Les scènes d’affrontements et de chaos resteront un fantasme, malgré les prédications les plus pessimistes… hier soir, les équipes marocaines et françaises de football se confrontaient pour départager laquelle serait finaliste à la coupe du monde 2022. Si l’accession d’un étendard arabe et africain pour la première fois à ce niveau de la compétition avait déjà suscité l’espoir et la ferveur des diasporas maghrébines du pays, les autorités se sont rapidement inquiétées de cette synergie populaire.
À l’image d’une note des renseignements généraux ayant fuité dans la presse à quelques heures du match [1], brandissant le cocktail sulfureux du panarabisme, de l’islam et des quartiers populaires. Rien de moins. La crainte ? l’occupation de la voie publique, les défilés de véhicules, ainsi que les artifices… « Quel que soit le résultat, les supporters de l’équipe du Maroc descendront en nombre pour fêter la victoire ou le parcours historique de cette équipe » insistent les rédacteurs.
À Planoise, tout avait été prévu pour parer aux hordes de barbares... comme la déviation des transports en commun [2], ou encore le renforcement visible des rondes policières. Mais le summum de la frénésie est atteinte avec la Métropole, qui « craignant d’éventuels débordements et incidents à l’issue de la rencontre » décide de rédiger et transmettre une directive concernant la sortie des bacs à ordures ménagères « pour éviter incendies et autres incivilités » [3]. Tremblez, braves gens.
Mais peu après 22h00, patatras. Seulement quelques youyous, pétards, et concerts de klaxons sont relevés en périphérie, pour fêter la victoire tricolore. Aucun indigène n’est apparemment descendu de son HLM avec un jerrican d’essence ou des réserves de kalachnikov, pas un bon François n’a été massacré aux cris de « nique la France » pour être sorti de chez lui avec une baguette de pain ou un camembert. La Nation peut souffler, même si on imagine bien la déception de certains pontes et officiels.
Les rassemblements ont pourtant lieu avec cortèges de voitures et fumigènes, en particulier à Besançon [4], Pontarlier [5] et Montbéliard [6]. Sauf que cette fois c’est en centre-ville et du côté bleu-blanc-rouge, pas vraiment de quoi s’inquiéter donc. À l’exception de la sociologie, on recherche encore les différences de forme avec les célébrations à l’Île-de-France par exemple. Au succès des Bleus, on pourra aussi ajouter le triomphe de l’idéologie néo-coloniale du maintien de l’ordre. Cocoricos.
Ourson grognon.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info