Des grenades lacrymogènes pleuvent de l’autre côté, où le cortège est plus offensif. Certaines rebondissent sur les murs, les balcons et les toits des immeubles du Petit Bayonne, la plupart finissent à la flotte. Quelques cailloux atteignent les fourgons sous les hourras. À une centaine, côté vieille ville, nous sommes repoussé·es et emmené·es dans un entonnoir de CRS bretons qui nous ramène du même côté que la manif sauvage qui semble s’être dispersée entre temps.

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Entre désespoir et fatigue, le retour au camp s’impose, qui en vélo, à pied, en stop, ou en voiture en essayant d’éviter les contrôles sur les quelques dizaines de kilomètres que constituent l’agglomération de Biarritz, Bayonne et Anglet.
Sur l’autoroute du retour, nous sommes constamment dépassé·es, encerclé·es par des camions de CRS ou des dizaines de voltigeurs qui conduisent en horde.

Au camp, une AG compliquée démarre à 21h. Les membres de la plate-forme prennent la parole pour annoncer que la seule action encore vaguement défendue par elle consiste à organiser un sit-in de midi à 14h sur une plage à proximité de Biarritz, alors qu’initialement sept points de rassemblement avaient été imaginés. Avant même que leur proposition puisse être discutée, iels [1] se retirent dans leur bulle vitrée pour discuter entre elles et eux. Les quelques centaines de personnes présentes sur le camp essayent tant bien que mal de poursuivre, sans information, interrompues par des prises de parole portant sur des objets perdus. On est au bord de la crise de nerf.
Alors que le G7 a commencé, nous essayons du jour pour le lendemain de préparer une action de masse, sans que les organisateur et organisatrices du contre-sommet ne soient présent·es pour répondre aux interrogations. D’autres personnes proposent un rassemblement devant le CRA [2] d’Hendaye réquisitionné pour enfermer les personnes interpellées pendant le contre sommet ; des Gilets Jaunes proposent une marche sur Biarritz depuis Bidart. Tout semble improvisé, dans une confusion croissante.

Lire aussi : Des Gilets Jaunes contestent le consensus pacifiste de la plate-forme organisatrice

La situation change encore au cours de la nuit. Des rumeurs de présence policière aux abords immédiats du camp amènent quelques personnes à monter des barricades à toutes les issues, et jusqu’à la route menant à la corniche. Des feux sont allumés. Depuis le camp, on entend quelques explosions et on perçoit des tirs sporadiques de gaz lacrymogène. La situation semble absurde. La tension est constante tout au long de la nuit.

D’après des membres de la plateforme, qui reviennent sur les événements de la nuit pendant l’AG du lendemain matin, l’un des organisateurs du rassemblement a été contrôlé en revenant d’un repérage ; comme il faisait l’objet d’une interdiction de territoire français, il a été expulsé immédiatement vers le Pays basque sud. En conséquence, la plateforme a décidé de « repousser » le sit-in prévu, sans pour autant annoncer de date de report...

Lire aussi : « Allons à la poste frontière » - Aller et retour d’un journaliste expulsé

D’après nos informations, la préfecture a menacé d’intervenir sur le camp s’il n’était pas vidé lundi à 12h. On est très loin du « succès » affirmé par G7-EZ et Alternative G7 dans un communiqué commun publié samedi soir.

Au cours de l’assemblée générale, la legal team [3] a dénoncé les pratiques du bâtonnier de Bayonne, qui s’est opposé à ce que les avocat·es de la défense collective se substituent aux avocats commis d’office. Un nouvel exemple de collusion de la justice et de la police.



Notes

[1iels est une création orthographique féministe pour désigner plus facilement un ensemble de personne sans avoir à définir le genre des personnes composant ce groupe

[2Le Centre de Rétention Administrative

[3L’équipe, formée pour l’occasion, qui s’occupe de suivre les personnes arrêtées, et de faire de la prévention juridique auprès des manifestant·tes

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  • Le 1er septembre 2019 à 11:38, par jimmy

    salut,
    petite réctification factuelle :

    « La »substitution« est l’effet d’un texte légal ou règlementaire, mais surtout l’effet d’une convention par laquelle une personne est investie des droits et des obligations d’une autre. Un mandataire est le substitut de son mandant. »
    (www.dictionnaire-juridique.com).

    Les avocats bénéficient, eux d’une présomption de mandat pour tous les actes devant les juridictions judiciaires que ce soit le mandat de représentation du justiciable ou la « lorsqu’un avocat, empêché de comparaître pour défendre les intérêts d’un client, demande à l’un de ses confrères de le remplacer à l’audience. » (même site que plus haut).

    Par conséquent, le dernier paragraphe doit être changé comme suit :
    "Au cours de l’assemblée générale, la legal team [3] a dénoncé les pratiques du bâtonnier de Bayonne, qui s’est opposé à ce que les avocat·es de la défense collective se substituent entre eux pour assurer les auditions des gardés à vue.

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