[Portugal] Covas de Barroso : le plus grand projet d’exploitation de lithium d’Europe



La société minière britannique Savannah lance une campagne de désinformation.

De Francisco Norega, publié sur http://guilhotina.info traduit en français par Paloma Ruiz

Covas Do Barroso est une région au nord du Portugal, scène nouvelle d’une des luttes les plus importante de notre époque. La British Savannah Resources y projette d’ouvrir une mine de lithium à ciel ouvert de 593 hectares et qui deviendrait la plus grosse exploitation de ce type en Europe. La décision finale pour ce projet doit être bientôt annoncé par l’Agence Portugaise de l’Environnement.

Malmenée par des mensonges politiques, la population s’est mobilisée et organisée pour résister contre ce mégaprojet. Notamment en ouvrant un campement ce mois d’aout dernier. Accueillis avec générosité, des journalistes et activistes d’Espagne, du Mexique, de Suisse, de France et de tout le Portugal ont pu rencontrer et discuter avec les habitantes et habitants en résistance, partageant autour de leurs luttes et de leurs résistances.

Depuis 2018, les populations des régions et territoires du Portugal se sont indignées et soulevées contre différents projets d’exploitation minière de lithium. Les entreprises ont utilisé plusieurs médias locaux et nationaux pour pouvoir contrôler les discours concernant l’activité minière et le lithium, les présentant systématiquement comme la solution soutenable et « verte ». Certains de ces articles se vendent même comme des « reportages », et cachent en réalité une désinformation dangereuse qui sert uniquement aux entreprises.

C’est dans ce contexte, et, continuant cette campagne de désinformation, que ce dernier 28 aout se publie un long entretien dans un des plus grands journaux nationaux : Diário de Notícias. Relayé dans son supplément Dinheiro Vivo, l’entretien se voit octroyé la une des deux gazettes. En prétendant faire du journalisme, l’entretien de David Archer - PDG de la Savannah Resources - est mené par Joana Petiz, directrice éditoriale du DV et subdirectrice du DN. Autrement dit, il s’agit d’une publicité gratuite, sans point de vue critique, mais avec un ton paternaliste et insultant, ridiculisant les habitants de Barroso qui défendent leur territoire et leurs vies depuis des années.

British Savannah Resources est l’entreprise minière qui a l’intention d’ouvrir une mine de lithium de 593 hectares à ciel ouvert à Covas do Barroso. Face au silence des projets de fact-checking (désintox) reconnus, nous avons décidé de soumettre ces deux écrits à une vérification rigoureuse des faits.

Barroso : Une « région moribonde » ?

Dans son éditorial, Petiz qualifie Barroso de « région de plus en plus dépourvue d’habitants, de capacité à survivre, ou de diversification de ses moyens de subsistance ». Ce qu’elle qualifie comme une « région moribonde » est en réalité classifié par la FAO comme Patrimoine Agricole Mondial depuis 2018 : prenant en compte « la forme traditionnelle de travailler la terre, du soin des animaux et de l’entraide entre ses habitants ». C’est la seule région du Portugal à bénéficier de cette classification, et l’une des 7 dans toute l’Europe. Une grande partie de la région fait aussi partie de la Réserve de la Biosphère Transfrontalière Gerês-Xurès, créée en 2009.

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Dans cette région, la « capacité de subsistance » et les « moyens de subsistance » proviennent en grande partie de l’activité agricole et de l’élevage, en particulier de la raza Barrosã. Il s’agit d’une race bovine qui s’est déjà trouvée au bord de l’extinction dans la région, précisément lors de grosses activités minières (majoritairement l’extraction du tungstène en galerie jusqu’aux années 1980). Sa viande est, d’après beaucoup de personnes, la meilleure du Portugal.

La majorité des villages ont toujours des terres communales, les « baldios », administrés encore collectivement. Dans beaucoup de coins de Barroso, on conserve d’autres pratiques anciennes comme la gestion collective de l’eau et d’autres ressources. Dans les villages qui se situent dans la montagne, nous y trouvons aussi une vie associative et culturelle dynamique.

S’il est vrai qu’il s’agit d’une région avec une population vieillissante et qui a connu un dépeuplement dans les dernières décennies, à l’image de tout l’intérieur du pays, c’est tout sauf une région moribonde « dépourvue d’habitants et de sa capacité de subsistance ».

Des 800 emplois aux mines intelligentes

Dans l’entretien, David Archer affirme que les mines génèreront « environ 200 emplois directs et 600 indirects ». Chiffre déjà connu depuis L’Étude de l’Impact Environnemental (EIA - Estudio del Impacto Ambiental) présentée par l’entreprise et sans doute basée sur de sérieuses prévisions d’un spécialiste reconnu dans le domaine. Archer va encore plus loin, suggérant que « dans ces 200 emplois directs, on parle des familles, donc l’impact des personnes bénéficiaires en sera trois fois plus important ».

Quiconque est allé à Barroso rencontrer sa population et ses formes de vies peut comprendre sans difficulté ce que représente cette gigantesque mine à ciel ouvert dans une région prospère en agriculture et pâturage.

Les explosions, la poussière, les déviations des cours d’eau pour l’usage des exploitations minières, la contamination des autres rivières... Tout est incompatible avec leurs manières de vivre. D’autant plus que l’on parle d’extraction à seulement 40 mètres des premières maisons, dans le cas de la mine ouverte de Borralha, et à 200 mètres pour les mines prévues à Covas do Barroso.

Dans ces études et prévisions sont comptabilisés des emplois dont l’origine est incertaine, mais les personnes dont les modes de vie se voient menacés par ces projets, elles, ne le sont pas. Si tous les projets miniers de la région de Barroso devaient se poursuivre, combien de centaines d’agriculteurs, bergers, éleveurs et apiculteurs, ainsi que leurs familles, devraient abandonner la vie qu’ils ont toujours connue ?

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Mais revenons aux 200 emplois... Si nous nous demandons quels sont ces emplois et à qui ils s’adressent, nous trouvons la réponse dans ce même entretien. David Archer nous en informe : « il s’agit d’emplois spécialisés, comme infirmier, géologues, scientifiques de l’environnement, comptables, techniciens informatiques, à savoir, des carrières valorisées avec des salaires supérieurs à la moyenne de la région. » En d’autres mots, ce ne sont bien évidemment pas les centaines de familles qui vivent de l’agriculture et de l’élevage qui en bénéficieront, mais des gens venant de l’extérieur.

Et cependant, pour des projets de cette envergure, ils auront certainement besoin de beaucoup de main-d’œuvre non qualifiée, n’est-ce pas ? Archer précise : « Nous sommes (...) en collaboration avec de nombreuses entreprises portugaises (...) pour développer une mine intelligente, contrôlable à distance, avec une série de capteurs de surveillance de l’environnement, qui fournissent des informations en temps réel dans une application, etc. »

C’est-à-dire des processus automatisés dans lesquels une grande partie du travail est réalisée ou assistée par des machines. Ces promesses de travail visent à acheter la population locale, mais ne lui sont pas destinées. Pour connaitre le futur réel de ces promesses, il suffit de regarder la mine ouverte de Lousas, dans la paroisse voisine de Couto de Dornelas. L’entreprise Felmica y extrait du quartz et du feldspath depuis 2008. Les emplois ne profitent qu’à... une dizaine de personnes.

La mine, le développement de la région et le travail avec la communauté

Dans l’entretien, David Archer affirme : « Ce projet (...) va amener une demande immobilière, [il a le potentiel de] catalyser la relocalisation des services publiques - écoles, services de santé, service postale, etc. La mine fera partie de la solution pour revitaliser cette région et inverser la désertification, amener un marché pour les productions agricoles, et assurer la promotion de ces productions et d’autres activités. »

Car enfin, comment revitaliser et inverser la désertification d’une région en y faisant des excavations ? Qui veut vivre à côté de gigantesques cratères, à côté d’explosions journalières de 720 kilos - dans le cas de la Mine de Borralha -, voir depuis sa fenêtre des entassements de presque 200 mètres de haut comme ils pensent le faire à Covas do Barroso ?

Après tout, comment créer un marché pour les productions agricoles et assurer ces productions et activités dans une zone occupé par les mines ? Qui voudra manger de la viande de vaches qui vivent dans la poussière, et dans une terre où l’eau est contaminée ? Qui réussira à rester berger, apiculteur, fermier, éleveur dans ces conditions ?

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Les demandes de Petiz orientent l’entretien du CEO de manière confortable pour eux, en évitant les questions difficiles ou critiques. Y compris en partageant des informations sur les programmes inouïs de Savannah concernant la population : « Savannah Lithium a aussi établi des fonds de compensation à hauteur de 600.000 euros / an pour travailler aux côtés de la communauté et dans des programmes de bon voisinage. Comment cela va se matérialiser ? »

Ce à quoi répond Archer : « Ce pourra être des écoles de formation professionnelle, des actions pour promouvoir les entreprises locales, l’achat d’ambulances. » À ses yeux, la population de Barroso est un groupe de campagnards qui se laisseraient acheter à n’importe quel prix. Mais ce n’est pas le cas.

Soutenabilité, responsabilité et changement climatique

Interrogé sur la décision finale de APA concernant l’Étude de l’Impact Environnemental de la Mine de Savannah, Archer répond que « nous avons présenté une proposition responsable pour le développement durable » et que « nous ne nous attendons pas à un refus. Nous pensons que nous faisons un développement responsable pour avancer dans l’intérêt de tous les portugais parce que ceci (...) est un investissement qui profite à l’ensemble du pays ». Il affirme qu’il existe une série de mécanismes garantissant « l’atténuation progressive des effets pendant la période d’exploitation et à la fin de vie de la mine », il suggère en plus qu’au démantèlement de la mine, « le puit sera transformé en un lac pour le loisir, ou éventuellement en installations permettant l’exploitation d’énergies renouvelables ».

Tant dans l’éditorial que dans l’entretien, Savannah est toujours présentée comme une entreprise responsable et pour la soutenabilité. En lisant cet entretien, on peut découvrir un merveilleux projet qui bénéficiera à « tout le pays » et « tous les portugais ». À tous sauf aux Barrosões.

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On peut compter quelques 170 participations dans la période de consultation publique de l’EIA, provenant de la part d’associations environnementales, de mouvements locaux et de la part de la municipalité de Boticas, avec des opinions de plusieurs autres experts sur la contamination du territoire et de l’eau qui va mettre en danger des espèces protégées et la population de la région. Mais pour Petiz, il ne s’agit là que d’un petit détail, qu’elle ne mentionne que rapidement et à la fin des 4 pages d’entretien.

Et dans la même dynamique apparaît cette construction de l’image d’une Savannah qui travaille et favorise le bien commun, qui défend notre planète du changement climatique, et qui ne cherche pas le profit à n’importe quel prix.
L’entrepreneur australien « avec une particulière expérience dans les mines d’or » nous explique :

« Le développement de l’industrie du lithium nous a donné un nouvel espoir pour agir réellement en faveur de la transformation contre le changement climatique. Et la mobilité électrique permettra une incroyable amélioration de la vie en Europe, de nos villes, de la qualité de l’air, avec un impact positif à tous les niveaux, en réduisant les émissions de CO2. Et le lithium est la matière première qui rend ce changement possible. On ne peut pas fabriquer ces batteries sans lithium. »

Nous pourrions déconstruire son discours... en expliquant en détail que les voitures électriques ne sont pas soutenables parce que leurs batteries ont une durée de vie courte (entre 4 et 10 ans), encore plus courte dans les climats chauds ; qu’il y a plusieurs difficultés et obstacles à leur recyclage ; que le prix de ces voitures est très cher et accessible seulement pour une petite élite ; que la « transition énergétique » et la « mobilité électrique » continuent de se baser sur la logique de la voiture individuelle, n’étant rien d’autre qu’une transformation technologique qui bénéficie toujours aux mêmes, et non un changement de paradigme, comme serait la création et le renforcement des réseaux de transports collectifs, la revalorisation des tramways, qui existent depuis plus d’un siècle et qui n’ont pas besoin de batteries pour fonctionner.

Mais plus important encore, il faut vérifier l’affirmation de David Archer selon laquelle : « Le lithium est la matière première qui rend possible ce changement » et « ces batteries ne peuvent se fabriquer sans lithium ». Est-ce exact ?

La Chine a récemment fait la une de plusieurs journaux nationaux et internationaux dans sa recherche d’une « alternative viable » au lithium en raison de sa « rareté et de l’augmentation de son prix et de sa demande ». Le développement des batteries au sodium est déjà en route.

Selon l’entreprise chinoise CATL, « les batteries de sodium-ion permettent des recharges jusqu’à 80% de leurs capacités en seulement 15 minutes, offrent une densité énergétique élevée et une bonne stabilité thermique dans divers scénarios. Ce dernier point est particulièrement important et constitue un avantage par rapport au lithium, qui perd ses performances lorsqu’il surchauffe ou qu’il fait trop froid ».

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Le premier lot de batteries de sodium à grande échelle est prévu pour 2023, en devançant la prévision de la pleine activité de la mine de Savannah, d’après Archer en 2024.

Mais il y a encore d’autres alternatives. L’épisode No. 30 du programme Biosfera de RTP2 concerne justement les batteries écologiques, alternatives au lithium. Des chercheurs de plusieurs universités expliquent les différents types de batteries déjà développées : batterie à flux, batteries vanadium, batteries mélangeant sel et soude caustique, entre autres.

Il s’agit de batteries non inflammables et non toxiques, soit qui sont plus soutenables et qui utilisent des matériaux de facile réutilisation et recyclage. Ou alors, tout cela en même temps. Plus efficaces et moins préjudiciables pour l’environnement que n’importe quelle autre batterie au lithium disponible aujourd’hui.

Maria Helena Braga, chercheuse et professeure à la Faculté d’Ingénierie de l’Université de Porto, a mis au point une batterie qui utilise du sel et de la soude caustique pour emmagasiner l’énergie et, en même temps, être auto-rechargeable. Cette batterie combine une capacitance négative et une résistance négative dans la même cellule, ce qui lui permet de se recharger sans perdre d’énergie. La chercheuse prévient toutefois qu’il ne s’agit pas d’une "machine à fournir de l’énergie perpétuelle". Cependant, Maria Helena « possède toujours la première batterie qu’elle a produite chez elle, et l’utilise comme source d’électricité continue depuis l’été 2015. En d’autres termes, bien qu’elle ne s’agisse pas d’une source à durée infinie, son auto-recharge a déjà duré 5 ans », explique les journalistes du programme Biosfera.

Mais si nous disposons des technologies nécessaires pour produire des téléphones mobiles, des ordinateurs et des voitures dotés de batteries plus viables et soutenables, pourquoi ne sont-elles pas sur le marché ? Maria Helena Braga explique : « Ce que j’ai appris ces dernières années (...), c’est que cela ne dépend pas de la science, cela dépend beaucoup plus de l’industrie. L’industrie doit venir, doit payer, doit avoir l’équipement, doit construire une usine... (...) Ce qui se passe, c’est que les industries ont beaucoup investi dans le lithium-ion. (...) L’autre constat que je pose : c’est que les entreprises de batteries doivent vendre des batteries, si elles durent longtemps sans devoir être remplacées, l’industrie est perdante. Nous gagnons en tant que consommateurs, la nature gagne, mais l’industrie, elle, ... ».

UE : Paradis de la réglementation environnementale

Un autre argument avec lequel David Archer prêche pour sa paroisse est « qu’il vaut mieux produire selon les lois environnementales européennes, qui sont beaucoup plus dures et pointilleuses en Europe, et dans un contexte politique de leadership pour la soutenabilité (...) que d’aller, par exemple, en République démocratique du Congo. »

Joana Petiz, qui a mené l’entretien avec David Archer, renforce cette idée dans son éditorial : « Une exploitation minière contrainte par une réglementation européenne stricte aura toujours tous les avantages par rapport à un projet développé dans une région de la planète où l’argent prend le pouvoir sur toutes les autres précautions environnementales, de développement économique et même des droits de l’homme. »

Un ton de mépris arrogant, paternaliste et colonialiste envers les autres régions de la planète. Comme si, en Europe, l’argent ne prenait pas le dessus sur les préoccupations environnementales et des droits de l’homme. Comme s’il n’y avait pas de catastrophes environnementales aussi en Europe résultant de la négligence des entreprises et des gouvernements. Comme si, en 2010, il n’y avait pas eu de catastrophe liée aux boues toxiques en Hongrie. Comme si à Almaraz, sur les rives du Tage, il n’y avait pas une centrale nucléaire dont la fermeture est sans cesse repoussée malgré des fréquents accidents. Comme si au Portugal on ne parlait pas, depuis trois ou quatre ans, d’exploration de gaz de schiste et d’extraction de pétrole au large des côtes de l’Alentejo et de l’Algarve. Comme si une grande partie de l’Andalousie, et maintenant aussi de l’Alentejo, n’était pas consacrée à une production agricole intensive qui vole l’eau déjà si rare dans ces régions et emploie des migrants dans des conditions qui ne respectent pas les droits de l’homme les plus élémentaires. Comme si, au Portugal, les municipalités ne commettaient pas de crimes environnementaux, violant les lois et règlements environnementaux pour certaines interventions, avec la connivence de l’Agence portugaise de l’environnement (APA) elle-même - censée faire respecter ces lois. Cela s’est produit à Coimbra ; où le conseil municipal en remblayant la rive du fleuve Mondego entre Rebolim et Portela, a détruit des galeries riveraines qui sont des écosystèmes protégés. Comme si l’APA n’approuvait pas des projets que même les tribunaux désapprouvent, comme dans le cas de l’aéroport de Montijo, dont la déclaration d’impact sur l’environnement émise par l’APA a été annulée par un juge du tribunal administratif d’Almada pour avoir "ignoré de manière flagrante et manifeste les impacts environnementaux, tant dans la phase de construction que dans la phase d’exploitation, sur des zones sensibles d’importance nationale, communautaire et internationale, légalement protégées". Comme si, si près de nous, à Touro, en Galice, dans une mine de cuivre désactivée depuis les années 1980, le drainage acide ne continuait pas à polluer l’eau de la région.

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Les mouvements anti-mines

Ce qui est le plus offensant, ce sont les insultes à l’encontre de ceux qui luttent contre la destruction d’environ 10% du territoire portugais par l’exploitation à ciel ouvert du lithium, planifiée par le gouvernement en collaboration avec la
Commission Européenne et les compagnies minières, et d’un autre 10% par l’extraction d’autres minéraux.

Petiz nous appelle "les soi-disant écologistes" engagés dans des "guerres creuses et égoïstes" – « Des marches contre les éoliennes tueuses d’oiseaux, des protestations contre les barrages qui gâchent l’écosystème, des soulèvements
populaires qui balaient les panneaux solaires qui chauffent l’air ». « La population est favorable aux énergies propres, mais s’oppose farouchement à tous les moyens qui les rendent possibles. »

Les gens ne sont pas contre les énergies propres. Le peuple est contre la destruction des territoires, des formes de vie des populations et des générations futures, sous le prétexte d’une énergie soi-disant « propre » qui ne l’est pas. Sans
consulter ni même informer la population locale. Tout cela pour que, dans ce cas, une petite élite urbaine puisse se déplacer d’un endroit à l’autre sans trop de mauvaise conscience, et qui ne se demande pas ce qu’il advient des régions
d’où provient la matière première, ni de ce qu’il adviendra des batteries au lithium à la fin de leur vie.

Dans l’entretien, Petiz demande à un moment : « Le lithium étant essentiel à la transition énergétique prônée par ces organisations, voyez-vous cette opposition à l’exploitation du lithium ici comme une question de "pas dans mon jardin" ? » M. Archer répond : « Il ne me semble pas normal que les consommateurs veuillent de l’électricité verte, sans s’impliquer dans la matière première nécessaire pour l’alimenter. »

David Archer dénigre les récents mouvements et manifestations en affirmant « qu’une grande partie de ces mouvements, dont beaucoup de manifestants viennent de France et d’autres pays, font partie d’un groupe anti-développement qui proteste contre toutes sortes de projets ».

Si nous regardons le Camp de défense de Barroso, à Covas, nous constatons que les personnes ayant participé venaient de tout Barroso et de tout le pays - des villes et des villages qui ont aussi des mouvements anti-mines – de diverses
parties de la péninsule ibérique, de Suisse, du Mexique et, oui, aussi de France. Ils étaient présents parce que beaucoup d’entre eux sont également confrontés à des mégaprojets dans leurs régions et veulent savoir ce qui se passe ailleurs
et soutenir les autres luttes. Parce qu’ils savent que ces problèmes ne sont pas seulement des problèmes dans leur arrière-cour, mais des problèmes communs à toute l’humanité, dans toutes les parties du monde.

Le système en panique face aux mobilisations croissantes

À Barroso, la mobilisation et la résistance aux différents projets miniers de la région sont de plus en plus fortes, surtout en ce mois d’août. Des écologistes, des journalistes et de nombreuses autres personnes ont vu le village et la région
de leurs propres yeux, ont rencontré les gens et leur lutte, ainsi que d’autres luttes voisines, et les ont rapportées dans leurs villages et villes, dans leurs propres luttes.

Avant, pendant et après le camp, alors que les grands médias portugais sont restés plus ou moins silencieux sur cette initiative, des reportages ont été publiés en Espagne, au Mexique, en Turquie, en Allemagne, en France, au Pays Basque, au Mozambique et en Indonésie. Dans le passé, la télévision française ARTE et même Euronews avaient déjà publié des reportages approfondis sur le sujet.

Ces deux articles et les « unes » de DN et Dinheiro Vivo sont une manœuvre nécessaire pour que le système puisse faire face à la mobilisation croissante de Barroso. Une manœuvre dénuée d’éthique journalistique pour tenter de contrôler le récit du lithium et de l’exploitation minière, en vantant combien tout cela sera spectaculaire et vert, le tout au nom de la "transition énergétique", de la "mobilité verte" et d’un monde plus soutenable, jamais au nom de l’intérêt et du profit d’une poignée d’individus.

La vérité est qu’ils ont peur de l’unité et de la détermination du peuple Barrosão dans la défense de son territoire.

Ils traitent Barroso comme une région moribonde qui doit être sauvée par les seigneurs éclairés des villes développées. Derrière les beaux discours se cache le désir de détruire un paradis sur terre au nom de la cupidité d’une demi-douzaine d’investisseurs et de PDG. Et, dans un autre endroit sous-développé ou moribonde que personne ne connaît, né aussi un cimetière de batteries "vertes" pleines de substances toxiques et polluantes que personne ne sait comment recycler.

La plupart des arguments que nous utilisons ici peuvent être facilement trouvés par une recherche rapide. M. Petiz estime que "l’attitude de ceux qui se comportent ainsi" [qui contestent le lithium] n’est "ni sérieuse ni responsable".

Ce qui n’est pas sérieux, c’est son travail en tant que soi-disant journaliste. Petiz traite les Barrosões comme des idiots, mais c’est elle qui passe pour ignorante.

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