Il y a 8 ans la municipalité saccageait les Lentillères pour empêcher l’installation d’une ferme



Vendredi 24 juillet, une quinzaine d’agents municipaux se sont rendus de bon matin sur les jardins occupés de l’Engrenage pour tenter de les saccager à coup de pelleteuse. Une intervention qui n’est pas sans en rappeler une autre, 8 ans plus tôt...

Article initialement publié sur lentilleres.potager.org, le 27 mars 2012

Saccage municipal

Depuis 2 ans, la mairie est confrontée à l’occupation de la friche maraîchère rue Philippe Guignard. Courant mars 2012, la municipalité a acquis une des parcelles de la friche, dans le but de poursuivre la maîtrise foncière des terres en vue du projet d’écoquartier. Le 26 mars 2012, pour empêcher toute nouvelle occupation potagère, la mairie envoi un bulldozer d’Eurovia – filiale de Vinci – pour détruire les terres. La mairie de Dijon – qui avait déjà pour habitude la dévitalisation des maisons (qui consiste entre autre en l’arrachage du toit pour laisser pourrir le bien et empêcher le squat) – innove et se livre aujourd’hui à la dévitatlisation des terres potagères.

Nous reproduisons ci dessous quelques photos du saccage ainsi que le communiqué produit par le Potager Collectif des Lentillères suite à cette offensive municipale :

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Le saccage vu du ciel...
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Le saccage vu de plus près...

Lundi 26 mars, une pelleteuse envoyée par la Mairie est venue creuser de part en part et tranformer une friche maraîchère de qualité en deux grands champs de trous béants et profonds (voir photos). Les champs ainsi éventrés, dont l’ancienne exploitation des maraîchers bio du Pré Vélot, jouxtent le Potager Collectif des Lentillères (Pot’col’le). Cette initiative de la Mairie via la semaad [1] intervient quelques jours avant le second anniversaire du Pot’col’le. Une invitation large avait été faite à cette occasion aux dijonnais.e.s à venir jardiner et faire la fête. La pelleteuse arrive aussi juste avant la manifestation de soutien au Pot’col’le ce vendredi (18h devant la Mairie), et alors que d’autres jardins se mettent en place et viennent renforcer la dynamique dans le quartier.

Le conducteur du tractopelle, dépêché par la semaad et lui-même missioné par Eurovia, filiale du groupe Vinci, a confirmé qu’il avait reçu une demande de faire beaucoup plus de trous que les quelques prélèvements habituellement nécessaires aux opérations de sondage des sols. Les différentes strates de terres et de sables extraites et maintenant mélangées ne permettent plus de retrouver les couches fertiles. Peu après, M. Petit employé de la semaad rencontré sur les lieux etvisiblement perturbé par l’arrivée expresse d’une vingtaine de jardiniers en colère a pourtant admis que rien ne serait sans doute construit sur ces terres avant 5 ans. Le gâchis est palpable.

Nous rappelons ici que malgré nos propositions répétés M. Pribetich, adjoint à l’urbanisme à Dijon et président du conseil d’administration de la semaad refuse toujours de nous recevoir au sujet du futur quartier. Sa seule réponse, à point nommé, est donc de nous envoyer despelleteuses pour rendre impossible de nouvelles cultures. Cela n’empêchera sans doute pas la Mairie de continuer à baptiser le projet d’urbanisme en cours « eco-cité des maraîchers ».

Nous nous insurgeons contre ce saccage lamentable et réaffirmons notre volonté de faire subsister les potagers du quartier. Nous sommes toujours prêt à échanger à ce sujet avec M. Pribetich. Nous le rappelerons vendredi à 18h devant la Mairie lors de la manifestation de soutien et ce samedi au Pot’col’le en cultivant quoi qu’il en soit.


Réponse de la mairie, par l’intermédiaire de Pierre Pribétich, adjoint au maire délégué à l’urbanisme « Ce n’est pas un saccage, c’est une opération d’aménagement ».

Dans les jours qui suivent, la manifestation prévue a bien lieu, et se termine sur la friche par la remise en état du terrain et l’installation du Jardin des Maraichères.

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Le Jardin des Maraichères quelques mois après son saccage par la mairie

Les agissements de cette municipalité - qui n’apprend manifestement pas de ses erreurs - montrent que la citation de Saint-Just, pour qui « ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau », semble aussi s’appliquer aux contre-révolutionnaires. En ce printemps 2020, le quartier libre des Lentillères devait fêter l’abandon du projet de la mairie (annoncé en novembre) et ses 10 ans d’existence. Confinement oblige la fête initialement prévue a été reportée au printemps 2021.
Ce samedi 25 juillet 2020, avenue de Langres, les travaux vont bon train pour remettre la parcelle en état. Longue vie aux jardins de l’Engrenage !

Il y a dix ans, une manifestation lançait l’occupation des Lentillères

« J’ai 10 ans » ! Plongée dans les archives de cette tumultueuse première décennie et particulièrement sur la date anniversaire. Par ces temps de confinement, on vous emmène en ballade dans les archives du média militant local de l’époque - Brassicanigra - avec des articles, des photos et aussi des vidéos glannées sur le web.

12 décembre 2023


Notes

[1société d’économie mixte et d’aménagement de l’agglomération dijonaise, maître d’oeuvre du projet d’eco-cité des maraîchers

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