Des échanges ressortent l’évidence de pouvoir exercer le droit de l’accès à l’eau pour tous. D’autant que le cadre législatif national actuel et les usages et états du Doubs à Besançon ne présentent pas de justifications opposables à la baignade. Cela ouvre une marge de réflexion juridique concernant l’interdiction de se baigner.
Les sociétés humaines se sont toujours baignées et nos grand-parents apprenaient à nager dans la Doubs. Il faut réapprendre à s’y baigner : quel débit est dangereux, quel niveau de turbidité (aspect trouble) est acceptable, quels sont les risques spécifiques, quelle surveillance est nécessaire ? Les raisons de l’éloignement de notre société aux rivières qui traversent nos villes vient des questions de mœurs et du refus de partager cet espace pourtant public, comme le soulignent la philosophe Sibylle van der Walt et l’anthropologue Benoît Hachet.
Le Doubs reste très influencé par le milieu karstique du territoire. On constate régulièrement le changement net de débit et de turbidité de la rivière selon la météo. Marc Steinmann, géochimiste à Besançon, précise que l’eau traverse très vite le karst. C’est-à-dire que le calcaire des montagnes et plateaux du Jura filtre moins les pollutions que d’autres types de sols. Cette spécificité est donc à intégrer dans les usages, car les précipitations entraînent très rapidement les polluants jusque dans l’eau du Doubs.
Pour poursuivre les échanges, une future table ronde publique sur le sujet de la baignade urbaine devra aborder : les enjeux d’urbanisme et de justice sociale dans le cadre de la surchauffe urbaine, et le bonheur de nouveau partagé d’habiter une commune autorisant la baignade en rivière urbaine. Habitant.es et puissance publique seraient les deux jambes d’un tel projet.
La baignade « critique » avec la table ronde se sont déroulées dix jours après Swimmable Cities Summit 2025 (Rotterdam) et deux jours avant l’ouverture des trois nouveaux sites de baignades dans la Seine (Paris, 5 juillet 2025). Elle se situe aussi au croisement des questions de la qualité des rivières (conférences internationales IS Rivers, Lyon, 30 juin - 4 juillet 2025) et des adaptations au réchauffement climatique. Les échanges ont été animés par Morgane Malapert (dessinatrice et autrice) et par Alexandra Guyon (pour la sécurité sociale à l’alimentation) avec les intervenant.es :
- Marc Steinmann : maître de conférence à l’université Marie et Louis Pasteur, responsable de l’observatoire hydrogéologique du karst jurassien qui fait partie du réseau national « SNO Karst » labellisé par le CNRS. Hydrogéologue et hydrochimiste des systèmes karstiques, ressources en eau potable à Chrono- environnement
- Sibylle Van Der Walt : docteure en philosophie et autrice, présidente de l’association Metz Ville d’eau. A notamment écrit Flussbad Berlin, un projet citoyen de baignade urbaine dans le canal de la Spree (2020).
- Benoît Hachet : professeur à l’EHESS spécialiste de la diversité des pratiques de baignade et du droit d’accès à l’eau. A notamment écouter sur franceinfo / france.tv dans l’émission INAtendu du 4 juillet 2025 portant sur l’histoire des baignades urbain
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