La casserolade générale reconductible faisait étape en Saône-et-Loire en ce 4^e jour d’apaisement, avec la venue d’Olivier Dussopt, le ministre du travail. Celui-ci, bien avisé, avait décidé de brouiller les pistes en inversant au dernier moment l’ordre de ses visites. Alors qu’il devait prendre son petit déjeuner d’entreprise à Fontaines à côté de Chalon-sur-Saône, où l’attendait un comité d’accueil potentiellement bruyant, il décida au débotté de commencer la matinée par Montceau-les-Mines.

Peine perdue : grâce à la cellule de veille intersyndicale, un autre groupe de manifestantEs était également en place dans le bassin minier pour l’accueillir avec les dispositifs sonores portatifs de rigueur, puisqu’aujourd’hui les casseroles étaient autorisées par arrêté préfectoral. Ce comité d’accueil se renforça au cours de la matinée avec l’arrivée des chalonnais privés de petit déjeuner.

À l’issue de cette première visite d’entreprise chahutée par les huées et les bruits de casseroles, les collaborateurs du ministre lui proposèrent d’aller à la rencontre des manifestantEs. En réprimant non sans peine un rictus d’agacement, il déclina : « Je ne discute pas avec des casseroles. Les casseroles et les oeufs, c’est fait pour cuisiner, leur expliqua-t-il. Et à ce sujet, il est d’ailleurs temps d’aller manger. »

Il était prévu qu’il déjeune non loin de là, avec les deputés Rémy Rebeyrotte et Louis Margueritte. Ses collaborateurs leur avaient en effet réservé une table dans un restaurant étoilé bien connu pour sa déclinaison de poissons d’eau douce et sa glace au foin. Mais, de peur d’être fortement dérangé par les manifestantEs, le ministre préfèra décommander pour se rabattre sur la cantine de la sous-préfecture de Chalon, lieu davantage sécurisé, de l’avis de son équipe de sureté. Il dut ainsi se contenter de cordons bleus à peine décongelés et d’une boîte de salsifis, car le cuisinier de la sous-préfecture avait été prévenu trop tard, ou était en grève – les sources divergent sur ce point.

À peine le temps d’avaler cette collation très décevante qu’il partait pour Dracy-le-fort visiter une usine de poêles mais ce fut encore des casseroles qui l’attendaient, dont une portée par un camarade ayant revêtu sa cape de sudperhéros.

Accessoire d’invincibilité qui ne l’aura pourtant pas empêché de subir 2 contrôles d’identité alors même que c’est un sportif bien connu des services de renseignement locaux, qui suivent le moindre de ses entraînements. C’est d’ailleurs en slalomant avec son VTT à travers un peloton de gendarmes mobiles et une escouade de CRS, qu’il parvint à transmettre la casserole olympique à Caen, pour la venue de la caravane du SNU lors du 5^e jour d’apaisement.

Les prochaines étapes sont recensées sur cette carte élaborée par Attac.