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Aymeric - MP3 - 9.5 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
Bande de Non-sco ! - MP3 - 26.8 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
Batman et Hanteman - MP3 - 2.6 Mo
Paroles Non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
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Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
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Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
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Laure - MP3 - 3.1 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
Les écoles mutuelles - MP3 - 1.5 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
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Marion - 2e partie - MP3 - 3.9 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
Marion - Partie 1 - MP3 - 6.6 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
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Nico - MP3 - 5 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
Sylvie - MP3 - 6.7 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
« L’IEF rassemble des gens très différents » - MP3 - 2.1 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg -
« Ne pas devenir un enseignant » - MP3 - 3.8 Mo
Paroles non-scolarisées - Canal Nivernais
7 septembre 2020
Radio Talweg
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Introduction
Depuis une dizaine d’année, le Morvan est traversé d’un sursaut silencieux : les enfants semblent déserter lentement les écoles.
Alors que Lormes accueille tous les étés depuis 2016 des rencontres de l’association Les Enfant D’Abord, regroupant ainsi plusieurs centaines de parents et enfants non-scolarisé·e venu·es de toute la France, une soixantaine de famille venait de la Nièvre ou de ses environs.
Alors pour la deuxième année consécutive, une cinquantaine de parents et d’enfants non-sco organisait une balade à vélo le long du canal nivernais pour marquer leur non-rentrée des classes. Pendant 4 jours - du 5 au 8 septembre - ils et elles ont donc pédalé une vingtaine de kilomètres par jour, pour camper, jouer et se raconter des histoires autour du feu la nuit tombée.
Le dernier jour, ils et elles étaient rejointes par davantage de monde pour une après-midi de discussion autour du thème « La liberté d’instruction, comment ça résonne en moi ? ».
Nous sommes deux à les avoir rejoints et à les avoir enregistré pour Radio Talweg. Tous les portraits sont à écouter plus bas, mais avant on s’est dit qu’on pouvait reposer quelques bases à propos de la non-scolarisation des enfants.
Quelques bases
Le cadre légal
L’école n’est pas obligatoire, mais l’instruction oui. Ce qui signifie qu’on peut décider de ne pas mettre son enfant à l’école, et de l’instruire à la maison.
Quand on décide de ne pas scolariser un enfant, il suffit donc de le déclarer en mairie :
Les personnes responsables d’un enfant soumis à l’obligation scolaire définie à l’article L. 131-1 [1]doivent le faire inscrire dans un établissement d’enseignement public ou privé, ou bien déclarer au maire et à l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation, qu’elles lui feront donner l’instruction dans la famille. Dans ce cas, il est exigé une déclaration annuelle. (...) La présente obligation s’applique à compter de la rentrée scolaire de l’année civile où l’enfant atteint l’âge de trois ans.
Article L.131-5 du Code de l’Éducation, alinéas 1, 2 , 3 et 4
Ensuite, la mairie fait une enquête sur les raisons de cette non-scolarisation, et détermine si l’instruction à la maison est compatible avec l’état de santé et les conditions de vie de la famille. L’enquête est renouvelée tous les 2 ans. Puis, l’inspecteur de l’académie réalise des contrôles au moins une fois par an pour « vérifier que l’enseignement assuré est conforme au droit de l’enfant à l’instruction ». En pratique, ces contrôles donnent lieu à beaucoup de conflits entre différentes manières de concevoir ce que doit comprendre cet enseignement.
Les raisons de la non-sco
Les raisons pour lesquelles les parents décident de ne pas scolariser leurs enfants sont vraiment très multiples et peuvent être tout à fait opposées. Des catholiques intégristes qui refusent que leur enfant lise un autre livre que la bible aux libertaires anarchistes qui militent pour l’autonomie et le choix d’apprentissage des enfants. De celles et ceux qui embarquent leurs enfants au bout du monde à travers de grands voyages à celles et ceux qui veulent leur apprendre la vie de la ferme et les rythmes longs des cultures. De celles et ceux qui gardent un souvenir traumatisant de leur scolarisation, à celles et ceux qui ont adoré l’école mais trouve qu’elle ne va pas assez loin.
Face à l’institution républicaine que représente l’école, il y a bien des débats à avoir sur la « liberté » d’apprentissage, qui soulève bien des questions politiques. On était tenté d’écrire quelques lignes théoriques sur la liberté, le libéralisme et les libertaires... Mais plutôt que de se lancer dans une démonstration théorique [2], on se dit que la meilleure manière d’apprendre des choses sans préjugés abstraits, c’est de vous laisser écouter les paroles des premiers concernés.
L’instruction en famille est déclinée de manière très différente et vécue de manière politique de façon très différente d’une famille à une autre, donc il y a une grande mixité sociale parmi les familles qui pratiquent l’instruction en famille. Si je veux caricaturer un peu, je pense qu’il y a des familles qui font l’IEF en disant « J’accouche à la maison, j’allaite mes enfants pendant 6 ans et je leur fais l’école parce que je veux qu’ils deviennent l’élite de la nation, et je veux leur donner tous les moyens pour développer leurs capacités et les services publics nous tirent vers le bas, nous tirent vers le peuple ». Et puis il y a d’autres courants, d’autres familles, pour qui y’a un grand désir de liberté, une grande confiance naturelle dans les capacités de l’enfant. Et ça, ça demande aux parents un grand lâcher-prise.
Extrait d’un entretien avec Marion
Pédagogies hors des murs
Les parents que nous avons rencontré nous ont beaucoup parlé de la différence entre « homeschooling » et « unschooling » : la différence entre le fait de faire l’école à la maison ou de ne pas la faire.
L’école à la maison prend de multiples formes, mais son idée générale est d’essayer globalement de suivre les programmes scolaires, à travers des enseignements « formels », c’est-à-dire concrètement en proposant ou en imposant des moments d’enseignement qui s’apparentent à l’école.
Le « unschooling », qu’on traduit en français par « Apprentissage autonome », part du principe que l’enfant apprend ce qui l’intéresse de façon autonome, et que les adultes ne sont là que pour nourrir les intérêts de l’enfant lorsqu’ils apparaissent [3].
Certains parents suivent rigoureusement l’une ou l’autre des méthodes, mais beaucoup d’autres ont l’air de faire de joyeux mélanges, on vous laisse les découvrir dans les interviews.
Pour notre groupe de la Nièvre, il y a une bonne majorité de famille qui croit en le Unschooling. Ça signifie « ne pas enseigner », ne pas mettre l’enfant dans un système institutionnel pour lui apporter les choses dont on s’imagine qu’il a besoin.
C’est aussi le fait de choisir de ne pas prendre la place d’enseignant et d’enseigner à nos enfants.
C’est plus un truc d’accompagnement, d’offrir les outils, les possibilités de faire. D’être à l’écoute, et quand il a des questions, on peut essayer ensemble de trouver les réponses. Si moi j’ai les réponses parce que ma vie a fait que j’ai répondu à ces questions-là, je peux apporter des éléments de réponses. Et si on les a pas, on va chercher ailleurs, chez d’autres gens, dans des livres, etc.
Extrait d’un entretien avec Marion
Paroles descolarisées
Ces interviews se sont déroulées le lundi 7 septembre. Nous étions 2 à poser des questions. En tout cas jusqu’à ce que d’autres se prennent au jeu avec nous.
Nous avons retranscrit ici certains passages qui nous ont particulièrement marqué. Mais les enregistrements sont beaucoup plus riches.
Les enfants
Groupes d’enfants
7 septembre 2020
Radio Talweg
Comment vous avez appris à lire ?
V - Moi j’ai appris à lire un peu toute seule, enfin à l’école Montessori. En gros à deux ans moi j’ai voulu aller à l’école et puis Félix mon frère il ne voulait pas du tout, non mais pas du tout du tout, c’était pas possible, donc on a trouvé ce compromis la : lui il passait à peu près la journée dehors pendant que moi j’apprenais à lire.
L - Moi c’est parce que mes sœurs lisaient des livres que je ne pouvais pas lire. C’est comme ça que j’ai appris à lire, parce que je voulais les lire. Du coup ça m’a motivé.
T - Moi j’ai appris à lire avec une méthode ça s’appelle Ratus. Tout les jours tu lis un petit paragraphe de 3 lignes à peu près. J’ai fais ça pendant 1 ans et maintenant je sais lire.
F - Moi à un moment j’ai voulu lire un livre de 100 pages et là je me suis dit : « si j’apprenais à lire ? ». On étais parti en Italie et j’ai essayé de le lire. Je demandais à ma sœur tout le temps : « c’est quoi ça, ça c’est quoi ? » Et puis maintenant je lis des livres nettement plus gros en nettement moins de temps.
S - Moi en fait dans ma chambre quand j’étais plus petit il y avait un poster Asterix que j’avais bien dans l’axe. A chaque fois que je me couchais ma maman elle me faisait un câlin, après elle partait et elle laissait la lumière allumée. Et en fait y avait marqué Asterix et le papyrus de César. A chaque nuit je lisais ça, puis un moment j’ai voulu lire d’autres mots, puis c’est allé tout seul.
Z - Moi j’ai appris à lire et à écrire à 9 ans. En fait j’ai appris un peu en même temps. Quand j’étais petite je n’avais pas trop de personnes vers chez moi et j’avais des ami.e.s qu’habitaient plus loin donc on parlait via nos ordis. Et du coup, si je voulais leur parler, il fallait que je sache lire et écrire. Alors j’ai posé des questions à mes parents. Ils venaient m’aider, ils m’apportaient des feuilles et me
disaient « ça c’est ce verbe » et cetera. Et après, un peu du jour au lendemain, j’ai su lire et écrire.N - Moi j’ai appris à lire sur les panneaux de signalisation. Après j’ai passé à des livres. Des BD au début, après des livres du genre Harry Potter et après sur les romans. Là je suis presque en train de terminer Eragon.
Batman & Hanteman
7 septembre 2020
Radio Talweg
Vous deux vous faites l’école à la maison c’est ça ?
B & H - Oui.
Ça veut dire quoi faire l’école à la maison ?
B - Ça veut dire pas aller à l’école.
H - Nan ça veut plutôt dire ben c’est pour rencontrer des amis mais aussi tu travailles à la maison.
Comment vous travaillez vous à la maison ?
B - Nous en début d’après-midi on fait quelques heures de travail.
H - Nous le matin on a déjà acheté des livres pour travailler le matin, quelques heures.
Vous travaillez sur quel sujet ?
H - Ben ça dépend parce que sur nos cahiers, ben je choisis mon travail. Et des fois sinon l’après-midi ou le soir je lis des livres.
Les parents
Hélène
7 septembre 2020
Radio Talweg
Les contrôles c’est le point noir de l’instruction en famille. À mon sens c’est ce qui nous empêche d’être vraiment libre dans nos choix d’instructions. Surtout quand on fait le choix des apprentissages informels. […] Nous on a dû avoir une position assez tranchée et vraiment centrée sur les lois pour que les contrôles ne débordent pas et qu’ils respectent nos choix éducatifs. Depuis qu’on a commencé l’instruction, ça fait 7 ans par rapport à l’âge d’instruction obligatoire (même si l’instruction commence dès que l’enfant naît) nos droits ont vraiment reculé.
Sylvie
7 septembre 2020
Radio Talweg
Est-ce que tu penses que ce serait possible d’avoir une "école de rêve" ?
Alors oui, je me suis renseignée sur pleins de chose. L’école Mutuelle par exemple, c’était déjà un peu l’école de mes rêves. Et en fait, je sais pas si vous savez ce que signifie « scola » en grec ? « Scola » ça veut dire « temps libre ». Donc en fait l’école de mes rêves elle a toujours existé. C’est juste qu’elle a été dévoyée. En fait c’était les enfants de riches qu’avaient rien d’autres à foutre que d’apprendre et qu’avaient des gens pour leur apprendre parce que eux ils avaient rien d’autre que du temps libre alors que les autres étaient obligés de bosser pour bouffer. Et eux ils avaient l’école de leur rêve. Mais en fait l’école de nos rêves ça a toujours été ça, c’est l’école d’aujourd’hui qu’est pas une école. Donc je donne du temps libre à mes enfants donc ils vont à l’école !
7 septembre 2020
Radio Talweg
Les écoles mutuelles, c’était mis en place par les patrons d’usine pour former les ouvriers vite. Parce que l’école c’était trop long. Dans ces écoles mutuelles, il n’y avait pas de prof, ils se formaient mutuellement, comme son nom l’indique. Et faut savoir que quand Jules Ferry a mis sa loi en place, il y avait 60 % de la population qui savait déjà lire et écrire. Le problème c’est que les patrons ont arrêté de les financer parce qu’ils apprenaient un peu trop vite dans ces écoles... Ils apprenaient en 1 an ce que les autres apprenaient en 4 ans dans les écoles normales on va dire, et après ça faisait des syndicalistes un peu trop virulents...
Aymeric
7 septembre 2020
Radio Talweg
L’école est un service public d’instruction, qui va aussi avec le fait qu’il y a une loi depuis 1882 qui dit que l’instruction est obligatoire. À partir du moment où ils ont décidé de cette loi, ils devaient mettre en place un service public gratuit. Donc c’est ce qu’il est. Après - comme le disait Jules Ferry - elle n’est pas neutre au niveau pensée. Il ne voulait pas voir arriver des écoles anarchistes, des écoles socialistes, des écoles nationalistes, donc ce serait l’école de la République. Donc finalement, son travail va être finalement assez peu rattaché au monde de l’entreprise (toutes les intelligences inter-personnelles ne sont pas abordées par exmeple) et on va beaucoup être sur de la logique et sur une manipulation exacte de la langue avant d’être sur une transmission sincère de pensée. Et avec ça, on va retrouver tous les métiers comme les notaires, les juges, les avocats, tous les gens de lois, tous les gens ensuite qui vont donner une légalité et un pouvoir politique voire militaire. Donc finalement c’est à ça que l’école forme. Et c’est normal, c’est eux qui la mettent en place. S’il y avait des écoles anarchistes, elles auraient sûrement aussi un discours dominant. Donc pour moi c’est clairement l’école d’une République, qui ne cherche pas spécialement à faire des libres penseurs, des hommes libres, des femmes libres, des enfants libres.
Catherine
7 septembre 2020
Radio Talweg
Mon fils n’était pas à l’aise dans un grand groupe d’enfants où il connaissait personne. Je sentais qu’il ne pouvait pas s’épanouir dans un grand groupe d’enfants où il connaissait personne. Tout le monde me disait : « C’est normal il va pleurer ». Et du coup il a pleuré, et il continuait à pleurer, et on faisait un jour par semaine et il continuait à pleurer, je restais avec lui pendant une heure jusqu’à ce qu’il soit à l’aise. Et il avait pas envie d’y aller, et le lundi on le remotivait pour qu’il y retourne et c’était un peu lourd. Jusqu’à ce qu’on se décide à le scolariser à la maison. Et au début je passais énormément de temps à faire l’école. [...] S’il avait été prêt à 6 ans et joyeux dans les maths et dans le français, je pense que j’aurais continué. Mais c’est pas le chemin vers lequel il m’a emmené. Je ne fais que le suivre. Et là où son épanouissement est possible, je le suis. Et du coup, il était pas prêt, ni aux maths, ni au français, à 6 ans. Et du coup je ne faisais plus grand chose, je tenais un fil rouge en espérant qu’il allait être prêt... Jusqu’à ce qu’il ait une grosse fièvre et une mini-dépression où il avait plus envie de manger, plus envie de jouer, et quand je lui posais des questions il me disait que l’école c’était trop dur. Je lui disais ok, on fait plus rien, on fait des jeux en attendant que l’envie revienne. Mais la pression était là, je lui mettais le pression. Alors du coup j’ai commencé à me déscolariser. C’est lui qui m’a emmené sur le chemin de ma propre déscolarisation. Et c’était un chemin de libération.
Nico
7 septembre 2020
Radio Talweg
Ce qui nous parle le plus pour le moment, c’est de voir ce qu’il fait, de voir ce à quoi il s’intéresse, et de lui donner du grain à moudre. Quand il s’intéresse à quelque chose, faire avec lui, lui montrer où il peut trouver des infos, l’accompagner dans ce qui lui plaît. Pour l’instant il est tout petit, c’est assez simple. Quand je fais du bricolage, il aime bien faire, donc régulièrement je prends du temps pour faire du bricolage avec lui, pour lui montrer des choses. Si on fait du vélo, je vais pas décrever le vélo sans rien lui montrer, il va faire avec moi, il essaie petit à petit. [...] Nous on est paysans, donc on a une activité qui est quand même beaucoup dehors. On a une petite ferme avec peu d’animaux donc on peut aussi se relayer l’un l’autre avec ma compagne. Donc à la fois on se relaie quand il y a des choses qu’on a envie de faire sans les enfants, ou qu’on a besoin de faire sans les enfants. Et à la fois on les emmène avec nous à d’autres moments, pour faire avec nous. Par exemple on fait du pain, et l’autre fois il est venu avec nous. On lui a pas demandé s’il voulait venir, on l’a emmené avec nous parce qu’on ne pouvait pas faire autrement, et puis il a fait et il s’est adapté à la situation, ça lui a aussi donné envie de faire. Ça nous plaît de pouvoir faire ce qu’on a à faire avec eux. Mais il y a aussi des fois où c’est quand même compliqué, où on ne peut pas toujours se mettre à leur rythme, des fois c’est à eux de suivre.
Laure
7 septembre 2020
Radio Talweg
On avait envie de vivre autrement, de vivre plus ensemble. Alors j’ai arrêté le salariat, j’ai arrêté de travailler là où je travaillais, et on avait envie d’être plus chez nous et de vivre plus de choses ensemble.
Et l’école c’est une des choses qui vous empêchait d’être ensemble ?
Ben c’était en partie mon travail, mais comme je me suis mise à mon compte, à la maison... envoyer les enfants à l’école tous les jours alors que j’étais chez moi, que les enfants étaient bien à la maison... c’est venu naturellement, on s’est dit « nous on revient à la maison, on les fait revenir avec nous ».
Marion
7 septembre 2020
Radio Talweg
Le 4 février 2013 quand les bûcherons venaient couper les premiers arbres à la ZAD du bois de Tronçay, et bien moi ça a été le jour de ma rencontre avec E., par l’intermédiaire du père de mes enfants. Ça a été une rencontre qui a eu une grande influence sur mes choix et sur mon bien-être aussi de maman. Et donc là je me suis dit : « Ah ouais c’est possible en fait, il y a d’autres gens qui allaitent ». Et rapidement, c’est une mise en réseau. Une mise réseau de femmes, de mères qui font des choix sensiblement identiques, qui se soutiennent, qui se renvoient les questions qu’elles ont, qui cherchent des réponses ensemble et qui sont présentes les unes pour les autres. Et voilà, pour moi ce qui était vraiment important à ce moment là c’était la présence au quotidien, enfin la présence pour que ça aille bien quoi.[...] Et l’avenir je sais pas, on est là on est bien, les enfants vont bien. L’aîné aujourd’hui, il a envie d’apprendre par lui-même, il demande de l’aide quand il a besoin, il apprend à lire, à écrire, à compter, il découvre des choses que je découvre en même temps que lui, il y a des choses qu’il m’apprend. Et puis il a pas envie d’aller à l’école. Il a des curiosités pour ce qui s’y passe, parce qu’il a des amis qui y vont. Mais pour l’instant on a pas poussé la porte de l’école parce qu’ils n’ont pas exprimé un besoin dans la durée.
7 septembre 2020
Radio Talweg
Pour moi c’est compliqué de me trouver une identité dans l’instruction en famille, parce qu’il y a l’extrême droite qui soutient l’IEF, mais avec un autre projet global de vie que le notre... Et du coup je trouve que c’est dur de se définir une identité. Bon ici on a la chance d’être nombreux à pratiquer l’unschooling, à se rencontrer et à créer un réseau d’entre-aide. [...]
Pour moi dans ma vie, j’ai pas envie de me dire que j’ai besoin des institutions pour vivre. [...] J’ai pas forcément besoin du travail tel qu’on l’imagine, moi j’aimerais me créer du travail, chez moi, pour moi, pour nourrir ma famille, et puis apprendre beaucoup de choses. Et du coup j’ai la même idée pour les enfants. Je pense que les enfants peuvent grandir en dehors du système qu’on nous propose, parce qu’il ne nous convient pas en fait. Donc je vais pas leur imposer d’y être.
Pour aller plus loin
Nous reprenons ici la bibliographie proposé dans un excellent article de Paris-luttes.info, écrit par Claudia Renau : « Notre non-sco expliqué à un journaliste » :
LES PILIERS
• Ivan Illich, Deschooling Society (Une société sans école), 1971.
• Christiane Rochefort, Les enfants d’abord, entre 1975 et 1983.
• John Holt, Les apprentissages autonomes, Comment les enfants s’instruisent sans enseignement, traduction de Learning all the time, 1990, Editions l’Instant présent (2011).
• John Holt, Apprendre sans l’école, des ressources pour agir et s’instruire, traduction de Instead of education 1976, Editions l’Instant Présent (2012).
• Catherine Baker, Insoumission à l’école obligatoire, 1985 (disponible sur tahin-party et sur wikisource).
• Catherine Baker, Les cahiers au feu, 1988, Barrault.
• Léandre Bergeron, Comme des invitées de marque, Altess / Trois-Pistoles, 2005.
Les livres récents
• Collectif, Apprentissage auto-géré et instruction à la maison : une perspective européenne, sous la direction de Leslie Safran Barson, 2006, diffusé par Les enfants d’abord (voir "Learning unlimited").
• Jan Hunt, La véritable nature de l’enfant, 2008, Editions l’Instant présent.
Sylvie Martin-Rodriguez, Les 10 plus gros mensonges sur l’école à la maison, 2008, Dangles (Fnac).
• Marlène Martin, Apprendre à lire en famille, 2009, Editions l’Instant présent.
• Jean-Pierre Lepri, La fin de l’éducation ? Commencements..., Editions l’Instant présent.
• André Stern, ... Et je ne suis jamais allé à l’école, Actes Sud.
• L’instruction en famille - un mode d’instruction à part entière, Brochure de présentation de l’IEF, coéd. par l’association Les enfants d’abord et les éditions l’Instant Présent.
• A venir : How children learn at home, traduction du livre de Alan Thomas et Harriet Pattison.
Des sites et études en ligne
• Nicole Terrillon, "L’instruction dans la famille comme alternative à l’école, sa place entre norme juridique et norme sociale".
• http://horsdesmurs.com - Le site de Sylvie Martin
• cf. le site de Jean-Pierre Lepri : education-authentique.org
Articles
• Le Monde - Article de Martine Laronche publié le 17.9.2009.
• Le Point - Article de Marie-Sandrine Sgherri paru le 24.1.2008.
À la lecture de cet article, une personne nous a envoyé cette bibliographie complémentaire :
• Être et Devenir : Faire confiance à l’apprentissage naturel des enfants, BELLAR Clara, Editions L’Instant Présent, 2017
• L’instruction en famille, une liberté qui inquiète, GUIGUE Michèle, SIRMONS Rebecca, Editions L’Harmattan, 2015
• Libre pour apprendre, GRAY Peter (traduction de Free to Learn : Why Unleashing the Instinct to Play WillMake Our Children Happier, More Self-Reliant, and Better Students for Life), Actes sud, 2016
• Comment l’enfant apprend (traduction de How children learn), HOLT John, Editions L’Instant Présent, 2019
• Comment l’enfant échoue (traduction de How children fail), HOLT John, Editions L’Instant Présent, 2019
• ’Éducation’ authentique - Pourquoi ?, LEPRI Jean-Pierre, Editions Le Hêtre Myriadis, 2017
• Apprendre, par soi-même, avec les autres, dans le monde, PLAVIS Mélissa, Editions Myriadis, 2017
• Le maître ignorant, RANCIÈRE Jacques, Editions Fayard, 1987
• L’apprentissage informel expliqué à mon inspecteur, RENAU Claudia, Editions L’Instant Présent, 2018
• Semeurs d’enthousiasme, Manifeste pour une écologie de l’enfance, STERN André, Editions L’Instant Présent, 2014
• Jouer, STERN André, Editions Actes Sud, 2017
• À l’école de la vie, les apprentissages informels sous le regard des sciences de l’éducation,THOMAS Alan – PATISON Harriet, Editions L’Instant Présent, 2013
• Interview de Philippe Bongrand, maître de conférences à l’UCP et chercheur au laboratoire EMA.
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